VI LES ÉPAVES

Il était important de ne pas laisser croire à Londres que le gouvernement redoutait Fergus O’Breane : l’orgueil britannique s’y opposait. Il y eut bien une baisse sensible à la Bourse, mais des avis officieux – en réalité officiels – furent publiés dans les journaux, disant qu’un aventurier, qui était peut-être un fou, avait tenté de fomenter en Irlande quelques désordres vite réprimés.

Les notes ajoutaient :

« Pour essayer de donner plus de poids à sa ridicule tentative, cet homme a pris le nom d’un bandit qui eut son heure de célébrité dans notre capitale. Nous pouvons affirmer que l’Irlandais O’Breane, susdit marquis de Rio-Santo, après avoir commis il y a peu de temps quelques actes de piraterie sur les côtes australiennes, a fait naufrage voici six mois environ vers l’archipel de Tahiti, où il essayait de se réfugier à l’abri du pavillon français. »

La presse britannique a toujours menti ; elle a même singulièrement progressé en ce sens depuis l’emploi du télégraphe et toujours elle mentira de plus en plus et de mieux en mieux suivant les progrès de la science. À cette époque, on voit qu’elle était déjà de belle force. La note citée plus haut rassurait d’abord l’opinion ; puis elle jetait la suspicion sur le personnage qu’on savait redoutable et le posait en imposteur. En troisième lieu, l’allégation du naufrage laissait toujours la porte ouverte à l’incertitude ; on ne disait pas : Fergus O’Breane est mort, mais Fergus O’Breane a fait naufrage. La franchise anglaise a de ces nuances et les pythonisses n’eurent pas seules le don de parler de façon à ce qu’on pût interpréter leurs paroles dans un sens comme dans l’autre.

Toutefois, le gouvernement de Sa Majesté n’avait garde de mettre ses actes en concordance avec ses paroles, car une quantité de courriers, porteurs d’ordres secrets, furent expédiés dans les comtés riverains du canal de Bristol. Toutes les troupes de ces pays devaient être embarquées en toute hâte, en attendant d’être suivies par d’autres, prises du côté de Warwick et de Leicester. L’Écosse, de son côté, fournirait les forces nécessaires pour écraser l’insurrection dans le nord de l’Irlande. En somme, y compris les garnisons de l’île, c’étaient 80 000 hommes de bonnes troupes qui allaient se trouver en présence des bandes organisées de Rio-Santo. Mais quand des bandes semblables luttent pour leur liberté, pour leur indépendance et pour leur religion, – on l’a bien vu en Espagne, – il n’est pas possible de dire d’avance qui sera le vainqueur.

En moins de douze heures, les trois villes de Bristol, de Newport et de Cardiff furent bondées de soldats. Des navires marchands, nolisés pour la circonstance, – car il ne se trouvait pour l’instant dans le port aucun bâtiment de guerre, – se préparèrent à transporter ces troupes en Irlande.

Tous les corps de l’armée britannique étaient représentés : infanterie et cavalerie se mêlaient et s’invectivaient même, car il n’est pas d’usage, de l’autre côté du détroit comme de celui-ci, que les deux armes soient toujours parfaitement d’accord.

Ce qu’il y avait de plus curieux, c’est que lanciers, riflemen, hussards, grenadiers et autres, ne savaient pas le moins du monde où on allait les conduire, les officiers supérieurs étant seuls dans le secret. Il y avait, en effet, dans l’armée anglaise, bon nombre d’Irlandais qui eussent témoigné leur peu de joie d’aller se battre contre leurs frères.

Les questions se croisaient donc de toutes parts :

– Holà ! hé ! John !… que veut dire ceci et pourquoi tant de poudre et de balles pour rifles !

– Very, Mich !… Je ne comprends rien à ce remue-ménage. Ce n’est pas avec ces sabots qu’on peut nous mener aux Indes.

Un grand horse-guard ricana dans sa moustache blonde :

– D’où sortez-vous donc, messieurs les gens à pied, pour ignorer que nous allons débarquer la nuit prochaine, ou l’autre au plus tard, sur les côtes de France ?… Goddam ! Paris est une joyeuse ville : nous allons voir les petites femmes.

Sa joie était si grande qu’il voulut esquisser un pas de gigue. Le mal qui peut nous arriver a toujours eu le pouvoir de faire danser de joie les Anglais. Toutefois, celui-ci s’y prit fort mal, à ce qu’il paraît, car il s’empêtra dans son sabre et tomba tout de son long dans la boue.

Les riflemen narguèrent :

– Holà, Toby !… Est-ce ainsi que vous vous y prendrez pour vous emparer de la terre de France ?

Peut-être eussent-ils moins plaisanté si on leur eût fait connaître ce à quoi on les destinait ? Depuis l’hécatombe du château de Crewe, une certaine légende s’était établie dans l’armée autour du nom de Rio-Santo et beaucoup d’esprits faibles, – ils ne manquent pas en Angleterre ! – n’étaient pas loin de croire qu’entre cet homme et Satan, il y avait un lien de parenté assez étroit. L’échec des cavaliers qui l’avaient poursuivi le long de la Tamise avait encore accru cette légende, et ceux qui avaient des amis à Sydney leur avaient vainement écrit sans recevoir de réponse : on avait su bientôt dans les régiments qu’il n’y avait plus d’habits rouges à Sydney, parce que le marquis de Rio-Santo les avait massacrés et qu’il avait brûlé la ville.

Dans l’ignorance où ils étaient de l’adversaire qu’ils allaient avoir à combattre, ils ne déguisaient donc pas leur enthousiasme. Le soldat saxon aime assez la guerre, car, en dehors de la perspective de rester sur le carreau, il y a celle d’avoir toujours quelque chose à prendre.

Dans la baie de Cardiff, trois grands bricks dont l’ordinaire cargaison se composait de charbon du pays, étaient couchés sur le lest, tout prêts pour le transport des troupes. Près de la côte, devant Bristol, il y en avait deux autres. Chacun d’eux pouvait embarquer quinze cents hommes d’infanterie et douze cents de cavalerie ; le voyage devait se renouveler sans relâche pendant plusieurs jours.

L’ordre était donné de débarquer de nuit à Wexford, et vers le soir les cinq bricks, accouplés deux à deux et le cinquième à la suite, cinglèrent au large de Pembrock vers le canal Saint-Georges.

Il faisait une nuit très sombre, le brouillard était intense. Aussi tous les hommes s’étaient-ils enveloppés dans leurs couvertures et s’étaient endormis sur les ponts et dans tous les endroits où on les avait tassés. Seuls, les officiers étaient restés debout, formant des groupes et causant à voix basse.

Malgré la brume, les bâtiments avançaient assez rapidement. Il n’était pas un des capitaines qui n’eût fait cinq cents fois ce parcours.

Ils étaient d’ailleurs fort satisfaits de l’aubaine, qui leur rapporterait plus qu’un chargement de houille, et tout le monde, en somme, était content : eux de la bonne affaire qui venait de leur être offerte, les officiers d’aller se battre et les soldats de voguer vers une destination inconnue.

Les feux des fanaux d’applique semblaient de gros yeux verts et rouges, ouverts dans le brouillard et marquant comme des jalons la place et la largeur des transports. À minuit, ceux-ci entraient dans le canal Saint-Georges ; tout faisait prévoir qu’ils seraient à Wexford bien avant le jour.

Or, tout marin, fût-il Anglais, doit toujours escompter l’imprévu. L’imprévu, cette nuit-là, se manifesta sous une forme tout à fait inattendue.

Par tribord, le brouillard s’éclaira soudain de lueurs rouges. Une détonation formidable, produite par plus de vingt canons, gronda aussitôt après et une pluie de projectiles tomba sur les convoyeurs, en y faisant d’effroyables ravages. Quantité d’hommes passèrent sans s’en apercevoir du sommeil au néant ; les autres, affolés, hurlants, les yeux lourds ou hagards, se mirent à courir sur le pont, se bousculant, s’écrasant, si bien que des grappes humaines tombèrent à la mer.

À la lueur des coups de canon, quelques-uns avaient aperçu, rangés en bataille, quatre frégates. Aucun signe ne pouvait indiquer leur nationalité, les couleurs disparaissant de la corne d’artimon au coucher du soleil.

Les décharges se succédaient avec une rapidité inouïe ; les pauvres sabots de la marine marchande n’avaient pas un canon pour répondre. En vain les soldats avaient saisi leurs armes et tiraient : c’était là jeu d’enfant. Les transports, bientôt éventrés, prirent feu par le haut tandis que l’eau s’engouffrait dans leur cale. Pris entre ces deux éléments et ne pouvant échapper ni à l’un ni à l’autre, les régiments se sentirent perdus et un long hurlement de détresse se répercuta sur les deux côtes irlandaises et anglaises. Deux ou trois bordées furent encore tirées, puis les bricks s’enfoncèrent dans la mer, engloutissant plus de 6 000 hommes, l’avant-garde de l’armée formidable qu’Albion envoyait pour réprimer l’insurrection de l’Irlande et abattre la puissance d’un homme qui lui tenait tête depuis si longtemps.

Il n’y avait pas eu de combat. Du commencement à la fin, l’action avait à peine duré dix minutes, et maintenant la mer s’était refermée silencieuse et comme repue après ce festin monstrueux.

À toute vitesse, les frégates mystérieuses cinglaient vers le nord, par le canal Saint-Georges et la mer d’Irlande. La moitié de leur besogne était faite, il restait à l’achever cette nuit même. Dans trois heures, il fallait que cette flottille fût apostée dans le canal du Nord, attendant le passage de six autres bâtiments qui devaient conduire des troupes écossaises de Wighton à Belfast.

Aucun feu ne pouvait les faire remarquer ; elles glissaient sans bruit sur les eaux. Elles vinrent se ranger au septentrion de l’île de Mau, tapies sous la pointe Ayre, comme des panthères prêtes à bondir. Plus haut, tout près de la baie de Luce, une cinquième frégate était embusquée au cap Galloway.

– Cornes du diable !… Par Belzébuth ! clamait son capitaine, nous sommes arrivés à temps. Quelle singulière idée a eu milord de nous envoyer déposer les autres dans les Hébrides, comme des huîtres sur leur banc ?… Sang de chien ! s’il n’eût tenu qu’à moi, j’en eusse basculé un chaque seconde le long de la route, par-dessus le bastingage.

On a reconnu sans peine le brave Paddy O’Chrane, capitaine de la Sournoise. Le digne homme ne se consolait pas d’avoir été réduit à convoyer des prisonniers, au lieu de s’en débarrasser comme on allait faire de ceux qu’on attendait. Il n’eût rien tant souhaité que de voir le canal Saint-Georges comblé avec des cadavres anglais.

– Ventre de païen ! mes amis, s’écria-t-il, nous allons changer de tactique. Ceux qui vont passer là n’y repasseront pas deux fois, ou que la peste me serve de grog !

Comme dans le canal de Bristol, les transports anglais s’avançaient ; leurs feux trouaient le brouillard. Ils portaient une cargaison de près de huit mille hommes : highlanders, Scots-guards, coldstreams et grenadiers, avec un régiment complet de lanciers.

Le comté d’Antrim est si proche de Wighton que ceux-ci ne pouvaient guère ignorer où ils allaient. Toutefois, ils croyaient simplement à la nécessité de renforcer les garnisons d’Érin et cette petite expédition n’était point pour leur déplaire. Fatalistes, comme le sont les Écossais, ils allaient où on les menait, sans demander où ni pourquoi.

Ils ne pensaient guère voguer vers la mort si proche, certains caressaient déjà des rêves de fortune et de gloire, peut-être aussi des rêves d’amour. Il y a de fort belles filles en Irlande et leurs jupes effilochées cachent – souvent mal – des corps merveilleux de grâce et de souplesse. Ce qui tente les nourrices et les servantes de Londres, ce sont les jambes nues des highlanders d’Écosse, et ce qui tente les Écossais, ce sont les robustes mollets nus des filles d’Irlande.

Sur le pont d’un des transports, un highlander tirait de sa cornemuse des sons atténués, très doux et pleins de charme, auxquels se berçaient les pensées de ses compagnons et de lui-même. C’était d’ailleurs très étrange, cet air mélancolique dans le brouillard nocturne.

– Cornes de bouc ! s’écria Paddy O’Chrane après avoir un instant prêté l’oreille, ne dirait-on pas que ces coquins vont au bal ?… Trou de l’enfer ! laissons-les souffler trois minutes encore dans leurs peaux de mouton car, Dieu me damne ! nous avons des instruments qui vont les leur dégonfler. À vos pièces, drôles, mes amis : que le diable vous emporte et les Écossais de même !… Satan et sa marmite ! allons-y !… Feu !

Une bordée terrible de la Sournoise s’abattit sur le pont des convoyeurs, et soudain, dans le lointain, les rivages de l’île de Man parurent s’éclairer, quand les quatre autres frégates tonnèrent à leur tour.

– Bon, dit Paddy en se frottant les mains, ces coquins damnés, les chers mignons cœurs, sont à leur poste. Encore une volée, mécréants, et la danse sera finie. Mort de mes os ! il y aura pour chacun de vous tout à l’heure une pinte de gin.

Au premier coup de canon, la cornemuse s’était tue et pour cause : un projectile avait emporté la tête du musicien qui s’en était allé achever sa ritournelle dans l’autre monde.

Les malheureux bateaux étaient, dès la première décharge, troués comme des écumoires. Leurs mâts abattus, leurs voiles déchiquetées, s’étaient effondrés sur le pont où grouillaient et hurlaient les soldats. Les cinq premiers sombrèrent et le sixième, moins endommagé, vira de bord et essaya de s’enfuir. Peine perdue ! Un dernier boulet le traversant de bout en bout, en enfilade, réduisit son arrière en miettes : on vit son avant se redresser, comme un cheval qui se cabre, des centaines de bras se levèrent désespérément vers le ciel, et tout s’engloutit dans l’abîme.

Ainsi, dans une seule nuit, dix mille hommes envoyés secrètement par le cabinet de Saint-James étaient morts sans avoir combattu, sans même avoir pu atterrir en Irlande. L’agitateur que l’Angleterre s’efforçait de faire passer pour un bandit vulgaire, avait percé à jour les desseins du Parlement et s’était trouvé là pour frapper un coup irréparable.

Aux premières lueurs du jour, on apprit à Londres la terrifiante nouvelle. Le Parlement s’affola. Il n’était pas possible de cacher le désastre ; d’ailleurs, le peuple l’avait connu avant le gouvernement lui-même : il entrait dans le plan de Rio-Santo que cela fût publié tout de suite, pour terrifier Londres. On n’en était plus au petit jeu des intrigues, des travaux d’approche et des mines poussées sous la Banque. Fergus O’Breane frappait à grands coups, démolissait avec fracas la statue d’argile qu’est la puissance anglaise.

Les membres du gouvernement s’assemblèrent en toute hâte et ce fut un tollé général quand l’un d’eux proposa de faire passer des troupes en Irlande sous la protection de bâtiments de guerre. Le secrétaire à la Marine répondit à cet avis par un haussement d’épaules :

– Où ferez-vous passer vos navires de guerre ? demanda-t-il. La situation est plus grave que vous ne le pensez, milords. Les épaves coulées à l’entrée du canal Saint-Georges et du canal du Nord, sans interdire complètement l’accès de la mer d’Irlande à la flotte de guerre, rendent tout au moins le passage presque impraticable, et cette mer est désormais un grand lac fermé où nous ne pouvons plus agir. Dois-je vous le dire ? Celui qui a conçu et exécuté ce plan qui nous paralyse a fait acte de génie et mal venu serait l’imprudent qui ne compterait pas avec un pareil adversaire.

Ces sages paroles trouvèrent un écho auprès de quelques-uns. La superbe morgue des autres y vit une reculade ou une capitulation.

– L’Angleterre n’est pas à la merci d’un aventurier ! s’écria le chancelier de l’Échiquier. Le secrétaire à la Guerre trouvera les moyens d’envoyer, s’il le faut, cinquante mille hommes en Irlande. Le devoir du lord secrétaire à la Marine est de faire capturer les bâtiments rebelles qui viennent de nous infliger un affront sanglant.

Cette attaque directe exigeait une réponse immédiate. Celui qui en avait été l’objet ne la fit pas attendre :

– Je vous donne pleins pouvoirs, milord chancelier, s’écria-t-il : allez les prendre !

Et se tournant vers les autres, il ajouta :

– Ces navires sont partout et nulle part. C’est en vain qu’on les chercherait aujourd’hui dans l’Atlantique, ils n’y sont plus. Qui les a vus cette nuit ne les reconnaîtrait pas à cette heure et je ne jurerais pas, milords, qu’au moment où je parle, l’un d’eux ne se trouve pas à l’embouchure de la Tamise.

Messieurs les conseillers de la reine tressaillirent.

– Je n’ai pas attendu, reprit l’orateur, l’avis du lord chancelier pour faire surveiller ces bâtiments, les poursuivre et les capturer. Personne n’a oublié leur passage à Melbourne et j’ai connu leur apparition aux Indes. Une flotte anglaise les cherche en ce moment dans le Pacifique, par mon ordre même, alors qu’ils sont, je le jurerais, embusqués dans quelque baie anglaise. Nos communications au moyen de grands bâtiments sont coupées avec l’Irlande : essayez encore d’envoyer des troupes sur des navires de commerce ; ceux du marquis de Rio-Santo savent le point exact où ils ont coulé les autres et où ils peuvent passer : ils seront là et la mer, au lieu de dix mille cadavres, en rejettera vingt sur nos côtes.

Ce langage produisit une vive impression sur les assistants. L’homme qui le tenait avait conscience du danger et parlait franchement. C’est une qualité rare dans la politique anglaise et ceux qui la possèdent doivent céder la place.

Le secrétaire en chef pour l’Irlande se leva pour blâmer les paroles précédentes :

– Il s’agit pour l’instant, s’écria-t-il, de savoir si nous voulons garder ou perdre l’Irlande. Si nous nous inclinons devant l’insurrection, nos discussions sont inutiles. Mais Érin est le joyau de l’Angleterre, elle est un des fleurons de la couronne posée sur la tête de Sa Gracieuse Majesté la Reine. Quand l’Irlande entière devrait être mise à feu, quand la moitié de l’armée anglaise devrait périr, il ne nous appartient pas de permettre que la puissance de la couronne soit entamée.

Au moment où le secrétaire en chef pour l’Irlande achevait ces paroles, on lui remit un pli apporté par un messager inconnu, qui s’était retiré aussitôt. Le haut fonctionnaire jeta les yeux sur le cachet de cire noire et pâlit. En exergue, au-dessus d’une épée et d’une croix en sautoir, il venait de lire trois mots menaçants : Revenge and liberty !

D’une main tremblante il ouvrit la lettre, et ses collègues anxieux, devinant l’objet de son trouble, attendirent la communication de cette pièce. Il la parcourut des yeux et tomba sur son fauteuil, tandis que le chancelier de l’Échiquier la lui arrachait des mains pour la lire à haute voix :

« Milord, disait-elle, votre poste de secrétaire en chef pour l’Irlande vous fait un devoir de vous trouver dans vingt-quatre heures à Dublin pour me rendre la ville et y prononcer la déchéance de la puissance anglaise. Si vous y êtes, vous aurez la vie sauve ; si vous y manquez, j’en conclurai que vous avez eu peur d’y venir. »

Et c’était signé : « FERGUS. »

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