IX Le retour

C’était, en effet, Catherine Blum qui arrivait de Paris.

Ainsi que nous venons de le dire, Catherine était une belle jeune fille de dix-neuf ans, svelte et gracieuse comme un roseau, avec ce ravissant type de la douceur allemande empreint dans toute sa personne.

Ses cheveux blonds, ses yeux bleus, ses lèvres roses, ses dents blanches, le velouté de ses joues, en faisaient une de ces nymphes bocagères que les Grecs appelaient Glycère ou Aglaé.

Des quatre bras qui lui étaient ouverts, ceux qu’elle choisit les premiers furent les bras du père Guillaume ; sans doute avait-elle compris que là était pour elle la sympathie la plus complète.

Puis, Marianne fut embrassée à son tour.

Pendant que la jeune fille embrassait sa mère adoptive, le père Guillaume regardait autour de lui ; il lui semblait impossible que Bernard ne fût point là puisque Catherine y était.

Il y eut un premier moment pendant lequel on n’entendit que ces mots entrecoupés qui échappent aux émotions réelles.

Mais, presque aussitôt, d’autres cris mêlés de fanfares se firent entendre : c’étaient François et ses camarades qui revenaient vainqueurs de cet autre sanglier de Calydon.

Le vieux garde balança un instant entre le désir d’embrasser une seconde fois sa nièce ou de lui demander de ses nouvelles, et la curiosité de voir l’animal, les cris et les fanfares ne lui permettant pas de douter que celui-ci ne fût sur le chemin du saloir.

Mais, juste au moment où, dans son hésitation, le père Guillaume penchait vers le sanglier, les chasseurs apparurent sur le seuil, et entrèrent portant la bête suspendue à un baliveau par ses quatre pattes liées.

Cette apparition fit une diversion momentanée à l’arrivée de Catherine, de la part de Guillaume et de Marianne, tandis que, au contraire, à la vue de la jeune fille, les chasseurs poussèrent un hourra en son honneur.

Mais, il faut le dire, le premier mouvement de curiosité passé, lorsque Guillaume eut examiné l’ancienne et la nouvelle blessure, lorsqu’il eut félicité François, qui, à soixante pas, avait roulé le vieux sanglier comme un lapin ; lorsque, enfin, il eut recommandé de mettre à part la fressure, et invité chaque garde à prendre, dans d’équitables proportions, une part de la bête, toute l’attention du garde chef se reporta sur la nouvelle arrivante.

De son côté, François, enchanté de revoir Catherine, qu’il aimait de tout son cœur, et surtout de la revoir souriante, preuve certaine que rien de fâcheux n’était arrivé, de son côté, disons-nous, François déclara qu’il croyait avoir assez fait pour la société en tuant le sanglier, et que, afin de consacrer tout son temps à mademoiselle Catherine, il laissait à ses camarades le soin de dépecer le mort.

Il en résulta que la conversation, à peine engagée à l’arrivée de Catherine, reprit, dix minutes après cette arrivée, avec une volubilité que rendait plus bruyante la somme de curiosité qui s’était amassée pendant ces dix minutes.

Au reste, ce fut le père Guillaume qui remit un peu d’ordre dans l’interrogatoire.

Il s’était aperçu que Catherine arrivait, non pas par la route, mais par la laie de Fleury.

– Comment arrives-tu de si bonne heure et par la route de La Ferté-Milon, chère enfant ? lui demanda-t-il.

François dressa l’oreille à cette question : elle lui apprenait une chose qu’il ignorait, c’est que Catherine n’était pas venue par la route de Gondreville.

– Oui, répéta Marianne, comment viens-tu par là, et arrives-tu à sept heures du matin au lieu d’arriver à dix ?

– Je vais vous dire cela, père chéri ; je vais vous dire cela, bonne mère, répondit la jeune fille. C’est que, au lieu de venir par la diligence de Villers-Cotterêts, je suis venue par celle de Meaux et de La Ferté-Milon, qui part à cinq heures de Paris, au lieu de partir à dix comme l’autre.

– Ah ! bon ! murmura François avec une satisfaction visible, il en aura été pour ses frais de tilbury, le Parisien !

– Et pourquoi as-tu pris ce chemin-là ? demanda Guillaume, qui n’admettait pas qu’on quittât la ligne droite pour la ligne courbe, et que l’on fît quatre lieues de trop sans nécessité.

– Mais, dit Catherine en rougissant de son mensonge, si innocent qu’il fût, parce qu’il n’y avait pas de place à la diligence de Villers-Cotterêts.

– Oui, dit François à voix basse, et une idée dont te remerciera Bernard, bel ange du bon Dieu !

– Mais regarde-la donc ! s’écria la mère Watrin passant de l’ensemble au détail ; elle est grandie de toute la tête !

– Et pourquoi pas du cou avec ? dit Guillaume en haussant les épaules.

– Oh ! d’ailleurs, insista la mère Watrin avec cet entêtement si naturel à son caractère qu’elle l’appliquait aux petites comme aux grandes choses, c’est bien facile à vérifier : quand elle est partie, je l’ai mesurée… la marque est contre le chambranle de la porte… Tiens, la voilà ! je la regardais tous les jours… Viens voir, Catherine !

– Nous n’avons donc pas oublié le pauvre vieux ? dit Guillaume retenant Catherine pour l’embrasser.

– Oh ! pouvez-vous demander cela, père chéri ? s’écria la jeune fille.

– Mais viens donc voir ta marque, Catherine ! insista la vieille.

– Ah ça ! dit Guillaume en frappant du pied, te tairas-tu, là-bas, avec tes bêtises ?

– Ah bien ! oui, murmura François, qui connaissait par cœur la mère Watrin, prenez garde qu’elle se taise !

– Suis-je donc en effet si fort grandie ? demanda Catherine au père Guillaume.

– Viens à la porte, et tu verras, dit la mère Watrin.

– Satanée entêtée ! s’écria le vieux garde chef, elle n’en démordra pas !… Allons, vas-y, à la porte, Catherine, ou nous n’aurons pas la paix de toute la journée !

Catherine alla à la porte en souriant, et se plaça contre sa marque, qui disparut derrière le haut de sa tête.

– Eh bien ! quand je disais, s’écria la mère Watrin triomphante ; plus d’un pouce !

– Ça ne fait pas tout à fait la tête, mais n’importe !

Et, comme Catherine, heureuse d’avoir donné satisfaction à sa tante, revenait près de Guillaume :

– Alors, tu as voyagé toute la nuit ? lui demanda celui-ci.

– Toute la nuit, oui, père ! répondit la jeune fille.

– Oh ! mais, dans ce cas, s’écria Marianne, pauvre enfant, tu dois être écrasée de fatigue ! tu dois mourir de faim !… Que veux-tu ? du café, du vin, un bouillon ? Tiens, du café, ça vaudra mieux… je vas aller te le faire moi-même. Allons, bon.

La mère Watrin fouilla dans toutes ses poches.

– Où sont donc mes clefs ?… Voilà que je ne sais plus ce que j’ai fait de mes clefs… Voilà que mes clefs sont perdues ? Où donc ai-je mis mes clefs ? Attends ! attends !

– Mais quand je vous dis, chère mère, que je n’ai besoin de rien !

– Besoin de rien ! après une nuit passée en diligence et en carriole ? Oh ! si je savais seulement où sont mes clefs !

Et la mère Watrin retourna ses poches avec une espèce de fureur.

– Mais c’est inutile ! dit Catherine.

– Ah ! voilà mes clefs ! s’écria Marianne. Inutile ? Je sais mieux ça que toi, peut-être : quand on voyage, et surtout la nuit, le matin, on a besoin de se refaire. La nuit n’est l’amie de personne ! Avec ça qu’elles sont toujours fraîches, les nuits… Et rien de chaud encore sur l’estomac à huit heures du matin ! Tu vas avoir ton café à la minute, mon enfant, tu vas l’avoir.

Et la bonne vieille femme sortit tout courant.

– Enfin ! dit Guillaume en l’accompagnant du regard, morbleu ! elle a un fier moulin pour le moudre, son café, la mère, si c’est le même qui lui sert à moudre ses paroles.

– Oh ! mon bon cher petit père ! dit Catherine se laissant aller à sa tendresse pour le vieux garde chef sans craindre désormais d’éveiller la jalousie de sa femme, imaginez-vous que ce maudit postillon m’a gâté toute ma joie en allant au pas, et en mettant trois heures pour venir de La Ferté-Milon ici !

– Et quelle joie voulais-tu donc te donner ou plutôt nous donner, chère petite ?

– Je voulais arriver à six heures du matin, descendre à la cuisine sans rien dire, et, quand vous auriez crié : « Femme, mon déjeuner ! » c’est moi qui l’eusse apporté, et qui vous eusse dit à la manière d’autrefois : « Le voici, petit père ! »

– Oh ! tu voulais faire cela, enfant du bon Dieu ? dit le père Guillaume. Laisse-moi t’embrasser comme si tu l’eusses fait… Oh ! l’animal de postillon ! il ne faudra pas lui donner de pourboire !

– Je l’avais dit comme vous ; mais, par malheur, c’est fait !

– Comment, c’est fait ?

– Oui, quand j’ai vu la chère maison de ma jeunesse qui blanchissait le long de la grande route, j’ai tout oublié ; j’ai tiré cent sous de ma poche, et j’ai dit à mon conducteur : « Tenez, voici pour vous, mon ami, et que Dieu vous bénisse ! »

– Chère enfant ! chère enfant ! ! chère enfant ! ! ! s’écria Guillaume.

– Mais, dites-moi, père, fit Catherine, qui, depuis qu’elle était arrivée, avait cherché quelqu’un des yeux, et qui n’avait pas le courage de se contenter plus longtemps de cette muette et stérile investigation.

– Oui, n’est-ce pas ? demanda Guillaume, comprenant la cause de l’inquiétude de la jeune fille.

– Il me semble… murmura Catherine.

– Que celui qui aurait dû être ici avant tous les autres y a manqué ! dit le père Guillaume.

– Bernard !

– Oui, mais sois tranquille, il était là tout à l’heure, et ne saurait être loin… Je vais courir jusqu’au Saut du Cerf ; de là, je verrai à une demi-lieue sur la route, et, si je l’aperçois, je lui ferai signe.

– Alors, vous ne savez plus où il est ?

– Non, dit Guillaume ; mais, s’il est à un quart de lieue aux environs, il reconnaîtra ma manière de l’appeler.

Et le père Guillaume, qui ne concevait pas plus que Catherine que Bernard ne fût point là, sortit de la maison, et, de son pas le plus rapide, s’avança, comme il l’avait dit, vers le Saut du Cerf.

Restée seule avec François, Catherine s’approcha du jeune homme, qui, ainsi qu’on l’a vu, était demeuré à peu près silencieux pendant la scène précédente, et le regardant de manière à lire jusqu’au fond de son cœur, s’il essayait de lui cacher quelque chose.

– Et toi, François, lui demanda-t-elle, sais-tu où il est ?

– Oui, répondit François des lèvres et de la tête tout à la fois.

– Eh bien ! où est-il ?

– Sur la route de Gondreville, dit François.

– Sur la route de Gondreville ? s’écria Catherine. Mon Dieu !

– Oui, continua François en accentuant ses paroles pour leur donner toute l’importance qu’elles avaient réellement, il est allé au-devant de vous.

– Mon Dieu ! répéta Catherine avec une émotion croissante, je vous remercie, c’est vous qui m’avez inspiré de revenir par La Ferté-Milon, au lieu de revenir par Villers-Cotterêts !

– Chut ! voici la mère qui rentre, dit François. Bon, elle a oublié son sucre !

– Tant mieux ! s’écria Catherine.

Puis, jetant un regard sur la mère Watrin, qui, après avoir posé son café sur le rebord du buffet de noyer, s’éloignait rapidement pour aller, comme l’avait dit François, chercher son sucre, elle s’approcha du jeune homme, et, lui prenant la main :

– François, dit-elle, mon ami, une grâce !

– Une grâce ? Dix, vingt, trente, quarante ! À vos ordres, la nuit comme le jour !

– Eh bien ! mon cher François, va au-devant de lui, et préviens-le que je suis arrivée par la route de la Ferté-Milon.

– Voilà tout ? s’écria François.

Et il prit son élan pour sortir tout courant par la porte de la grande route. Mais Catherine l’arrêta en souriant :

– Non, point par là ! dit-elle.

– Vous avez raison, et c’est moi qui suis une bête ! Père bougon me verrait, et il me demanderait : « Où vas-tu ? »

Et, au lieu de sortir par la porte donnant sur la grande route, François sauta par la fenêtre donnant sur la forêt.

Il était temps : Marianne rentrait avec son sucre.

– Ah ! dit François, ce coup-ci, voilà la mère !

Et, faisant un dernier signe à Catherine avant de disparaître sous les arbres :

– Soyez tranquille, dit-il, mademoiselle Catherine, je vous le ramène !

En effet, la mère Watrin rentrait, sucrait son café, comme elle eût fait pour un enfant, et, le présentant à Catherine :

– Tiens, prends-moi ton café, dit-elle ; attends, il est trop chaud peut-être… je vais souffler dessus.

– Merci, maman ! dit Catherine souriant et prenant la tasse ; je vous assure que, depuis que je vous ai quittée, j’ai appris à souffler moi-même sur mon café.

Marianne regarda Catherine avec une tendresse mêlée d’admiration, en joignant les mains et en secouant joyeusement la tête.

Puis, après un instant de contemplation :

– Est-ce que ça t’a coûté beaucoup, de dire adieu à la grande ville ?

– Oh ! mon Dieu, non ! je n’y connais personne.

– Eh quoi ! tu n’as pas regretté les beaux messieurs, les spectacles, les promenades ?

– Je n’ai rien regretté, bonne mère.

– Tu n’aimais donc personne là-bas ?

– Là-bas ?…

– À Paris ?

– À Paris ? Non, personne !

– Tant mieux ! fit la vieille poursuivant son idée, si mal accueillie une heure auparavant par Guillaume, car j’ai, moi, une idée pour ton établissement.

– Pour mon établissement ?

– Oui, tu sais, Bernard…

– Oh ! bonne chère mère ! s’écria Catherine toute joyeuse, et se trompant à ce début.

– Eh bien ! Bernard…

– Bernard ? répéta Catherine avec un commencement de crainte.

– Eh bien ! continua la mère confidentiellement, Bernard aime mademoiselle Euphrosine !

Catherine jeta un cri, et, devenant affreusement pâle :

– Bernard, balbutia-t-elle d’une voix tremblante, Bernard aime mademoiselle Euphrosine ?… Mon Dieu ! mon Dieu ! que me dites-vous là, maman ?

Et, posant sur la table sa tasse de café à peine effleurée, elle tomba sur une chaise.

Quand la mère Watrin poursuivait une idée, elle avait la myopie volontaire des gens entêtés, c’est-à-dire qu’elle ne voyait que son idée.

– Oui, continua-t-elle, Bernard aime mademoiselle Euphrosine, et, elle aussi, elle aime Bernard, si bien qu’il n’y a qu’à dire : « Je consens » et ce sera une affaire faite !

Catherine passa avec un soupir son mouchoir sur son front ruisselant de sueur.

– Seulement, continua la mère, le vieux ne veut pas, lui.

– Ah ! vraiment ? murmura Catherine se reprenant en quelque sorte à la vie.

– Oui, il soutient que ce n’est pas vrai, que je suis aveugle comme une taupe, et que Bernard n’aime pas mademoiselle Euphrosine.

– Ah ! fit Catherine respirant avec un peu plus de liberté.

– Oui, il soutient ça… il dit qu’il en est sûr.

– Mon cher oncle ! murmura Catherine.

– Mais te voilà, Dieu merci ! mon enfant, et tu m’aideras à le persuader.

– Moi ?

– Et, quand tu te marieras, continua la mère en manière d’avis, tâche toujours de maintenir ton autorité sur ton mari, ou sinon, il t’arrivera ce qui m’arrive.

– Ce qui vous arrive ?

– Oui, c’est-à-dire que tu ne compteras plus pour rien dans la maison.

– Ma mère, dit Catherine en levant les yeux au ciel avec une indicible expression de prière, à la fin de ma vie, je dirai que Dieu m’a comblée de bienfaits, s’il m’a donné une existence semblable à la vôtre.

– Oh ! oh !

– Ne vous plaignez pas, mon Dieu ! mon oncle vous aime tant !

– Certainement qu’il m’aime, répondit la vieille embarrassée ; mais…

– Pas de mais, ma bonne tante ! Vous l’aimez, il vous aime ; le ciel a permis que vous fussiez unis : le bonheur de la vie est dans ces deux mots.

Et Catherine se leva et fit un pas vers l’escalier.

– Où vas-tu ? demanda la mère.

– Je remonte dans ma petite chambre, dit Catherine.

– Ah ! oui, c’est vrai, nous attendons du monde, et tu vas te faire belle, coquette !

– Du monde ?

– Oui… Monsieur Raisin, mademoiselle Euphrosine, monsieur Louis Chollet, le Parisien… Il me semble que tu le connais ?

Et la mère accompagna cette dernière phrase d’un malin sourire en ajoutant :

– Fais-toi belle ! fais-toi belle ! mon enfant !

Mais Catherine secoua tristement la tête.

– Oh ! Dieu sait que ce n’est pas pour cela que je remonte, dit-elle.

– Et pourquoi remontes-tu donc ?

– C’est que ma chambre donne sur la route par laquelle Bernard doit revenir, et que Bernard est le seul qui ne m’ait pas encore souhaité ma bienvenue dans cette chère maison.

Et Catherine monta lentement l’escalier rampant le long de la muraille, et dont les marches de bois craquaient sous ses pieds, si légers et si mignons qu’ils fussent.

Au moment où elle rentrait dans sa chambre, un long soupir sorti de son cœur vint frapper l’oreille de Marianne, qui, la regardant avec étonnement, sembla commencer dès lors seulement à entrevoir la vérité.

Sans doute la mère Watrin, dont l’esprit ne passait pas facilement d’une idée à une autre, fût restée absorbée dans la recherche du point lumineux qui naissait au fond de son cerveau, si une voix ne se fût fait entendre derrière elle.

– Eh ! dites donc ! mère Watrin ! articulait cette voix.

Marianne se retourna et reconnut Mathieu, vêtu d’une méchante redingote qui avait la prétention d’avoir été autrefois une livrée.

– Ah ! c’est toi, mauvais sujet ? dit-elle.

– Merci ! dit Mathieu en ôtant son chapeau sur lequel noircissait un vieux galon d’or faux ; seulement, faites attention qu’à compter d’aujourd’hui je remplace le vieux Pierre, et suis au service de monsieur le maire : or, c’est insulter monsieur le maire que de m’insulter.

– Bon ! te voilà… Et que viens-tu faire ?

– Je viens en coureur, – on n’a pas encore eu le temps de me faire dérater, voilà pourquoi je m’essouffle, – je viens en coureur vous annoncer que mademoiselle Euphrosine et son papa arrivent à l’instant même en calèche.

– En calèche ? s’écria la vieille, tout éblouie de recevoir la visite de gens qui arrivaient en calèche.

– Oui, en calèche, rien que ça !

– Mon Dieu ! s’écria la mère Watrin, et où sont-ils ?

– Le papa et monsieur Guillaume causent ensemble de leurs affaires.

– Et mademoiselle Euphrosine ?

– Tenez, dit Mathieu, la voilà !

Et, entrant dans son rôle de domestique :

– Mademoiselle Euphrosine Raisin, annonça-t-il, fille de monsieur le maire !

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