Tel est le premier acte de la fête.
Dans la période qui suit immédiatement, il n’y a pas de cérémonie proprement dite. Cependant, la vie religieuse reste intense : elle se manifeste par une aggravation du système ordinaire des interdits. Le caractère sacré du totem est comme renforcé : on ose moins y toucher. Alors que, en temps normal, les Arunta peuvent manger de l’animal ou de la plante qui leur sert de totem pourvu que ce soit avec modération, au lendemain de l’Intichiuma, ce droit est suspendu ; l’interdiction alimentaire est stricte et sans réserve. On croit que toute violation de cet interdit aurait pour résultat de neutraliser les heureux effets du rite et d’arrêter la croissance de l’espèce. Les gens des autres totems qui se trouvent dans la même localité ne sont pas, il est vrai, soumis à la même prohibition. Cependant, à ce moment, leur liberté est moindre qu’à l’ordinaire. Ils ne peuvent consommer l’animal totémique en un lieu quelconque, par exemple dans la brousse ; mais ils sont tenus de l’apporter au camp et c’est là seulement qu’il doit être cuit
Une dernière cérémonie vient mettre un terme à ces interdits extraordinaires et clore définitivement cette longue série de rites. Elle varie quelque peu suivant les clans ; mais les éléments essentiels en sont partout les mêmes. Voici deux des principales formes qu’elle présente chez les Arunta. L’une se rapporte à la Chenille witchetty, l’autre au Kangourou.
Une fois que les chenilles sont arrivées à la pleine maturité et qu’elles se montrent en abondance, les gens du totem, aussi bien que les étrangers, vont en ramasser le plus possible ; puis tous rapportent au camp celles qu’ils ont trouvées et ils les font cuire jusqu’à ce qu’elles deviennent dures et cassantes. Les produits de la cuisson sont conservés dans des espèces de vaisseaux de bois appelés pitchi. La récolte des chenilles n’est possible que pendant un temps très court, car elles n’apparaissent qu’après la pluie. Quand elles commencent à devenir moins nombreuses, l’Alatunja convoque tout le monde au camp des hommes ; sur son invitation, chacun apporte sa provision. Les étrangers déposent la leur devant les gens du totem. L’Alatunja prend un de ces pitchi et, avec l’aide de ses compagnons, en moud le contenu entre deux pierres ; après quoi, il mange un peu de la poudre ainsi obtenue, ses assistants en font autant, et le reste est remis aux gens des autres clans qui peuvent, dès lors, en disposer librement. On procède exactement de la même manière pour la provision qu’a faite l’Alatunja. À partir de ce moment, les hommes et les femmes du totem peuvent en manger, mais seulement un peu ; car s’ils dépassaient les limites permises, ils perdraient les pouvoirs nécessaires pour célébrer l’Intichiuma et l’espèce ne se reproduirait pas. Seulement, s’ils n’en mangeaient pas du tout, et surtout si, dans les circonstances que nous venons de dire, l’Alatunja s’abstenait totalement d’en manger, ils seraient frappés de la même incapacité.
Dans le groupe totémique du Kangourou qui a son centre à Undiara, certaines des caractéristiques de la cérémonie sont marquées d’une manière plus apparente. Après que les rites que nous avons décrits sont accomplis sur le rocher sacré, les jeunes gens s’en vont chasser le kangourou et rapportent leur gibier au camp des hommes. Là, les anciens, au milieu desquels se tient l’Alatunja, mangent un peu de la chair de l’animal et, oignent avec de la graisse le corps de ceux qui ont pris part à l’Intichiuma. Le reste est partagé entre les hommes assemblés. Ensuite, les gens du totem se décorent de dessins totémiques et la nuit se passe en chants qui rappellent les exploits accomplis au temps de l’Acheringa par les hommes et les animaux kangourous. Le lendemain, les jeunes gens retournent chasser dans la forêt, en rapportent un plus grand nombre de kangourous que la première fois et la cérémonie de la veille recommence
Avec des variantes de détails, on trouve le même rite dans d’autres clans arunta
Dans les tribus situées plus au nord, chez les Warrarnunga et dans les sociétés voisines