Scène II

Jason
Depuis que mon esprit est capable de flamme,

Jamais un trouble égal n’a confondu mon âme.

Mon cœur, qui se partage en deux affections,

Se laisse déchirer à mille passions.

Je dois tout à Médée, et je ne puis sans honte

Et d’elle et de ma foi tenir si peu de conte :

Je dois tout à Créon, et d’un si puissant roi

Je fais un ennemi, si je garde ma foi :

Je regrette Médée, et j’adore Créuse ;

Je vois mon crime en l’une, en l’autre mon excuse ;

Et dessus mon regret mes désirs triomphants

Ont encor le secours du soin de mes enfants.

Mais la princesse vient ; l’éclat d’un tel visage

Du plus constant du monde attirerait l’hommage,

Et semble reprocher à ma fidélité

D’avoir osé tenir contre tant de beauté.

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