II Histoire d’amour

— Plaise à Dieu, ma bonne demoiselle, dit la pauvre femme, que vous ne souffriez jamais les maux que la Providence a infligés à la malheureuse héroïne de ce récit ! Elle n’était pas, comme vous, belle et pure ; elle n’avait aucune des qualités charmantes qui attirent vers vous le cœur et le regard, mais elle était bonne et douce comme vous, et comme vous, mon enfant, elle avait dans son cœur le germe divin de toutes les vertus. À quinze ans elle était seule, sans appui, sans famille… et perdue au milieu d’un monde qu’elle ne connaissait pas. À seize ans, elle était la maîtresse d’un puissant seigneur… Une année, une seule année, avait suffi pour consommer son déshonneur, et donner au nom qu’elle portait la plus humiliante des célébrités.

— Et quel était son nom ? demanda Alma avec intérêt.

— Ce nom est maintenant oublié parmi les hommes, répondit la vieille femme, et pourtant il a été bien célèbre ; je vous le répète, et peut-être l’avez-vous entendu prononcer dans votre enfance : elle s’appelait la Lucrezia Mammone.

La femme noire ne prononça ce nom qu’avec un sentiment d’amertume qui n’échappa point à Alma.

Mais cette dernière chercha en vain dans sa mémoire, et secouant sa jolie tête :

— Je ne connais pas ce nom, répondit-elle en regardant doucement son interlocutrice.

— Vous étiez trop jeune, reprit l’inconnue, pour le connaître.

— C’est égal, dit Alma, continuez, je vous prie.

— La Lucrezia, poursuivit-elle, n’avait jamais en réalité connu l’amour : l’amour est un sentiment céleste qui ne peut prendre racine que dans un cœur pur, et la Lucrezia, jusqu’alors du moins, avait laissé son cœur ouvert sans défiance à toutes les réalités dissolues de la vie des courtisanes. Ce n’était pas cependant une créature perdue, et l’existence qu’elle menait ne l’avait pas encore complétement corrompue !…

« Un jour, parmi les jeunes seigneurs qui l’entouraient et lui faisaient une cour assidue, elle distingua un tout jeune homme nommé Beppo. Celui-là ne l’abordait point avec cette insolente familiarité que prennent ordinairement les grands seigneurs auprès des pauvres créatures que le malheur a jetées dans la voie mauvaise. Il s’observait auprès d’elle, ne franchissant jamais les bornes étroites de la réserve la plus sévère, et l’entourait enfin de respect et de vénération comme si la Lucrezia Mammone eût été sa femme ou sa sœur.

« Dire à quel point la pauvre créature fut touchée de cette conduite serait impossible. Il y avait, dans cette attitude tendre et respectueuse de Beppo, tant d’amour chaste et d’adoration sainte, que la Lucrezia se sentit comme régénérée, et que son cœur se prit à rêver une existence nouvelle, sous l’inspiration de ce sentiment nouveau ; Beppo l’aimait, elle l’aima aussi. Elle connut les joies de l’amour pur, et cet amour l’aurait sans doute sauvée de l’infamie, si une grande catastrophe n’était venue alors bouleverser son existence.

« Un jour, c’était vers le coucher du soleil, un inconnu entra dans la maison de Lucrezia et lui dit :

« — Je suis votre frère.

« Cet homme était un aventurier hors la loi ; un grand cœur d’ailleurs, une âme trempée comme l’acier. Il révéla à la Lucrezia éperdue un secret… terrible, celui de sa naissance. La Lucrezia, la malheureuse créature au nom infâme, la fille perdue, appartenait à l’une des plus nobles familles de l’Italie. Hélas ! il était trop tard pour recommencer la vie, et lorsque la Lucrezia lui demanda en tremblant : « Mon frère, faut-il vivre ou mourir ? » son frère ne répondit rien. Il pleurait cependant, mais son cœur demeura inflexible, et il n’eut pas une seule parole de regret ou de douleur !…

« Alors la Lucrezia l’embrassa en sanglotant, lui dit un suprême et dernier adieu, et lui recommandant une pauvre enfant qui lui était née durant sa vie dissolue, elle s’enfuit, sans oser regarder en arrière. Au bout du jardin où avait eu lieu cet entretien, passait une rivière ; la Lucrezia donna une pensée à sa fille, une autre à Dieu, et courut se précipiter dans cette eau qui l’engloutit !… »

— Pauvre femme ! dit Alma en soupirant.

— N’est-ce pas, reprit l’inconnue comme soulagée par cette parole de compassion qui accueillait son récit, n’est-ce pas qu’il était dur de quitter la vie à dix-sept ans, au moment même où un amour pur et chaste allait la purifier ?

— Voilà une triste histoire, murmura la jeune fille.

— Oh ! ce n’est pas tout ! dit l’inconnue.

— Elle ne mourut donc point ?

— Quelqu’un la sauva.

— Beppo ? je gage.

— Beppo, en effet.

— Je m’en doutais ! s’écria Alma en frappant dans ses petites mains avec une joie naïve et douce.

L’inconnue sourit, et ce sourire donna un moment à son visage blême une grâce infinie. Elle prit les mains d’Alma et les lui baisa.

— Oui, dit-elle, c’était lui ! Il la déposa sur la rive et la rappela à la vie. Quand la Lucrezia revint à elle, elle aperçut à ses pieds, les mains jointes et priant Dieu, la pâle physionomie de celui qu’elle aimait.

« — Vous vouliez donc mourir ? dit Beppo d’un air de doux reproche.

« — Il le fallait ! répondit la Lucrezia.

« — Mourir sans moi ! poursuivit Beppo ; vous ne m’aimez donc pas ?

« La Lucrezia fondit en larmes : elle n’avait plus ni force ni courage. Les tortures qu’elle avait éprouvées étaient encore présentes à sa mémoire ; elles n’avaient pas ébranlé sa raison ; mais, au moindre choc, à la moindre pensée, tous ses nerfs tressaillaient, et un tremblement convulsif s’emparait de ses membres.

« Une crainte terrible l’agitait. Elle tremblait de rencontrer son frère, cet homme qui pour l’honneur d’un grand nom lui avait en quelque sorte commandé de mourir. Elle avait vu la mort de trop près pour ne pas frémir à la pensée que son frère pourrait lui ordonner une seconde fois de quitter ce monde.

« Beppo la conduisit alors dans une hôtellerie située hors de la ville. »

— Quelle était cette ville ? interrompit Alma.

— Spolette…, répondit la vieille femme. Beppo ignorait les motifs de cette tentative de suicide, mais il ne voulait point paraître indiscret dans un pareil moment. Il fit préparer une chambre pour la Lucrezia, et il en choisit une pour lui-même ; il ne voulait pas perdre de vue cette femme qu’il aimait de toute la force de son âme, et qu’il venait d’arracher si miraculeusement à la mort !

« Le lendemain au point du jour, son premier soin fut de s’informer de la Lucrezia ; mais lorsqu’il envoya l’hôtesse à la chambre qu’elle occupait, on s’aperçut qu’elle était vide. La Lucrezia était partie depuis plus de deux heures.

« Beppo fut au désespoir. Il prit des informations. La Lucrezia avait pris la route de Rome. Il jeta l’or à pleines mains et courut les grandes routes, mais inutilement. Il la suivit ainsi à travers l’Italie durant plusieurs mois. Elle se cachait avec tant de soin qu’il ne pouvait la rejoindre.

« Il l’atteignit enfin à Naples dans une maison de la rue de Tolède.

« — Oh ! maintenant, s’écria-t-il, je ne vous quitte plus !

« — Pardonnez-moi, Beppo ! lui dit la Lucrezia en lui tendant la main. Je ne voulais point vous associer à une existence à jamais perdue ; c’est un grand malheur que vous m’ayez rencontrée ; c’en est un plus grand que vous ne m’ayez point laissée mourir, mais je ne me sens plus maintenant la force de vous quitter.

« À dater de ce jour, ils vécurent sous le même toit… comme un frère et une sœur… Ce furent les seuls instants de bonheur que la Lucrezia goûta en ce monde, bonheur triste et austère et qui dura bien peu !…

« À son tour elle suivit Beppo. Ce dernier avait un commandement dans les armées d’Espagne, et les hasards de la guerre le poussèrent de Naples jusque dans le sud de l’Italie. La Lucrezia le suivit à travers la Basilicate et les Calabres.

« C’était une rude existence, sans cesse agitée, toujours suspendue à des craintes éternellement renaissantes. La Lucrezia supportait toutes les fatigues avec un courage héroïque, qu’elle puisait dans le regard et dans l’amour de Beppo.

« Chaque semaine, cependant, amenait un nouveau combat, et nul n’eût pu dire quand l’Italie serait rendue au calme et à la paix.

« D’ailleurs, Beppo à tout instant courait de graves dangers, et le sort, jusqu’alors si favorable, pouvait lui devenir contraire.

« C’est ce qui arriva.

« Un jour on rapporta Beppo pâle, couvert de sang, profondément blessé à la poitrine.

« Au milieu des hasards de la vie aventureuse qu’elle menait, la Lucrezia n’avait jamais pensé que son Beppo pût être blessé, elle n’avait jamais pensé qu’il pût mourir.

« C’était le seul lien qui la retînt à la vie, son seul bonheur, sa seule joie : comment croire que Dieu lui enlèverait cette suprême consolation ? C’eût été tenter le suicide…

« Aussi, quand Beppo fut couché sur son lit de souffrance, elle ne permit à personne de l’approcher et de lui donner des soins. Durant trois mois elle veilla nuit et jour à son chevet. Elle avait entrepris contre la mort une de ces luttes acharnées dans lesquelles il faut vaincre ou périr. L’amour et la mort entraient en champ clos : l’amour fut le plus fort… »

— Quel bonheur ! dit Alma toute joyeuse.

— Ne vous hâtez point de vous réjouir !…

— Qu’arriva-t-il donc ? s’écria la jeune fille.

— La blessure de Beppo se ferma, mais il ne reprit point ses forces. Il marchait en chancelant comme un vieillard ; bientôt il ne put même plus faire le tour de sa chambre appuyé sur le bras de la Lucrezia. Il s’alita de nouveau et, peu à peu, de jour en jour, la malheureuse créature vit l’existence se retirer lentement de cet homme qu’elle aimait par-dessus tout.

« Beppo ne disait rien, mais il se sentait mourir, et de temps en temps ses regards s’attachaient avec une étrange fixité sur la Lucrezia. On eût dit que, comprenant bien qu’il allait se séparer d’elle pour toujours, il eût voulu emporter du moins son image aimée dans l’autre monde.

« La Lucrezia eut cette douleur inexprimable de voir s’éteindre de jour en jour cette organisation si jeune et si vivace. Quand vous aurez l’expérience de la vie, mon enfant, quand vous saurez ce que c’est qu’un amour pur pour une pauvre créature avilie, qui de cet amour même attend sa rédemption, vous comprendrez ce que la malheureuse dut souffrir.

« Beppo vivant sous le même toit qu’elle, l’aimant de toute son âme, ne l’eût pas entourée de plus de respect au milieu d’une famille vénérable. À peine osaient-ils tous deux se donner la main… Lucrezia avait tant de besoin d’estime qu’elle ne pouvait même pas accorder ce qu’une jeune fille pure aurait pu accorder à son fiancé, et Beppo, comprenant cette sainte pudeur, la respecta comme il eût respecté une chaste et pure enfant.

« Cependant la fin de cette lente agonie était proche.

« Un soir, à la lueur vacillante d’une lampe à demi éteinte, la Lucrezia, agenouillée derrière une draperie, priait à mains jointes pour le moribond.

« Quand la prière fut finie, elle se leva et s’approcha du lit. La prière avait subitement calmé ses craintes et endormi ses terribles appréhensions ; mais lorsqu’elle fut arrivée au pied du lit, qu’elle vit son amant étendu pâle et sans mouvement, une soudaine terreur s’empara d’elle, un frisson glacé courut sous ses cheveux, et elle poussa un cri étouffé.

« Il lui sembla que Beppo n’avait plus un souffle ni un regard !

« Elle courut effarée à la lampe, la saisit d’une main tremblante et revint l’œil hagard la placer auprès de Beppo !

« Mais ce dernier n’avait pas bougé !…

« Elle posa la main sur ses lèvres. Il ne respirait plus !…

« Elle toucha son cœur : il n’avait plus de battements !

« Elle l’appela par son nom à diverses reprises, et Beppo ne répondit pas !

« Il était mort !…

« Alors sans proférer un cri, sans pousser un gémissement, elle se laissa tomber à genoux auprès de son amant, et pria…

« Puis, comme si elle eût tout à coup puisé dans son désespoir même la force et l’énergie qui lui avaient manqué jusqu’alors, elle se leva avec une certaine solennité, se pencha un moment sur le lit, et, tremblante comme une vierge qui vient d’entrer dans la chambre nuptiale :

« — Ô Beppo ! dit-elle d’une voix grave, toi vivant, jamais un baiser de ma bouche n’a effleuré tes lèvres ! La mort réunit ce que la vie avait séparé ! Ô mon Beppo ! mon fiancé, mon époux, reçois donc ce baiser suprême, et que Dieu bénisse notre union !

« En parlant ainsi, elle se pencha vers le cadavre et unit ses lèvres aux lèvres blêmes et froides de Beppo… C’était sa première nuit d’amour ! »

Quand la vieille femme eut fini, elle regarda Alma qui sanglotait.

— Bonne Alma ! lui dit-elle en souriant à travers ses larmes, merci de votre compassion ! La Lucrezia en était digne, croyez-le bien.

— Et que devint-elle ? demanda la jeune fille en essuyant ses larmes.

— Beppo repose dans un petit cimetière au fond des Calabres, à l’ombre d’un laurier-rose, sur le penchant d’une colline qui regarde la mer.

— Mais la Lucrezia ?

— Oh ! la Lucrezia, c’est une triste histoire encore : quand la pauvre femme eut perdu son amant, elle se rappela qu’elle avait un enfant, et elle revint au pays qu’elle avait quitté pour suivre Beppo. Elle erra de pays en pays, revenant chaque année pleurer sur la tombe de Beppo ; souvent même elle s’approcha de Spolette et traversa les Abruzzes ; mais la crainte de son frère l’empêcha toujours de séjourner longtemps dans le pays, quoique le sentiment de la maternité, qui s’était réveillé impérieux dans son cœur, l’y ramenât sans cesse.

— Oh ! pourquoi n’ai-je pas connu cette femme ? reprit Alma ; j’aurais pleuré avec elle, car elle a été bien malheureuse, et je sens que je l’aurais aimée !

La femme noire écoutait ces paroles d’Alma avec un ravissement impossible à décrire ; ses lèvres s’étaient entr’ouvertes, elle tendait à demi les bras vers la jeune fille. Aux derniers mots d’Alma, elle se laissa tomber à ses pieds, et embrassant ses genoux :

— Aimez-moi donc, ange céleste ! s’écria-t-elle avec un élan d’amour et de passion, car je suis la Lucrezia !

— Pauvre femme ! murmura la jeune fille en l’attirant sur son cœur.

Elles se tinrent un moment embrassées, pleurant et ne pouvant plus parler.

— Mais vous aviez une fille ? demanda Alma en se dégageant doucement des étreintes de la vieille femme.

— Oh ! une enfant douce et charmante, et qui aurait votre âge aujourd’hui, répondit la Lucrezia… Mais où est-elle maintenant ? Mon cœur la reconnaîtrait-il quand je la rencontrerais ? Oh ! que Dieu m’éclaire, et puissé-je ne pas me tromper !

— Vous l’avez donc revue ?

— Oui.

— Il y a longtemps ?

— Quelques semaines seulement.

— Eh bien ! fit Alma avec un geste charmant et naïf, vous me l’amènerez, n’est-ce pas ? Je veux la voir, la connaître, et si vous avez bien confiance en moi, si vous m’aimez réellement, vous la laisserez au château. J’y suis seule et bien triste… Elle sera plus qu’une compagne : il y a si longtemps que je désire une sœur !

La Lucrezia, émue et tremblante, l’écoutait parler sans songer à lui répondre ; mais au moment où Alma allait continuer, un grand bruit de chevaux, de chiens et de trompes de chasse, se fit entendre.

— La chasse ! dit la Lucrezia effrayée.

Elle jeta aussitôt sur Alma un regard plein de tristesse et de regret, et le bruit se rapprochant de plus en plus, elle s’enfuit, se cachant de buisson en buisson.

Alma se leva à son tour, regagna la rive des marais, où elle retrouva Mercedès qui la cherchait pleine d’inquiétude.

Sur ces entrefaites la chasse déboucha du bois.

On entendait de loin la voix du marquis de Santa-Fiore qui criait :

— Hou vori !

Ce qui voulait dire que le sanglier tournait.

En effet, le sanglier sortit tout à coup des buissons, l’œil en feu, le poil hérissé et grognant.

Il voulut se jeter dans l’eau, mais les chiens le devancèrent.

La meute passa ardente, furieuse, la langue rouge, l’œil injecté.

Quatre vieux chiens courants, le cou armé de colliers à grelots, se jetèrent aux flancs du sanglier, l’attaquant hardiment et évitant ses coups avec beaucoup d’adresse.

Les cavaliers sortirent du bois, le marquis de Santa-Fiore en tête.

— Lâchez deux lévriers ! dit-il, il est temps de coiffer la bête !

Un valet de chiens qui tenait des lévriers en laisse en lâcha deux des plus forts, qui d’un bond s’élancèrent à la tête du sanglier et le saisirent chacun par une oreille.

C’est ce que l’on appelle coiffer le sanglier.

L’animal ainsi pris ne peut plus fuir.

Le marquis de Santa-Fiore sauta aussitôt à bas de son cheval, tira une courte épée de chasse qu’il avait au côté et s’approcha du sanglier.

Il prit le poil, appuya la lame sur sa main gauche pour la conduire et la tenir ferme et ne point blesser les lévriers, et piqua la bête à quatre doigts au-dessous de l’épaule gauche.

L’animal tomba roide mort.

C’était, sans contredit, un exploit digne du meilleur chasseur de la contrée, et tous les veneurs applaudirent à outrance.

Le marquis de Santa-Fiore avait exécuté cette difficile opération avec un sang-froid remarquable, une élégance parfaite.

Alma détourna son visage de cette scène sanglante, et regagna sa litière.

La troupe se remit en ordre après avoir mis le sanglier sur des branches d’arbre en guise de civière, et l’on regagna le château au bruit des fanfares et des chansons des veneurs.

Un repas splendide attendait l’hôte du prince. On mangea et l’on but comme savent le faire des gens de bonne santé qui viennent de passer la journée en chasse.

Au dessert cependant le vieil Ercole, qui ne perdait point de vue son but, mit la conversation sur le mariage. Poussé par son hôte, le marquis déclara nonchalamment qu’il songeait depuis quelque temps à se marier, qu’il voulait un héritier, et ne tenait ni à la fortune, ni à l’amour, pourvu que la demoiselle fût belle, sage et de haute naissance.

Ercole insinua qu’il serait flatté d’avoir pour gendre un homme comme le marquis ; celui-ci répondit sur le même ton qu’il trouvait Alma ravissante. On voit que l’affaire était en bonne voie, et que rien ne s’opposait plus à ce qu’elle réussît.

Jusque bien avant dans la nuit, on sabla les vieux vins des caves du château d’Ercole.

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