V.

En effet, ce satellite après lequel Ramzuel avait couru avait une rapidité impossible, ayant achevé sa révolution autour de Star, revenait prendre les Stariens à ce point de l’espace où ils s’étaient arrêtés désespérant de l’atteindre. Ramzuel se plaça précisément dans la ligne par où devait passer Tassul, et il se trouva bientôt aux limites extrêmes de l’atmosphère de cette terre bienvenue. Une fois engagé dans l’air ambiant du satellite, il manœuvra de manière à voyager quelque temps à sa surface, et choisit pour son débarquement une plage isolée.

Ce fut au sommet d’une montagne que les Stariens prirent terre.

Enfin, ils avaient retrouvé une autre patrie. Mais, hélas ! leurs cœurs épanouis par l’espérance se serrèrent aussitôt qu’ils eurent promené leurs regards sur ces terres étranges. La physionomie de Tassul à la surface du sol avait aussi ses beautés, mais ses aspects étaient tout différents des aspects de la terre où ils étaient nés ; ce n’étaient plus les objets que les yeux avaient coutume de voir ; ils étaient bien exilés dans un monde nouveau.

En descendant de la colline où ils avaient opéré leur débarquement, ils trouvèrent des campagnes, où la végétation, comparée à celle de Star, leur sembla un peu rabougrie. La teinte des champs et des bois couverts de feuillage était assez uniformément blanchâtre, ou se dégradait du blanc au gris, comme si dans un paysage de Star, la campagne eût été saupoudrée de givre ; Cependant sur cette nature blanche et cendrée des fruits et des fleurs aux couleurs vives faisaient étinceler leur pointillé rouge, jaune et bleu.

Et puis, ce qui frappa par-dessus tout les Stariens d’étonnement et d’admiration, ce fut la multitude d’oiseaux aux couleurs pareilles à celles des fleurs, et qui par troupes disséminées et innombrables se montraient suspendus en grappes au milieu du feuillage blanc, ou voltigeant pêle-mêle parmi les fleurs et les fruits. Ces bandes chatoyantes et omnicolores donnaient l’animation la plus fantastique aux champs de cette terre, où l’on ne pouvait faire un pas sans voir jaillir devant soi, comme des milliers d’étincelles, de jolis oiseaux dorés, violets, rouges ou verts qui sillonnaient le ciel ou agitaient le feuillage en poussant des chants harmonieux.

Si le nombre des oiseaux parut prodigieux aux Stariens, celui des autres animaux leur sembla considérablement diminué, car ils n’en virent, çà et là, que quelques rares individus.

Après le premier coup d’œil donné à l’inspection du globe hospitalier, la troupe venue de Star leva instinctivement les yeux vers la terre, objet de regrets et d’amour. À ce moment, et pour le lieu d’où ils observaient, l’horizon de Tassul, le premier satellite de Star, était occupé en partie par cette grande planète qui, comme une lune démesurée, y embrassait une zone considérable.

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