§ III. Fondation d’un culte nouveau. Révélation des Nemsèdes.

Pendant tout le temps que dura l’organisation des communes récemment écloses, le triumvirat des Nemsèdes conserva seul quelque ascendant moral sur les tribus éparses de la société nouvelle. Cet état dura quelques années. Cependant, les masses de ce peuple intelligent livrées à leurs instincts, et sans principes qui puissent rallier leur raison, satisfaire la pensée et poser la loi morale de chaque homme, avaient commencé à fouiller les débris des anciennes religions afin de les accommoder à leurs besoins moraux. La sollicitude des Nemsèdes éveillée sur ces tendances y vit un danger immense pour la moralité et les vertus sociales de l’homme starien. Profondément convaincus de l’action avilissante de certaines formes religieuses sur l’homme intellectuel, ils résolurent courageusement d’arrêter le mouvement des esprits en se faisant les prophètes législateurs des tribus stariennes. À ces masses inquiètes, qui cherchaient une idole ou une croyance à leur fantaisie, le triumvirat des Nemsèdes répondit par ce dogme qui retentit d’un bout du monde à l’autre :

CROYEZ EN VOUS.

Croyez en vous, c’est-à-dire, n’ayez d’autre culte que la perfection de la nature humaine. Étendez sans relâche les facultés de cet être intelligent qui a déjà asservi la terre, et qui par les progrès de son industrie fera dans l’avenir de sa race une race de demi-dieux.

Ainsi fut fondé le culte de l’homme ; religion dont tous les Stariens portaient déjà le germe au fond du cœur. Ces dogmes, du reste, n’étaient que la consécration des idées que les Nemsèdes, depuis huit siècles, avaient cherché à faire dominer dans l’esprit des générations qu’ils avaient gouvernées.

À ce moment, donc, les peuples de Star formulèrent ainsi leur acte de foi :

RESPECT, PERFECTION, DÉIFICATION DE L’ÊTRE HUMAIN.

Les Stariens, devenus les sectateurs fervents de la religion toute naturelle et tout humaine dont ils puisaient les pratiques dans les instructions des trois Pontifes, instituèrent immédiatement, dans chaque commune et dans chaque groupe, des prêtres pour desservir le nouveau culte. Ces prêtres étaient de deux ordres : les uns étaient chargés de la direction physique de l’homme, c’étaient les Médecins ; les autres étaient chargés de son éducation, de son hygiène morale et de son perfectionnement, c’étaient les Magistrats. Et ce fut sous la protection de cette sorte de théocratie que grandirent et se développèrent les cités récemment fondées.

Share on Twitter Share on Facebook