IV

Bien qu’Andrew Lang ait vivement combattu cette théorie de Frazer, celle qu’il propose dans ses derniers ouvrages

Il la dérive tout entière de ce fait que le totem est un nom. Dès qu’il y eut des groupes humains constitués

Or, c’est un fait connu que, « pour esprits primitifs, les noms et les choses désignées par ces noms sont unis par un rapport mystique et transcendantal

Mais alors d’où vient le caractère religieux des croyances et des pratiques totémiques ? Car le fait que l’homme se croit un animal de telle espèce n’explique pas pourquoi il attribue à cette espèce des vertus merveilleuses, ni surtout pourquoi il rend aux images qui la symbolisent un véritable culte. — À cette question, Lang fait la même réponse que Frazer : il nie que le totémisme soit une religion. «  Je ne trouve en Australie, dit-il, aucun exemple de pratiques religieuses telles que celles qui consistent à prier, nourrir ou ensevelir le totem

Mais ces mythes mêmes vont contre la conception que Lang se fait du totémisme. Si les Australiens n’avaient vu dans le totem qu’une chose humaine et profane, l’idée ne leur serait pas venue d’en faire une institution divine. Si, au contraire, ils ont éprouvé le besoin de le rapporter à une divinité, c’est qu’ils lui reconnaissent un caractère sacré. Ces interprétations mythologiques démontrent donc la nature religieuse du totémisme, mais ne l’expliquent pas.

D’ailleurs, Lang se rend lui-même compte que cette solution ne saurait suffire. Il reconnaît que les choses totémiques sont traitées avec un respect religieux

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