§ IV. Dogmes philosophiques de Séelevelt.

Les idées métaphysiques et religieuses enseignées dans les temples, nous voulons dire, dans les écoles des Néo-Stariens par les prêtres de l’ordre moral, à la fois les juges, les conseillers et les instituteurs du peuple, furent dues en grande partie aux instructions de Séelevelt.

Les dogmes du révélateur de la foi nouvelle peuvent être esquissés en quelques mots :

Ce qui est, est un ; et cette unité Séelevelt l’appelle le Panapérante incréé, qui comprend trois éléments ou manifestations : l’espace, la matière et Dieu ou la force active et intelligente. Aucun des trois éléments du Panapérante ne saurait exister séparé des deux autres : tous trois sont infinis, éternels et nécessaires.

Séelevelt rejette la création. Quant à l’âme humaine, l’opinion communément acceptée par les descendants de Ramzuel était celle qui avait été exprimée par la plupart des philosophes et des législateurs religieux de l’ancien monde starien, et qu’on peut traduire ainsi : Après la mort, l’âme des hommes vertueux devient plus sensible et plus intelligente, et s’envole dans une sphère enchantée pour y goûter mille voluptés ; tandis que l’âme des méchants, perdant la pensée et la sensibilité, se dissout et cesse d’exister comme âme.

Nos âmes, dit à son tour Séelevelt, ne sont qu’une émanation, un gemme détaché de la force intelligente ; et cette parcelle de force divine retourne presque toujours, après la mort, se mêler dans l’univers aux sources infinies dont elle s’est séparée.

Mais bientôt Séelevelt, enchérissant lui-même sur l’opinion des anciens, enseigne que l’âme, par le travail et le développement de ses facultés pendant cette vie, peut se grandir au point de constituer une force individuelle capable de survivre à la dissolution des éléments matériels. L’âme alors, devenue une large intelligence, peut résister à l’absorption de la force active universelle qui tend à l’assimiler à elle-même, et à constituer une individualité immatérielle : l’homme, alors, s’est fait Dieu !…

Se faire Dieu, tel est le but de toute vie intellectuelle selon Séelevelt.

Ces idées dogmes, qui convenaient si bien à la nature orgueilleuse des Néo-Stariens, firent le tour du monde et imprimèrent un nouvel élan au culte du progrès moral et matériel de l’homme, à la tête duquel marchèrent longtemps encore les Nemsèdes, les pontifes de ce culte.

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