§ V. Institutions politiques de Marulcar.

Quelques années s’étaient écoulées depuis la constitution définitive des communes, et presque toutes avaient largement prospéré, les unes en acquérant une certaine importance agricole, les autres en devenant de véritables cités industrielles.

Marulcar, quoique tombé du rang suprême, n’avait pas cessé d’être un des champions les plus ardents de la colonisation nouvelle. Aidé d’un grand nombre de ses amis dont les familles avaient planté leurs tentes autour de la sienne, il avait, dans une situation admirable, jeté les fondements d’une cité qui devint prospère parmi les plus prospères. Cette cité reçut le nom de Tasbar.

Les rapports de groupe à groupe ou de nation à nation commençant à devenir plus fréquents, le monde entier sentait le besoin d’un lien politique qui réglât les relations et centralisât les lumières et les arts, pour les répartir ensuite à toute la terre. Cependant la crainte de constituer une autorité menaçante pour la liberté, dont chacun sentait en soi l’impérieuse nécessité, fit hésiter quelque temps les communes dans l’accomplissement de ce projet.

Le récit des merveilles créées par Marulcar et les services rendus par le Moïse des Stariens le désignaient comme le seul législateur capable d’organiser l’autorité politique du monde starien. Enfin sur les conseils des Nemsèdes, dont Marulcar, lui aussi, avait embrassé en partie les doctrines, les communes lui envoyèrent demander une forme gouvernementale qui respectât la franchise et l’indépendance de chaque homme et de chaque commune.

Cédant à leurs sollicitations, Marulcar donna la constitution politique suivante, qui, mise aux voix dans chaque nation, fut unanimement approuvée et mise en œuvre immédiatement.

Marulcar confia le pouvoir fédéral, arbitre suprême des rapports internationaux et des destinées politiques des peuples stariens, à une assemblée nommée Chambre des Axiarches.

À l’origine, le choix des Axiarches, au nombre de quatre cents, fut fait de la manière suivante :

Une commission formée des délégués de chaque commune nomma, à la pluralité des voix, la moitié des premiers Axiarches. Ceux-ci, ainsi constitués, élurent par accession l’autre moitié de leurs collègues. Cette assemblée désormais au complet devait elle-même dans la suite, après le décès d’un membre, réparer par une nouvelle nomination la perte qu’elle aurait faite. Le choix des Axiarches ne pouvait avoir lieu que dans des catégories sagement et soigneusement déterminées par Marulcar.

Et il faut le dire, cette dignité échut constamment aux hommes les plus distingués et les plus illustres. Les Axiarches étaient puissamment intéressés à s’assimiler toutes les célébrités et toutes les gloires, puisque leur autorité presque entièrement morale, et puisant toute sa force dans le prestige des noms qui composaient leur assemblée, devait se trouver affaiblie et délaissée le jour où ils s’écarteraient de la pensée qui avait présidé à leur institution pour devenir une coterie.

Au surplus, l’histoire starienne est là pour nous montrer que la puissance de l’Axiarchie fut d’autant plus respectée et absolue, que les illustrations contenues dans son sein eurent plus d’éclat et plus de renommée.

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