III
Un fait plus général vient confirmer les vues qui précèdent.
Dans leur premier ouvrage, Spencer et Gillen présentaient l’Intichiuma comme une entité rituelle parfaitement définie : ils en parlaient comme d’une opération exclusivement destinée à assurer la reproduction de l’espèce totémique et il semblait qu’elle dût nécessairement perdre toute espèce de sens en dehors de cette unique fonction. Mais dans leurs Northern Tribes of Central Australia, les mêmes auteurs, sans peut-être y prendre garde, tiennent un langage différent. Ils reconnaissent que les mêmes cérémonies peuvent indifféremment prendre place dans les Intichiuma proprement dits ou dans les rites d’initiation
Cette indétermination foncière des cérémonies totémiques n’avait été qu’indiquée par Spencer et Gillen et d’une manière assez indirecte ; mais elle vient d’être confirmée par Strehlow dans les termes les plus explicites. « Quand, dit-il, on fait passer les jeunes novices par les différentes fêtes de l’initiation, on exécute devant eux une série de cérémonies qui, tout en reproduisant jusque dans leurs détails les plus caractéristiques, les rites du culte proprement dit (entendez les rites que Spencer et Gillen appellent Intichiuma) n’ont cependant pas pour but de multiplier et de faire prospérer le totem correspondant
Encore, chez les Arunta, ces deux sortes de cérémonies se distinguent-elles l’une de l’autre par certains caractères secondaires. Si la contexture du rite est la même dans les deux cas, nous savons pourtant que les effusions de sang et, plus généralement, les oblations caractéristiques de l’Intichiuma arunta, manquent aux cérémonies d’initiation. De plus, tandis que, chez ce même peuple, l’Intichiuma a lieu à un endroit que la tradition fixe réglementairement et où l’on est obligé de se rendre en pèlerinage, la scène sur laquelle ont lieu les cérémonies de l’initiation est purement conventionnelle
Elle peut même se prêter a bien d’autres emplois. On sait que, le sang étant chose sacrée, les femmes ne doivent pas le voir couler. Il arrive pourtant qu’une querelle éclate en leur présence et, finalement, se termine par une effusion de sang. Une infraction rituelle se trouve ainsi commise. Or, chez les Arunta, l’homme dont le sang a coulé le premier doit, pour réparer cette faute, « célébrer une cérémonie qui se rapporte soit au totem de son père soit à celui de sa mère
MM. Hubert et Mauss ont déjà signalé une ambiguïté fonctionnelle du même genre dans le cas du sacrifice et, plus spécialement, du sacrifice hindou
Inversement, de même qu’un seul rite peut servir à plusieurs fins, plusieurs rites peuvent produire le même effet et se remplacer mutuellement. Pour assurer la reproduction de l’espèce totémique, on peut également recourir à des oblations, à des pratiques initiatives ou à des représentations commémoratives. Cette aptitude des rites à se substituer les uns aux autres prouve à nouveau, tout comme leur plasticité, l’extrême généralité de l’action utile qu’ils exercent. Ce qui est essentiel, c’est que des individus soient réunis, que des sentiments communs soient ressentis et qu’ils s’expriment par des actes communs ; mais quant à la nature particulière de ces sentiments et de ces actes, c’est chose relativement secondaire et contingente. Pour prendre conscience de soi, le groupe n’a pas besoin de produire tels gestes plutôt que tels autres. Il faut qu’il communie dans une même pensée et dans une même action ; mais peu importent les espèces sensibles sous lesquelles a lieu cette communion. Sans doute, ce n’est pas au hasard que se déterminent ces formes extérieures ; elles ont leurs raisons ; mais ces raisons ne tiennent pas à ce qu’il y a d’essentiel dans le culte.
Tout nous ramène donc à la même idée : c’est que les rites sont, avant tout, les moyens par lesquels le groupe social se réaffirme périodiquement. Et par là, peut-être, pouvons-nous arriver à reconstruire hypothétiquement la manière dont le culte totémique a dû, primitivement, prendre naissance. Des hommes qui se sentent unis, en partie par les liens du sang, mais plus encore par une communauté d’intérêts et de traditions, s’assemblent et prennent conscience de leur unité morale. Pour les raisons que nous avons exposées, ils sont amenés à se représenter cette unité sous la forme d’une sorte très spéciale de consubstantialité : ils se considèrent comme participant tous de la nature d’un animal déterminé. Dans ces conditions, il n’y aura pour eux qu’une manière d’affirmer leur existence collective : c’est de s’affirmer eux-mêmes comme des animaux de cette même espèce, et cela non pas seulement dans le silence de la conscience, mais par des actes matériels. Ce sont ces actes qui constitueront le culte, et ils ne peuvent évidemment consister qu’en mouvements par lesquels l’homme imite l’animal avec lequel il s’identifie. Ainsi entendus, les rites imitatifs apparaissent comme la forme première du culte. On trouvera que c’est attribuer un rôle historique bien considérable à des pratiques qui, au premier abord, font l’effet de jeux enfantins. Mais, comme nous l’avons montré, ces gestes naïfs et gauches, ces procédés grossiers de figuration, traduisent et entretiennent un sentiment de fierté, de confiance et de vénération tout à fait comparable à celui qu’expriment les fidèles des religions les plus idéalistes quand, assemblés, ils se proclament les enfants du Dieu tout-puissant. Car, dans un cas comme dans l’autre, ce sentiment est fait des mêmes impressions de sécurité et de respect qu’éveille, dans les consciences individuelles, cette grande force morale qui les domine et qui les soutient, et qui est la force collective.
Les autres rites dont nous avons fait l’étude ne sont vraisemblablement que des modalités de ce rite essentiel. Une fois admise l’étroite solidarité de l’animal et de l’homme, on sentit vivement la nécessité d’assurer la reproduction régulière de l’espèce totémique et on fit de cette reproduction l’objet principal du culte. Ces pratiques imitatives qui, à l’origine, n’avaient, sans doute, qu’un but moral, se trouvèrent donc subordonnées à une fin utilitaire et matérielle et on les conçut comme des moyens de produire le résultat désiré. Mais, à mesure que, par suite du développement de la mythologie le héros ancestral, primitivement confondu avec l’animal totémique, s’en distingua davantage, à mesure qu’il se fit une figure plus personnelle, limitation de l’ancêtre se substitua à l’imitation de l’animal ou s’y juxtaposa, et les cérémonies représentatives remplacèrent ou complétèrent les rites mimétiques. Enfin, pour atteindre plus sûrement le but où l’on tendait, on éprouva le besoin de mettre en œuvre tous les moyens dont on disposait. On avait sous la main les réserves de forces vives qui étaient accumulées dans les rochers sacrés, on les utilisa ; puisque le sang de l’homme était de même nature que celui de l’animal, on s’en servit dans le même but et on le répandit. Inversement, en raison de cette même parenté, l’homme employa la chair de l’animal pour refaire sa propre substance. De là, les rites d’oblation et de communion. Mais, en définitive, toutes ces pratiques diverses ne sont que des variantes d’un seul et même thème : partout, à la base, on retrouve le même état d’esprit interprété différemment suivant les situations, les moments de l’histoire et les dispositions des fidèles.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-1-n3116) Ces cérémonies ne sont naturellement pas suivies d’une communion alimentaire. D’après Strehlow, elles portent, au moins quand il s’agit de plantes non comestibles, un nom générique distinct : on les appelle, non mbatjalkatiuma, mais knujilelama (Strehlow, III, p. 96).
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-2-n3120) Les Warramunga ne sont pas les seuls où l’Intichiuma présente la forme que nous allons décrire. On l’observe également chez les Tjingilli, les Umbaia, les Wulmala, les Walpari et même chez les Kaitish, bien que le rituel de ces derniers rappelle, par certains côtés, celui des Arunta (North. Tr., p. 291, 309, 311, 317). Si nous prenons les Warramunga comme type, c’est qu’ils ont été mieux étudiés par Spencer et Gillen.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-3-n3121) C’est le cas de l’Intichiuma du kakatoès blanc ; v. plus haut, p. 504.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-4-n3123)
North. Tr., p. 300 et suiv.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-5-n3125)
North. Tr., p. 302.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-6-n3126)
Ibid., p. 305.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-7-n3128) V. Spencer et Gillen, Nat. Tr., p. 188 ; Strehlow, III, p. 5.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-8-n3129) C’est ce que reconnaît Strehlow lui-même : « L’ancêtre totémique et son descendant, c’est-à-dire celui qui le représente (der Darsteller), sont présentés dans ces chants sacrés comme ne faisant qu’un » (III, p. 6). Comme ce fait incontestable contredit la thèse d’après laquelle les âmes ancestrales ne se réincarneraient pas, Strehlow, il est vrai, ajoute en note que, « au cours de la cérémonie, il n’y a pas incarnation proprement dite de l’ancêtre dans la personne qui le représente ». Si Strehlow veut dire que l’incarnation n’a pas lieu à l’occasion de la cérémonie, rien n’est plus certain. Mais s’il entend qu’il n’y a pas l’incarnation du tout, nous ne comprenons pas comment l’officiant et l’ancêtre peuvent se confondre.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-9-n3131) Peut-être cette différence vient-elle en partie de ce que, chez les Warramunga, chaque clan est censé descendre d’un seul et unique ancêtre autour duquel l’histoire légendaire du clan est venue se concentrer. C’est cet ancêtre que le rite commémore ; or, l’officiant n’en descend pas nécessairement. On peut même se demander si ces chefs mythiques, sorte de demi-dieux, sont soumis à la réincarnation.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-10-n3132) Dans cet Intichiuma, trois assistants représentent des ancêtres « d’une considérable antiquité » ; ils jouent un véritable rôle (Nat. Tr., p. l8l-182). Spencer et Gillen ajoutent, il est vrai, qu’il s’agit d’ancêtres postérieurs à l’époque de l’Alcheringa. Mais ils ne laissent pas d’être des personnages mythiques, représentés au cours d’un rite.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-11-n3133) On ne nous parle pas, en effet, de rochers ou de trous d’eau sacrés. Le centre de la cérémonie est une image de l’émou qui est dessinée sur le sol et qui peut être exécutée en un endroit quelconque.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-12-n3135) Nous n’entendons pas dire, d’ailleurs, que toutes les cérémonies des Warramunga soient de ce type. L’exemple du kakatoès blanc, dont il a été question plus haut, prouve qu’il y a des exceptions.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-13-n3139)
North. Tr., p. 226 et suiv. Cf. sur le même sujet quelques passages de Eylmann qui se rapportent évidemment au même être mythique (Die Eingeborenen, etc., p. 185). Strehlow nous signale également chez les Arunta un serpent mythique (Kulaia, serpent d’eau) qui pourrait bien n’être pas très différent du Wollunqua (Strehlow, I, p. 78 ; cf. II, p. 71 où le Kulaia figure sur la liste des totems).
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-14-n3141) Pour ne pas compliquer la terminologie, nous nous servons du mot arunta : chez les Warramunga, on appelle Wingara cette période mythique.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-15-n3142) Il n’est pas aisé, disent Spencer et Gillen, d’exprimer avec des mots ce qui est plutôt chez les indigènes un vague sentiment. Mais après avoir observé attentivement les différentes cérémonies, nous avons eu très nettement l’impression que, dans l’esprit des indigènes, le Wollunqua répondait à l’idée d’un totem dominant » (North. Tr., p. 248).
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-16-n3144) L’une des plus solennelles de ces cérémonies est celle que nous avons eu l’occasion de décrire plus haut (p. 311-312), au cours de laquelle une image du Wollunqua est dessinée sur une sorte de tumulus qui est ensuite mis en pièces au milieu d’une effervescence générale.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-17-n3145)
North. Tr., p. 227, 248.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-18-n3147) Voici en quels termes s’expriment Spencer et Gillen dans le seul passage où il soit question d’un rapport possible entre le Wollunqua et le phénomène de la pluie. Quelques jours après le rite célébré autour du tumulus, « les vieillards déclarèrent qu’ils avaient entendu parler le Wollunqua, qu’il était satisfait de ce qui s’était passé et qu’il allait envoyer de la pluie. La raison de cette prophétie, c’est qu’ils avaient entendu, comme nous-mêmes, le tonnerre retentir à quelque distance de là ». La production de la pluie est si peu l’objet immédiat de la cérémonie qu’on ne l’imputa au Wollunqua que plusieurs jours après la célébration du rite et à la suite de circonstances accidentelles. Un autre fait montre combien les idées des indigènes sont vagues sur ce point. Quelques lignes plus loin, le tonnerre est présenté comme un signe, non de la satisfaction du Wollunqua, mais de son mécontentement. Malgré les pronostics, continuent nos auteurs, « la pluie ne tomba point. Mais quelques jours après, on entendit de nouveau le tonnerre retentir au loin. Les anciens dirent que le Wollunqua grondait parce qu’il n’était pas content » de la manière dont le rite avait été accompli. Ainsi, un même phénomène, le bruit du tonnerre, est tantôt interprété comme un signe de dispositions favorables, tantôt comme un indice d’intentions malveillantes.
Il y a cependant un détail rituel qui, si l’on acceptait l’explication qu’en proposent Spencer et Gillen, serait directement efficace. Suivant eux, la destruction du tumulus serait destinée à effrayer le Wollunqua et à l’empêcher, par une contrainte magique, de quitter sa retraite. Mais cette interprétation nous paraît très suspecte. En effet, dans la circonstance dont il vient d’être question et où l’on annonça que le Wollunqua était mécontent, ce mécontentement était attribué à ce que l’on avait négligé de faire disparaître les débris du tumulus. Cette disparition est donc réclamée par le Wollunqua lui-même, bien loin qu’elle soit destinée à l’intimider et à exercer sur lui une influence coercitive. Ce n’est probablement qu’un cas particulier d’une règle plus générale qui est en vigueur chez les Warramunga : les instruments du culte doivent être détruits après chaque cérémonie. C’est ainsi que les ornements rituels dont sont revêtus les officiants leur sont violemment arrachés, une fois que le rite est déterminé (North. Tr., p. 205).
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-19-n3150)
North. Tr., p. 207-208.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-20-n3151)
Ibid., p. 210.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-21-n3152) V. dans la liste des totems dressée par Strehlow, les nos 432-442 (II, p. 72).
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-22-n3153) V. Strehlow, III, p. 8. Il y a également chez les Arunta un totem Worra qui ressemble beaucoup au totem du « garçon qui rit » chez les Warramunga (ibid. et III, p. 124). Worra signifie jeunes gens. La cérémonie a pour objet de faire en sorte que les jeunes gens prennent plus de plaisir au jeu de labara (v. sur ce jeu Strehlow, I, p. 55, n. 1).
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-23-n3155) V. plus haut, p. 534.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-24-n3156) On trouvera un cas de ce genre dans North. Tr., p. 204.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-25-n3157)
Nat. Tr., p. 118 et n. 2, p. 618 et suiv. ; North. Tr., p. 716 et suiv. Il y a toutefois des cérémonies sacrées dont les femmes ne sont pas totalement exclues (v. par exemple, North. Tr., p. 375 et, suiv.) ; mais c’est l’exception.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-26-n3159) V. Nat. Tr., p. 329 et suiv. ; North. Tr., p. 210 et suiv.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-27-n3160) C’est le cas, par exemple, du corroborai du Molonga chez les Pitta-Pitta du Queensland et les tribus voisines (v. Roth, Ethnog. Studies among the N. W. Central Queensland Aborigines, p. 120 et suiv.). On trouvera sur les corrobbori ordinaires des renseignements dans Stirling, Rep. of the Horn Expedition to Central Australia, Part. IV, p. 72 et dans Roth, op. cit., p. 117 et suiv.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-28-n3161) Voir notamment sur cette question le beau travail de Culin, Games of the North American Indiens (XXIVth Rep. of the Bureau of Amer. Ethnol.).
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-29-n3164) V. plus haut, p. 115.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-30-n3166) Notamment en matière sexuelle. Dans les corrobbori ordinaires, les licences sexuelles sont fréquentes (v. Spencer et Gillen, Nat. Tr., p. 96-97 et North. Tr., p. 136-137). Sur les licences sexuelles dans les fêtes populaires en général, v. Hagelstange, Süddeutsches Bauernleben im
Mittelatter, p. 221 et suiv.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-31-n3167) C’est ainsi que les règles de l’exogamie sont violées obligatoirement au cours de certaines cérémonies religieuses (v. plus haut, p. 309, n.). Il ne faut probablement pas chercher à ces licences un sens rituel précis. C’est simplement une conséquence mécanique de l’état de surexcitation provoqué par la cérémonie. C’est un exemple de ces rites qui n’ont pas, par eux-mêmes, d’objet défini, qui sont de simples décharges d’activité (v. plus haut, p. 545). L’indigène lui-même ne lui assigne pas de fin déterminée : on dit seulement que, si ces licences ne sont pas commises, le rite ne produira pas ses effets ; la cérémonie sera manquée.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-32-n3171) Voici les expressions mêmes dont se servent Spencer et Gillen : « Elles (les cérémonies qui se rapportent aux totems) sont souvent, mais non toujours, associées à celles qui concernent l’initiation des jeunes gens, ou bien elles font partie des Intichiuma v (North. Tr., p. 178).
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-33-n3173) Nous laissons de côté la question de savoir en quoi ce caractère consiste. C’est un problème qui nous entraînerait dans des développements très longs et très techniques et qui, pour cette raison, demanderait à être traité à part. Il n’intéresse pas, d’ailleurs, les propositions qui sont établies au cours du présent ouvrage.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-34-n3174) C’est le chapitre VI intitulé Ceremonies connected with the totems.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-35-n3175) Strehlow, III, p. l-2.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-36-n3176) Ainsi s’expliquerait l’erreur que Strehlow reproche à Spencer et Gillen d’avoir commise : ils auraient appliqué à l’une des modalités du rite le terme qui convient plus spécialement à l’autre. Mais, dans ces conditions, l’erreur ne semble pas avoir la gravité que lui attribue Strehlow.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-37-n3178) Elle ne peut même pas avoir un autre caractère. En effet, comme l’initiation est une fête tribale, des novices de totems différents sont initiés au même moment. Les cérémonies qui se succèdent ainsi en un même endroit se rapportent donc toujours à plusieurs totems, et, par conséquent, il faut bien qu’elles aient lieu en dehors des localités auxquelles elles se rattachent d’après le mythe.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-38-n3179) On peut s’expliquer maintenant d’où vient que nous n’ayons, nulle part, étudié les rites d’initiation en eux-mêmes : c’est qu’ils ne constituent pas une entité rituelle, mais sont formés par un conglomérat de rites d’espèces différentes. Il y a notamment des interdits, des rites ascétiques, et des cérémonies représentatives qui sont indistinctes de celles qui se célèbrent lors de l’Intichiuma. Nous avons donc dû démembrer ce système composite et traiter séparément de chacun des rites élémentaires qui le composent, en les classant avec les rites similaires dont il est nécessaire de les rapprocher. D’autre part, nous avons vu (p. 409 et suiv.) que l’initiation a servi de point de départ à une religion nouvelle qui tend à dépasser le totémisme. Mais de cette religion il nous a suffi de montrer que le totémisme contenait le germe ; nous n’avions pas à en suivre le développement. L’objet de ce livre est d’étudier les croyances et les pratiques élémentaires ; nous devons donc nous arrêter au moment où elles donnent naissance à des formes plus complexes.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-39-n3181)
Nat. Tr., p. 463. Si l’individu peut, à son choix, célébrer une cérémonie soit du totem paternel soit du totem maternel, c’est que, pour les raisons exposées plus haut (p. 261), il participe de l’un et de l’autre.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-40-n3182) V. plus bas, chap. V, p. 565.
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[↑](#c18_Les_Formes_elementaires_de_la_vie_religieuse_Livre_III_Chapitre_4.xhtml#cite_ref-41-n3183) V. Essai sur le sacrifice, in Mélanges d’histoire des religions, p. 83.