SCÈNE II

LES MÊMES, BRIBB, puis BASSIK

Bribb entre doucement, examinant les êtres avec inquiétude. Au bruit, Fletcher lève sa lanterne pour voir qui entre.

BRIBB. – Bonsoir, messieurs… Quelqu'un de vous peut-il me dire si c'est bien ici que je rencontrerai Alfred Bassik avec qui j'ai rendez-vous. Silence général. Je vous demande pardon !… Peut-être n'avez-vous pas entendu ma question ?

FLETCHER. – Nous n'en savons pas si long, mon garçon !…

FITTON. – La personne que vous cherchez est peut-être ici…

JARVIS. – Et peut-être n'y est-elle pas ?

BRIBB. – Me voilà fixé ! Je vous remercie. Silence. Drôle de maison… On ne peut pas dire que son aspect soit précisément gai ! … Mais enfin, elle a son caractère. Il tire une cigarette de son étui, la met dans sa bouche et prend une boîte d'allumettes sur laquelle il se prépare à en frotter une.

FLETCHER ET LES AUTRES, vivement. – Pas d'allumette !…

BRIBB. – Hein ?

JARVIS. – Il y a du danger !

Bribb s'arrête instantanément et tourne la tête autour de lui, avec précaution, comme s'il s'attendait à trouver à ses côtés des barils de nitroglycérine.

BRIBB. – Du danger ? Je ne vois pas où ?

FLETCHER. – Si vous allumiez, vous le verriez !

La porte s'ouvre, livrant passage à Bassik.

BASSIK. – Ah ! Bribb, vous êtes là !… Je vous attendais sur le quai…

BRIBB. – Vous m'aviez donné rendez-vous dans la maison… Alors, je suis entré ! … Si j'en juge par la réponse de ces messieurs, vous n'avez pas l'air d'y être très connu !

BASSIK. – Ces messieurs sont discrets : c'est leur consigne… Vous vous êtes procuré la corde dont je vous ai parlé, Jarvis ?

JARVIS, montrant un rouleau de corde, sur le plancher, derrière lui. – Voilà !

BASSIK. – C'est vous qui êtes dans ce coin, Fitton ?

FITTON. – Oui, monsieur.

BASSIK. – Et Fletcher ?

FLETCHER. – Présent !

Ils parlent chacun d'un côté de la pièce et Bribb se retourne vers eux au fur et à mesure qu'il entend les voix.

BASSIK. – Il va falloir jouer serré ce soir, mes enfants ! Nous avons affaire à un rude gaillard !

FITTON. – Vous n'avez pas dit à qui.

BASSIK. – À Sherlock Holmes !

FLETCHER, avec surprise et joie. – Vrai ?

JARVIS. – Eh bien ! monsieur Bassik, vous pouvez compter qu'on se donnera du coton pour être à la hauteur.

FLETCHER. – Il ne sortira pas d'ici.

BASSIK. – Ça vaudra mieux, car s'il en sortait, il pourrait nous en cuire à tous !

JARVIS. – Je n'aurai jamais eu tant de plaisir que ce soir à tourner mes robinets !

BASSIK. – Ayez soin que tout soit en ordre. Le professeur va venir inspecter le champ de bataille.

FITTON. – Pas possible ! … Le patron se dérange ?

BASSIK. – Oui. Il veut voir par lui-même si la souricière est bien tendue. Et tenez, je l'entends qui monte ! … Le voici.

Share on Twitter Share on Facebook