§ VI. Triple formule, fondement de la loi sociale.

Aussitôt après sa constitution définitive, l’assemblée des Axiarches qui comptait dans son sein Marulcar, quelques-uns de ses anciens lieutenants et les Nemsèdes, Cosmaël, Séelevelt et Mundaltor, ouvrit la série de ses délibérations par la discussion des principes, fondements de la société civile et du droit naturel.

Le premier de ces principes qui tout d’abord et unanimement sortit acclamé par toutes les bouches, parce qu’il consacrait l’individualisme libre et fier de tout homme starien, fut celui-ci :

Indépendance de chacun envers tous.

À l’époque où fut instituée la puissance Axiarchale, la terre était encore au premier occupant ; chaque homme en avait pris ce qu’il lui fallait pour l’abriter et le nourrir. Les Axiarches voyant combien la propriété était excellente, comme condition d’indépendance individuelle et d’ordre social, et combien elle était une source de satisfactions délicieuses et de doux repos pour l’homme, résolurent de la constituer sur des bases solides. Mais par une sage et prévoyante détermination, et afin que la première loi sociale, indépendance de chacun envers tous, pût être respectée et trouver sa sanction pratique même dans l’avenir ; afin, surtout, que l’égalité présente ne s’altérât pas trop et que, à défaut d’autre richesse, la terre au moins, source première de richesse, fût toujours accessible au besoin de jouir qui est souvent celui de posséder, il fut défendu à un individu de pouvoir acquérir plus d’une quantité déterminée de terrain. Jusqu’au partage du globe entier, les terres non occupées devaient être réservées pour les accroissements de population de la race humaine. Et les Axiarches inscrivirent comme titre deuxième de la loi sociale organique :

La possession du sol demeure limitée.

Enfin, sur la proposition de Marulcar dont les doctrines en morale commençaient à se faire jour, une troisième formule fut ajoutée aux deux premières ; ce fut celle-ci :

La douleur causée volontairement est une impiété et la guerre un sacrilége.

Et les trois propositions des Axiarches, soumises à la sanction du peuple et acceptées partout, devinrent pour toujours la loi constitutive :

Indépendance de chacun envers tous.

Limitation de la propriété.

La douleur causée volontairement est une impiété et la guerre un sacrilége.

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