Mon enquête sur l’observation des phénomènes inexpliqués

Un certain nombre de mes lecteurs se souviennent peut-être de l’enquête générale que j’ai faite dans le cours de l’année 1899 sur l’observation des phénomènes inexpliqués de télépathie, de manifestations de mourants, de rêves prémonitoires, etc., enquête publiée en partie dans mon ouvrage L’Inconnu et les problèmes psychiques. J’ai reçu 4.280 réponses, composées de 2.456 NON et de 1.824 OUI. Sur ces dernières, il y a 1.758 lettres plus ou moins détaillées, dont un grand nombre étaient insuffisantes comme documents à discuter. Mais j’ai pu en réserver 786 importantes qui ont été classées, transcrites quant aux faits essentiels, et résumées dans l’ouvrage dont je viens de parler. Ce qui frappe dans toutes ces relations, c’est la loyauté, la conscience, la franchise, la délicatesse des narrateurs, qui tiennent à cœur de ne dire que ce qu’ils savent et comme ils le savent, sans rien ajouter ni retrancher. Chacun est là le serviteur de la vérité.

Ces 786 lettres transcrites, classées et numérotées, contiennent 1.130 faits différents.

Les observations exposées dans ces lettres ont présenté à mon examen plusieurs sortes de sujets, que l’on peut classer comme il suit :

MANIFESTATIONS ET APPARITIONS DE MOURANTS.

MANIFESTATIONS DE VIVANTS NON MALADES.

MANIFESTATIONS ET APPARITIONS DE MORTS.

VUE DE FAITS SE PASSANT AU LOIN.

RÊVES PRÉMONITOIRES. PRÉVISION DE L’AVENIR.

RÊVES APPRENANT DES MORTS.

RENCONTRES PRESSENTIES.

PRESSENTIMENTS RÉALISÉS.

DOUBLES DE VIVANTS.

COMMUNICATIONS DE PENSÉES À DISTANCE.

IMPRESSIONS RESSENTIES PAR DES ANIMAUX.

APPELS ENTENDUS À DE GRANDES DISTANCES.

MOUVEMENTS D’OBJETS SANS CAUSE APPARENTE.

PORTES FERMÉES AU VERROU, S’OUVRANT SEULES.

MAISONS HANTÉES.

EXPÉRIENCES DE SPIRITISME.

Depuis cette époque, j’ai reçu de nouveaux documents. Ce casier de ma bibliothèque manuscrite s’élève aujourd’hui à plus d’un millier de lettres, contenant environ 1.500 observations qui, scrupuleusement examinées, paraissent sincères et authentiques. Les douteuses ont été éliminées. Ces récits proviennent, en général, de personnes étonnées, soucieuses de recevoir, s’il est possible, une explication de ces faits si étranges, souvent fort impressionnants. Tous les récits qu’il m’a été possible de vérifieront été trouvés exacts quant au fond, parfois modifiés ensuite, dans la forme, par une mémoire plus ou moins confuse.

Dans L’Inconnu, j’ai publié une partie de ces relations. Mais j’ai exclu de cet ouvrage 74 #id_origin74 les phénomènes éloignés du plan principal, qui était la démonstration de facultés de l’âme inconnues.

J’ai exclu, dis-je, les « mouvements d’objets sans cause apparente », les « portes fermées au verrou et s’ouvrant seules », les « maisons hantées », les « expériences de spiritisme », c’est-à-dire précisément les faits étudiés dans cet ouvrage-ci, où j’espérais pouvoir les publier. Mais la place me manque. Dans mon désir d’offrir aux lecteurs la documentation la plus complète possible, pour fixer leur opinion définitive, j’ai été débordé, et ne puis maintenant ajouter encore ici ces observations, moins importantes, d’ailleurs, que les précédentes, et faisant souvent double emploi avec elles.

Il est cependant particulièrement intéressant d’en signaler quelques-unes.

Tout d’abord, voici une communication d’une certaine valeur intrinsèque, qui m’a été remise par mon ami regretté VICTORIN JONCIÈRES, le compositeur de musique bien connu, auteur de Dimitri ; inspecteur général du ministère des Beaux-Arts. Il s’agit d’une observation faite par lui-même, à son complet ébahissement.

J’étais en tournée d’inspection des écoles de musique de province, dans une ville que je ne puis nommer pour les raisons que je vous ai dites. Je sortais de la succursale de notre Conservatoire, après avoir examiné la classe de piano, lorsque je fus accosté par une dame qui me demanda ce que je pensais de sa fille, et si je jugeais qu’elle devait prendre la carrière artistique.

Après une conversation assez longue, dans laquelle je promis d’aller entendre la jeune artiste, je me trouvai engagé à me rendre le soir même (car je partais le lendemain) chez un de leurs amis, haut fonctionnaire de l’Etat, et à assister à une séance de spiritisme.

Le maître de la maison me reçut avec une extrême cordialité, me rappelant la promesse que j’avais faite de garder le secret sur son nom et sur celui de la ville qu’il habite. Il me présenta sa nièce, le médium, auquel il attribue les phénomènes qui ont lieu dans sa maison. C’est, en effet, depuis que cette jeune fille, après la mort de sa mère, est venue habiter chez lui, qu’ils ont commencé.

C’était, au début, des bruits insolites dans les murs ; dans les planchers ; des meubles qui se déplaçaient sans qu’on y touchât ; des gazouillements d’oiseaux. M. X. crut d’abord à quelque farce organisée, soit par un des siens, soit par un de ses commis. Il ne découvrit, cependant, malgré la surveillance la plus active, aucune supercherie, et il finit par acquérir la conviction que les phénomènes étaient produits par des agents invisibles, avec lesquels il crut communiquer. Bientôt il obtint des coups frappés, de l’écriture directe, des apports de fleurs, etc., etc.

Il me conduisit, après ce récit, dans une grande salle aux murs nus, dans laquelle se trouvaient réunies plusieurs personnes, parmi lesquelles sa femme et un professeur de physique du lycée ; en tout, une dizaine d’assistants. Au milieu de la pièce se trouvait une énorme table en chêne, sur laquelle étaient placés du papier, un crayon, un petit harmonica, une sonnette et une lampe allumée.

— L’esprit m’a annoncé tantôt qu’il viendrait à dix heures, me dit-il ; nous avons une bonne heure devant nous. Je vais la mettre à profit pour vous lire les procès-verbaux de nos séances depuis un an.

Il déposa sur la table sa montre, qui marquait neuf heures moins cinq, et la recouvrit d’un mouchoir.

Pendant une heure, il se mit à lire les histoires les plus invraisemblables. J’avais hâte, cependant, de voir quelque chose.

Tout à coup, un bruyant craquement se fit dans la table. M. X. enleva le mouchoir qui recouvrait la montre : elle indiquait exactement dix heures.

— Esprit, es-tu là ? Fit-il.

Personne ne touchait la table autour de laquelle, sur sa recommandation, nous formions la chaîne, nous tenant par la main.

Un coup violent retentit.

La jeune nièce appuya ses deux petits doigts contre le rebord de la table et nous pria de l’imiter. Et cette table, d’un poids énorme, s’éleva bien au-dessus de nos têtes, de telle sorte que nous fûmes obligés de nous lever pour la suivre dans son ascension. Elle se balança quelques instants dans l’espace et descendit lentement vers le sol où elle se posa sans bruit.

Alors, M. X. alla chercher un grand dessin de vitrail. Il le plaça sur la table et mit à côté un verre d’eau, une boîte à couleurs et un pinceau. Puis il éteignit la lampe. Il la ralluma au bout de deux ou trois minutes : le dessin, encore humide, était colorié en deux tons, en jaune et en bleu, sans qu’aucun coup de pinceau eût dépassé les lignes tracées.

En admettant que quelqu’un de l’assistance eût voulu jouer le rôle de l’esprit, comment, dans l’obscurité, aurait-il pu manier le pinceau sans sortir des limites du dessin ? J’ajouterai que la porte était hermétiquement fermée, et que pendant le très court espace de temps qu’avait duré l’opération, je n’entendis que le bruit de l’eau agitée dans le verre.

Des coups furent alors frappés dans la table, correspondant à des lettres de l’alphabet. L’esprit annonçait qu’il allait produire un phénomène spécial pour me convaincre personnellement.

Sur son ordre, la lampe fut éteinte de nouveau. L’harmonica fit alors entendre un petit motif guilleret, à six-huit. À peine la dernière note avait-elle cessé de résonner, que M. X... ralluma la lampe. Sur une feuille de papier à musique qui avait été mise près de l’harmonica, le thème était écrit au crayon, très correctement. Il n’eût pas été possible à l’un des assistants de le noter dans la nuit absolue sur les portées du papier.

Éparses sur la table, gisaient treize marguerites fraîchement coupées.

— Tiens, dit M. X..., ce sont des marguerites du pot de fleurs qui est au bout du couloir.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, la porte de la salle où nous étions réunis était restée close, et personne n’avait bougé. Nous allâmes dans le couloir et nous pûmes vérifier, en voyant les tiges dégarnies de leurs fleurs, que celles-ci provenaient de la place indiquée.

À peine étions-nous rentrés dans la pièce que la sonnette, qui était sur la table, s’éleva en tintant jusqu’au plafond, d’où elle retomba brusquement dès qu’elle l’eut touché.


*
*  *

Le lendemain, avant mon départ, j’allai rendre visite à M. X....

Il me reçut dans sa salle à manger. Par la fenêtre grande ouverte, un beau soleil de juin inondait la pièce de sa brillante clarté.

Tandis que nous causions à bâtons rompus, une musique militaire retentit an loin. « S’il y a un esprit ici, dis-je en riant, il devrait bien accompagner la musique. » Aussitôt des coups rythmes, suivant exactement la cadence du pas redoublé, se firent entendre dans la table. Les crépitements s’évanouirent peu à peu, sur un decrescendo très habilement observé, à mesure que se perdaient les derniers éclats des cuivres.

« Un bon roulement pour finir ! » dis-je, quand ils eurent complètement cessé. Et un roulement serré répondit à ma demande, tellement violent que la table tremblait sur ses pieds. Je mis la main dessus, et je sentis très nettement les trépidations du bois frappé par une force invisible.

Je demandai à visiter la table. On la renversa devant moi, et je me livrai à l’examen le plus attentif du meuble et du plancher. Je ne découvris rien. D’ailleurs, M. X... ne pouvait vraiment prévoir que pendant ma visite une musique militaire passerait, et que je demanderais à la table de l’accompagner en imitant le tambour.

Depuis, je suis retourné dans cette ville et j’ai assisté à d’autres séances également fort curieuses. Je serais enchanté, comme je vous l’ai dit, mon cher maître et ami, de vous y conduire un jour. Mais ce « haut fonctionnaire » tient absolument à rester inconnu.

Ces observations remarquables de mon ami Joncières ont évidemment leur valeur, et sont à leur place ici, à la suite de toutes les précédentes.

En voici d’autres, dues à un observateur sceptique et attentif, M. CASTEX-DÉGRANGE, sous-directeur de l’École nationale des Beaux-Arts de Lyon, dont la véracité et la sincérité ne peuvent pas, non plus, faire l’ombre d’un soupçon. J’ai reçu de son obligeance un grand nombre de lettres intéressantes, et je lui demanderai la permission d’en extraire les passages les plus importants.

La suivante est datée du 18 avril 1899.

Pour la seconde fois, je vous affirme, sur l’honneur, que je ne vous dirai rien qui ne soit strictement vrai, et la plupart du temps facile à contrôler.

Malgré le métier que je professe, je ne suis pas le moins du monde doué d’imagination. J’ai beaucoup vécu dans la compagnie des médecins, gens peu crédules, par état, et soit par suite de mes dispositions naturelles, soit à cause des principes que je puisais en cette société, j’ai toujours été très sceptique.

C’est même une des causes qui m’ont fait abandonner mes expériences. J’obtenais des choses stupéfiantes, et pourtant il m’était impossible d’arriver à croire à moi-même. J’étais bien convaincu que je ne cherchais pas à me tromper moi-même ou à tromper les autres, et, ne pouvant me rendre à l’évidence, je cherchais toujours une raison en dehors. Cela me faisait souffrir. J’ai cessé.

Je termine ici ce préambule et vais vous développer la marche de mes observations.


*
*  *

Je connaissais une réunion de gens s’occupant de spiritisme et de tables tournantes, j’en avais fait un peu ma tête de turc, ne leur ménageant jamais une bonne farce de rapin quand j’en trouvais l’occasion.

Il me semblait, que ces braves gens, très convaincus, d’ailleurs, étaient tous un peu... maboules ! (Soyons fin de siècle !)

J’arrive un jour chez eux. Le salon était éclairé par deux larges fenêtres. Je commence par les plaisanter comme d’habitude. Ils me répondent en m’invitant à me mêler à eux.

— Mais, répliquai-je, si je me mets à votre table, elle ne tournera plus, parce que, moi, je ne la pousserai pas !

— Venez tout de même !

Ma foi ! pour rire, j’essaie.

À peine avais-je les mains sur la table, qu’elle se précipite sur moi.

Je dis à la personne en face de moi :

— Ne poussez donc pas si fort !

— Mais, monsieur, je n’ai pas poussé !

Je remets le guéridon en place.

Cela recommence !

Une fois, deux fois, trois fois.

Je m’impatiente et dis :

— Ce que vous faites là n’est pas adroit. Si vous voulez me convaincre, ne poussez pas.

Alors la personne me répond :

— On ne pousse pas, seulement vous avez probablement tant de fluide que la table se porte vers vous, peut-être la feriez-vous marcher seul !

— Oh ! si je la faisais marcher seul, ce serait différent !

— Essayez.

Tout le monde se retire. Je reste seul en tête-à-tête avec le meuble.

Je le prends, le soulève, l’examine bien. Pas de truc !

Je fais passer tout le monde derrière moi. Je faisais face aux fenêtres et j’avais l’œil ouvert, je vous assure !

J’étends les bras le plus loin possible, pour bien voir, ne posant que le bout des doigts sur la table.

Au bout de deux minutes à peine, elle se met à se balancer. J’avoue que j’étais bien un peu sot, mais ne voulant pas me rendre :

— Oui, elle bouge peut-être, dis-je ; il est possible qu’un fluide ignoré agisse sur elle, mais, en tout cas, elle ne vient pas à moi, et tout à l’heure on la poussait.

— Non, me dit un assistant, on ne la poussait pas, seulement quoique très chargé de fluide, il faudrait pour la reproduction du phénomène l’aide d’une autre personne ; seul vous n’êtes pas suffisant.

Voulez-vous permettre qu’une personne mette une main sur la votre, sans toucher la table ?

— Oui.

On pose une main et j’observe.

Aussitôt, la table se met en mouvement et vient se presser contre moi.

Les personnes présentes se récrièrent et prétendirent avoir mis la main sur un médium. J’étais peu flatté du titre, que je considérais comme synonyme de fou.

— Vous devriez chercher à écrire, me dit quelqu’un.

— Qu’entendez-vous par là ?

— Voici. Prenez du papier, une plume, laissez votre bras inerte, et demandez qu’on vous fasse écrire.

J’essaie.

Au bout de cinq minutes, je sens mon bras comme enveloppé d’une couverture de laine, puis, malgré moi, ma main se met à tracer d’abord des barres, puis des o, des a, des lettres de toutes sortes, comme le ferait un écolier apprenant à écrire, puis, tout à coup, le mot fameux qu’on attribue à Cambronne à Waterloo ! !

Je vous assure, cher maître, que je n’ai nullement l’habitude de me servir de ce vocable, et qu’il n’y avait pas là d’auto-suggestion. J’étais absolument STUPÉFAIT.

Je continuai chez moi ces expériences.


*
*  *

1° Un jour que j’étais assis à mon bureau, je sens mon bras pris. Je laisse aller ma main. On écrit :

« Ton ami Aroud va venir te voir. — Il est en ce moment à tel bureau d’omnibus de banlieue : il demande le prix des places et l’heure des départs. »

(Ce M. Aroud est chef de bureau à la police. Préfecture du Rhône.)

En effet, une demi-heure après, Aroud arrive. Je lui conte le fait.

— Heureusement pour vous que vous vivez au dix-neuvième siècle, me dit-il. Il y a quelque cent ans, vous n’eussiez pas échappé au bûcher.


*
*  *

2° Une autre fois, encore à mon bureau, le phénomène s’annonce.

« Ton ami Dolard va venir te voir. »

Une heure après, il arrive en effet. Je lui raconte comment je l’attendais. Fort incrédule de sa nature, ce fait le rend pourtant rêveur. Je le vois revenir le lendemain.

— Pouvez-vous, me dit-il, obtenir une réponse à une question que je vous poserai ?

— Ne me la posez pas, lui répondis-je, pensez-la. Nous allons essayer.

J’ouvre ici une parenthèse pour vous dire que je connaissais depuis trente ans Dolard, qui avait été mon camarade aux Beaux-Arts. Je savais qu’il avait perdu un frère aîné, qu’il avait été marié et avait eu successivement la douleur de perdre tous les siens. C’était tout ce que je savais de sa famille.

Je prends la plume et l’on écrit :

« Ta sœur SOPHIE vient de terminer sa peine. »

Or, Dolard avait demandé mentalement ce qu’était devenu l’esprit d’une sœur qu’il avait perdue il y avait quarante-deux ans, qui se nommait Sophie, et dont je n’avais jamais entendu parler.


*
*  *

3° J’avais pour directeur à l’École de Lyon un ancien architecte de la ville de Paris, M. Hédin.

M. Hédin n’avait qu’une fille, qui était mariée depuis peu à un autre architecte, M. Forget, à Paris.

Cette jeune femme devint enceinte.

Un jour, où j’étais bien éloigné de penser à elle, le même phénomène se manifeste. On écrit :

« M me Forget va mourir. »

Mme Forget n’était nullement malade, en dehors de sa grossesse.

Le lendemain matin, M. Hédin me dit que sa fille était aux douleurs. Et, le même soir, il m’apprit que sa femme venait de partir à Paris auprès d’elle.

Le lendemain de ce jour, je reçois l’ordre de prendre le service. Mme Hédin avait télégraphié à son mari d’accourir. Sa fille était atteinte de la fièvre puerpérale. Le père n’a trouvé, en arrivant, qu’un cadavre !


*
*  *

4° J’avais un cousin du nom de Poncet (mort depuis), ancien pharmacien à Beaune.

Je ne connaissais nullement son appartement.

Un jour, il vint à Lyon voir notre tante commune (celle qui eut la vision dont je vous ai entretenu. — L’Inconnu, p. 169).

Nous causions de ces choses extraordinaires. Il était incrédule.

— Essayez donc, me dit-il, de me faire retrouver une chose sans valeur aucune, mais à laquelle je tenais beaucoup, parce qu’elle avait appartenu à ma femme défunte. J’avais d’elle un petit paquet de dentelles qu’elle affectionnait, et je ne sais plus où il est.

On écrit : « Il est dans le tiroir du milieu du secrétaire de la chambre à coucher, derrière un paquet de cartes de visite. »

Mon cousin écrit à sa domestique restée à Beaune, sans lui dire de quoi il s’agissait :

« Envoyez par la poste un petit paquet, que vous trouverez à tel endroit, derrière un paquet de cartes de visite. »

Par retour du courrier, les dentelles arrivaient.

Notez, cher maître, que pendant les expériences, je n’étais nullement endormi, et que je causais comme d’habitude.


*
*  *

5° Un de mes amis d’enfance, M. Laloge, actuellement marchand de cafés et de chocolats à Saint-Etienne, avait eu pour professeur, ainsi que moi, un excellent homme que nous aimions beaucoup et qui se nommait Thollon 75 #id_origin75.

M. Thollon, après avoir fait l’éducation des enfants du prince d’Oldenbourg, oncle de l’empereur actuel de Russie, était revenu en France et était entré à l’Observatoire de Nice.

Nous eûmes le chagrin de le perdre peu après.

Laloge possédait son portrait en photographie, mais l’avait égaré. Il vint me supplier d’essayer de le retrouver.

On écrit :

« La photographie est dans le tiroir d’en haut du secrétaire dans la chambre. »

Laloge avait deux pièces, l’une qu’il nommait salon, l’autre « la chambre ».

— On se trompe, dit-il. J’ai tout bousculé à l’endroit indiqué, et n’ai rien trouvé.

Le soir, ayant un objet à chercher dans ce tiroir, au milieu d’un paquet de papier à lettres, il aperçoit un petit coin noir qui dépassait. Il tire. C’était la photographie.


*
*  *

6° Camille Bellon, 50, avenue de Noailles à Lyon, avait trois jeunes enfants dont il avait confié l’éducation à une jeune institutrice.

Cette personne se retira quand les enfants entrèrent au lycée, et quelque temps après épousa un charmant homme, dont j’ai malheureusement oublié le nom, mais que je puis facilement retrouver au besoin.

Cette jeune femme vint en voyage de noces visiter son ancien patron. Je fus invité à aller passer une journée avec eux au château de mon ami Bellon.

Au cours de cette visite, on parla des phénomènes spirites, et le nouveau marié, médecin vétérinaire très instruit, me plaisanta sur ma soi-disant médiumnité. J’en riais, comme de juste, et nous nous quittâmes les meilleurs amis du monde.

À quelques jours de là, je reçois une lettre de mon ami. Il en avait reçu lui-même une de cette jeune dame qui était désolée. Elle avait perdu son anneau de mariage, et en était au désespoir. Elle priait mon ami de me demander de le lui faire retrouver.

On écrit :

« L’anneau est tombé de son doigt pendant son sommeil. Il est sur un des taquets qui soutiennent le sommier de son lit. »

Je transmets la dépêche. Le mari passe la main entre le bois de lit et le sommier ; la femme en fait autant. On ne trouve rien.

À quelques jours de là, ayant décidé de changer la disposition de leur logis, ils transportent leur lit dans une autre pièce. Naturellement, on enlève le sommier pour le passer dans l’autre chambre. L’anneau était sur un des taquets. On ne l’avait pas trouvé quand on l’avait cherché, parce qu’il avait glissé sous le sommier qui n’adhérait pas au taquet en cet endroit.


*
*  *

7° Un de mes amis, Boucaut, 15, quai de la Guillotière à Lyon, avait égaré une lettre dont il avait grand besoin. Il me prie de demander où elle était.

On répond :

« Qu’il se souvienne qu’il a un four dans son jardin. »

Je me mets à rire à cette réponse, en lui disant que c’était une plaisanterie n’ayant aucun rapport avec sa demande. Comme il insistait pour la connaître, je la lui lis.

— Mais si ! me dit-il, cela répond très bien. Mon fermier avait fait cuire son pain. J’avais des tas de papiers, dont je voulais me défaire, que je voulais brûler. Ma lettre a dû brûler dans le tas que j’ai incinéré.


*
*  *

8° Un soir, dans une réunion, composée d’une vingtaine de personnes, une dame vêtue de noir accueillit mon entrée par un petit ricanement.

Après les présentations d’usage, cette dame m’adresse la parole :

— Monsieur, vous serait-il possible de demander à vos esprits de répondre à une question que je vais vous poser ?

— D’abord, madame, je n’ai pas d’esprits à ma disposition, mais j’en manquerais totalement, d’esprit, si je vous répondais affirmativement. Vous ne me supposez pas assez inintelligent pour ne pas trouver une réponse quelconque et, par conséquent, si mes Esprits, comme vous dites si bien, nous répondaient par hasard, vous ne seriez pas convaincue, et vous auriez raison. Écrivez votre demande. Mettez-la sous enveloppe, là, sur la table, et nous allons essayer. Vous voyez que je ne suis pas en état de somnambulisme, et vous devez penser qu’il m’est de toute impossibilité de connaître le contenu de ce que vous allez y renfermer.

Ainsi fut fait.

Au bout de cinq minutes, j’étais, je vous assure, bien embarrassé ! J’avais écrit une réponse, mais telle que je n’osais la communiquer. La voici d’ailleurs :

— Vous êtes en très mauvaise voie, et, si vous persistez, vous serez vertement punie. Le mariage est chose sainte, et l’on ne doit pas voir en lui une question d’argent.

Après quelques précautions oratoires, je me décide à lui lire cette réponse. Cette dame devient rouge pourpre et allonge la main pour s’emparer de l’enveloppe.

— Pardon, madame, répliquai-je en mettant ma main dessus : vous avez commencé par vous moquer de moi. Vous avec désiré une réponse ; il est de toute justice, puisque nous faisons une expérience, que nous connaissions la demande faite.

Et je déchire le pli. Voici ce qu’il contenait :

— Le mariage que je cherche à faire aboutir entre M. X. et Mlle Z. aura-t-il lieu, et, dans ce cas, me donnera-t-on ce que l’on m’a promis ?

Cette dame ne se tint pourtant pas pour battue.

Elle pose une seconde question dans les mêmes conditions.

Réponse :

« F...-moi la paix ! Quand je vivais, tu m’abandonnais. À présent, laisse-moi tranquille ».

Sur ce, cette dame se lève et disparaît.

Je vous ai dit qu’elle était en deuil. Sa demande était celle-ci :

— Qu’est devenue l’âme de mon père ?

Son père avait été malade pendant six mois. Durant sa maladie, me dirent les personnes présentes qui étaient stupéfiées du résultat, elle n’avait pas été lui rendre une seule visite.


*
*  *

9° Un jour, je venais de perdre un de mes bons camarades. J’étais accoudé à mon bureau, et je songeais à ce que pouvait bien être l’au-delà ; si tout le travail accompli était irrémédiablement perdu pour celui qui l’avait fait et, si l’au-delà existait, quelle pouvait bien être la vie qu’on y menait. Tout à coup, le phénomène bien connu de moi se produit. Naturellement, je laisse aller ma main, et voici ce que je lis :

— Vous désirez savoir quelles sont nos occupations ?... Nous organisons la matière, nous améliorons les esprits, et surtout nous adorons le Créateur de vos âmes et des nôtres.

ARAGO.

Dans toutes les communications que j’ai obtenues, toutes les fois que venait sous ma plume un mot représentant l’idée de l’Être suprême, comme Dieu, le Tout-Puissant, etc., l’écriture doublait de volume, pour reprendre aussitôt après dans la même dimension que précédemment 76 #id_origin76.

Il me serait facile de vous présenter des exemples, plus nombreux encore, des phénomènes bizarres qui me sont arrivés, mais ceux-ci me paraissent déjà assez remarquables. Je m’estimerai heureux si cette relation véridique peut vous aider dans vos importantes recherches.

La lettre que l’on vient de lire renferme une série de faits de si haut intérêt que je n’ai pas tardé à entrer en correspondance suivie avec l’auteur. Et d’abord, je crus devoir l’interroger sur les conclusions qu’il avait pu tirer lui-même de son expérience personnelle. Voici un extrait de ses réponses.

1er mai 1899.

Vous me demandez, mon cher maître : 1° si j’ai conclu avec certitude à l’existence d’un ou de plusieurs esprits ?

— Je suis absolument de bonne foi. Je m’examine moi-même comme le ferait un chirurgien auprès d’un malade. Je suis tellement de bonne foi que j’ai longtemps cherché (sans parvenir à le trouver) un homme de l’art qui consentît à étudier sur moi le phénomène pendant qu’il se produit ; à constater l’état du pouls, la chaleur de la peau, etc., etc., en un mot le côté physique apparent. Donc, à mon avis, il n’y a pas auto-suggestion, et la preuve, c’est que j’ignorais absolument les choses que j’écrivais mécaniquement, tellement mécaniquement que lorsque, par hasard, mon attention était détournée, soit par une lecture, soit par une conversation, et que j’oubliais de regarder ou en était ma main, quand j’arrivais au bord du papier, l’écriture continuait à rebours et AUSSI RAPIDE, de telle sorte qu’il me fallait retourner le papier pour lire en transparence ce qui y était écrit.

Donc, s’il n’y a pas auto-suggestion ni état somnambulique (j’étais absolument éveillé et pas le moins du monde hypnotisé), il y a des « forces » externes agissant sur nos sens, « forces intelligentes ».

C’est là mon opinion absolue.

Maintenant, ces forces sont-elles des « esprits » ? Appartiennent-elles à des êtres, nos semblables ?...

Il est évident que cette hypothèse expliquerait beaucoup de choses, tout en en laissant pas mal d’obscures.

Comme j’ai constaté à diverses reprises un état mental des plus inférieurs chez ces « êtres », j’en ai conclu qu’il n’est pas absolument nécessaire que ce soient des « hommes ».

Il y a, dit-on, des étoiles que la photographie seule peut révéler, et qui, possédant une couleur inappréciable pour notre œil, nous restent invisibles. D’autre part, on passe au travers d’un gaz sans éprouver de résistance. Qui nous dit qu’il n’y a pas autour de nous des êtres invisibles ?

Et, voyez l’instinct de l’enfant, de la femme, des êtres faibles en général. Ils craignent l’obscurité, l’isolement leur fait peur. Ce sentiment est instinctif, irraisonné. N’est-ce pas une intuition de la présence de ces personnages invisibles et contre lesquels on est désarmé ?

C’est là une pure hypothèse de ma part, mais enfin elle me semble soutenable.

Quant à leur nombre, je les crois légion.

2° Vous me demandez si j’ai pu établir leur identité ?

Ils signent de n’importe quel nom, choisissant de préférence des noms illustres auxquels ils font parfois dire les plus grosses stupidités.

De plus, l’écriture cesse souvent brusquement, comme si un courant électrique venait à être interrompu, et cela sans raison appréciable. Puis elle change ; puis des choses sensées se terminent par des absurdités, etc., etc.

Comment nous y reconnaître ?

C’est dépité de ces résultats incohérents que j’avais depuis longtemps abandonné ces exercices quand vos recherches si attachantes sont venues réveiller le vieil homme.

Si le dédoublement inconscient de l’individu, son extériorisation peut, à la rigueur, s’admettre parfois, il y a des cas, ce me semble, où cette explication devient impossible.

Je m’explique. Si, pour les faits qui me sont arrivés personnellement et dont je vous affirme sur l’honneur l’authenticité, il en est quelques-uns ou cette extériorisation ait été possible, il en est d’autres où elle me semble impossible.

Oui, à la rigueur, j’ai pu, sans m’en douter, m’extérioriser ou plutôt être, à mon insu, influencé par mon ami Dolard quand, lui présent, il me demandait mentalement ce qu’était devenue l’âme d’une sœur défunte dont j’ignorais le nom et jusqu’à l’existence ; oui, le même fait peut, à la rigueur, expliquer les réponses faites à la dame qui m’interrogeait au sujet d’un mariage et de son père, quoiqu’il faille alors supposer qu’elle me dictait les mots que j’écrivais ; oui, mon ami Boucaud qui cherchait des lettres pouvait, au moment où il me les demandait, penser à ce four dont j’ignorais même l’existence ; oui, tout cela est à la rigueur possible, quoiqu’il faille déjà une forte dose de bonne volonté pour l’admettre.

Oui, encore. — et toujours avec beaucoup de bonne volonté, — une table peut être sous la domination inconsciente d’un musicien présent et dicter une phrase musicale ; mais, il est déjà difficile d’admettre le même phénomène à l’égard de Victor Hugo, dont vous venez de faire connaître au public les curieuses séances. Comment, voilà ce grand poète qui, sollicité par la table de poser en vers une ou plusieurs questions, et, ne se sentant pas de taille, malgré son génie, d’improviser quelque chose de passable, demande un répit pour préparer ses questions, et les remet au lendemain, et vous voudriez que, ce lendemain, une partie de lui-même fonctionne à son insu et fabrique illico, sans aucune préparation, des vers au moins aussi beaux que ceux qu’il a mis un jour entier à créer ! Des vers d’une logique impitoyable et plus profonds que les siens !... Hum !... hum !...

Enfin, admettons encore cela. Vous voyez, cher maître, que j’y mets toute la bonne volonté possible, et que j’ai le plus profond respect pour les méthodes scientifiques ; mais pouvez-vous expliquer par l’extériorisation le fait de retrouver un objet perdu, alors qu’on ignore même la façon dont est organisé l’appartement où il a été perdu ; de savoir deux jours à l’avance la mort d’une personne à laquelle on ne songeait nullement ? Une coïncidence, me direz-vous, possible ! Mais du moins bien étrange.

Et ces dictées à rebours ! et celles où il faut sauter une lettre sur deux !

Non, je crois qu’il ne faut pas se donner tant de peine et se mettre la cervelle à l’envers, car il me semble que c’est chercher un peu midi à quatorze heures. Il faut un effort de tous les diables pour expliquer ce phénomène d’extériorisation se passant à l’insu de son propriétaire. Je ne vois pas bien une partie de mon être prenant la poudre d’escampette et réintégrant le domicile sans que je m’en doute.

Ah ! quant à ce qui est de la production de cette extériorisation d’une façon que je puis nommer volontaire ; quand une personne qui se sent mourir pense violemment à ceux qu’elle aime et dont elle déplore l’absence, oui, il se peut que sa volonté suggestionnant même à son insu la personne absente, les phénomènes de télépathie se produisent, mais dans les phénomènes dont nous parlons, cela me semble plus que douteux.

Je trouve bien plus simple l’explication par la présence et l’action d’un être indépendant, Esprit, Larve ou Élémental.

En somme, que cherchons-nous tous ? La preuve de la survivance de l’individualité après la mort ; TO BE OR NOT TO BE !... Tout est là !... car je vous avoue franchement que si je dois être reversé au grand Tout, j’aime autant être absolument détruit. C’est de la faiblesse, peut-être, mais que voulez-vous, c’est surtout à mon individualité que je tiens ; non pas que j’en fasse grand cas, mais c’est instinctif, et je crois qu’au fond chacun est de cet avis. C’est donc là le but qui passionne, et qui a tant passionné à toutes les époques.

Une des preuves les plus sérieuses que j’aie eu l’occasion de rencontrer de la survivance de l’individu serait, selon moi, la vision qu’a eue ma tante plusieurs jours après la mort d’une amie qui, pour lui donner une preuve de la réalité de son apparition, l’a suggestionnée de la voir dans le costume dont on l’avait revêtue dans son cercueil, costume que ma tante ne connaissait pas.

C’est un des bons et rares arguments que j’aie trouvés en faveur de la survie de l’âme.

Avec cette survie, bien des choses s’expliquent — surtout l’apparente et épouvantable injustice qui se montre partout.

À ces importantes observations de M. Castex Dégrange je voudrais adjoindre celles d’un ingénieur distingué, qui s’est également longuement consacré à l’analyse et à la synthèse de ces phénomènes, M. L. GOUPIL. Il en est d’inédites que je dois à l’obligeance de ce savant. Il en est d’imprimées dans une curieuse brochure (Pour et Contre, Tours, 1893). Mais j’abuse de l’attention des lecteurs, même les plus curieux et les plus avides de savoir. Cependant, je signalerai au moins les conclusions tirées par M. Goupil de ses propres expériences. Les voici, extraites de l’ouvrage dont je viens de parler :

Les séances de tables parlantes sont fort insignifiantes comme science acquise de par les esprits, mais elles ne manquent pas d’intérêt au point de vue de l’analyse des faits et de la science à constituer sur les causes et les lois qui régissent ces phénomènes.

Je crois pouvoir en conclure que les deux théories (réflexe et spirite) sont représentées dans les faits. Il me semble impossible de soutenir qu’il n’intervient pas un facteur intelligent étranger. Quelle est cette intelligence ? Je croirais fort aventuré d’exprimer un avis ferme sur ce point, en présence du disparate de toutes ces communications.

Il est indéniable aussi que les intellects des opérateurs entrent pour une grosse part dans les phénomènes, et qu’ils semblent agir seuls dans bien des cas.

On serait peut-être assez proche de la vérité en définissant le phénomène comme suit :

« Fonctions extérieures du principe animique des opérateurs et surtout du médium, et gouverné par leurs intellects, mais associé parfois avec un intellect inconnu et relativement indépendant de l’homme. »

Des expérimentateurs ont soutenu que jamais les communications obtenues des soi-disant esprits, par l’intermédiaire des médiums, ne dépassaient, en facultés, la personne la plus développée de l’assistance.

Cette assertion se justifie généralement, mais elle n’a rien d’absolu.

Je signalerai, sur ce point, des séances qui ont eu lieu chez moi. Le médium était Mme G... dont je connais l’existence depuis vingt-sept ans, jour par jour, et par suite, le caractère, les mœurs, le tempérament et l’instruction.

Les communications qui ont été obtenues par l’écriture médiumnique ont duré quinze mois.

Mme G... sentait comme une sorte d’audition mentale plutôt qu’auriculaire, psychique plutôt que physique, qui lui dictait bouts de phrases par bouts de phrases ce qu’elle avait à écrire, et cette impression était accompagnée d’une forte envie d’écrire... assimilable à une envie de femme grosse.

Si ce médium portait son attention sur le sens de ces écrits pendant la rédaction, l’influence cessait, et tout rentrait dans les conditions de sa rédaction ordinaire. C’était l’état d’un clerc qui, insouciant, écrirait machinalement sous la dictée du maître. Il en résultait que les écrits, faits au maximum de vitesse d’écriture du sujet, et généralement sans délai après les questions et sans arrêt, étaient d’une enfilée, sans ponctuation ni alinéas, et pleins de fautes d’orthographe résultant de ce que le médium n’était au courant du sens de ses écrits que quand elle s’était relue, du moins pour les communications un peu longues.

Le fond des écrits semble très souvent tiré de nos idées, de nos discours, de nos lectures ou de nos pensées ; mais il y a des exceptions nettement marquées.

Pendant que Mme G... écrivait, je vaquais à d’autres occupations, calculs, musique etc., ou je me promenais par la chambre ; mais je ne prenais connaissance des réponses que quand elle cessait d’écrire.

Rien ne distinguait l’état physique et physiologique du médium, pendant ses écrits, de son état ordinaire. Mme G... pouvait s’interrompre à son gré pour vaquer à d’autres occupations ou répondre sur des choses étrangères à la séance.

Or, jamais elle ne s’est trouvée à court de réplique.

Il n’y a aucune analogie entre ces écrits et les aptitudes de Mme G..., par la promptitude de la répartie, l’ampleur des vues et de la philosophie.

En 1890, j’achetai le livre de Flammarion Uranie, que Mme G... n’a lu qu’en 1891 ; j’y trouvai des doctrines absolument semblables à celles que j’avais déduites de mes expériences et de nos communications. Quelqu’un qui comparerait ces écrits médiumniques aux ouvrages philosophiques de l’astronome français serait porté à croire que Mme G... les avait lus antérieurement.

Les phénomènes psychiques donnent en des lieux éloignés des assertions identiques, par des médiums qui ne se sont jamais connus ; ce qui tendrait à démontrer qu’à travers maintes déclarations contradictoires, du moins en apparence, il y a une certaine unité d’action de la puissance occulte intelligente.

En 1890, également, j’ai lu l’ouvrage du docteur Antoine Cros, le Problème, où j’ai trouvé aussi des concordances étonnantes entre les idées de cet auteur et celles de notre inspirateur inconnu, entre autres : que l’homme se crée lui-même ses paradis et devient ce à quoi il a aspiré.

On doit toujours aller au plus simple dans l’explication des faits, sans vouloir chercher de l’occulte et des esprits partout, mais aussi sans vouloir, quand même, repousser l’intervention d’agents inconnus et nier les faits quand ils ne peuvent s’expliquer.

Il est assez curieux de remarquer que si l’on compare les dictées données par les tables et les autres phénomènes dits de médiumnité aux observations faites dans les états de somnambulisme hypnotique ou naturel, on trouve les mêmes phases d’incohérence, d’hésitation, d’erreur, de lucidité et de surexcitation des facultés.

D’autre part, la surexcitation des facultés n’explique pas les cas de citation de faits inconnus ou de prédictions ; dans maints faits de télépathie ou autres, toute explication éliminant l’intervention d’intelligences étrangères devient boiteuse. Mais il est encore impossible de formuler une théorie. Il existe une lacune à combler par des découvertes nouvelles 77 #id_origin77.

À ces conclusions j’ajouterai deux courts extraits d’une lettre que m’écrivait l’auteur le 13 avril 1899, et d’une autre du 1er juin de la même année.

I. — Répondant à la requête que vous adressez à vos lecteurs, je dirai que je n’ai jamais observé de cas télépathiques, mais que j’ai expérimenté longtemps les phénomènes dits spirites, desquels je fus simple analyste. Je ne conclus pas quant aux théories explicatives. Toutefois, je considère comme probable l’existence de puissances intelligentes autres que l’homme et intervenant en certaines circonstances. Mon opinion est fondée sur un grand nombre de faits curieux et personnels. À mon avis, il n’y a pas la réunion de simples coïncidences, mais circonstances voulues, prévues et amenées par un x intelligent.

II. — De l’ensemble de tout ce que j’ai vu, il y a à la fois réflexe des expérimentateurs et une personnalité indépendante. Cette hypothèse me parait la vraie, en faisant toutefois cette réserve que l’esprit n’est pas un être fini, limité de forme, comme le serait un homme invisible, allant, venant, faisant des commissions pour les humains. J’entrevois un système plus vaste, plus grandiose.

Prenez un volume quelconque de l’océan,
vous avez de l’eau.
Prenez un volume quelconque de l’atmosphère,
vous avez de l’air.
Prenez un volume quelconque de l’espace,
vous avez de l’esprit.

C’est ainsi que je l’interprète.

Voilà pourquoi l’Esprit est toujours présent, prêt à répondre s’il trouve en un lieu une excitation qui le provoque et un organisme qui lui permette de se manifester.

Avouons que le problème est complexe, et que toutes les hypothèses sont utiles à comparer 78 #id_origin78.

Parmi les nombreux documents étalés en ce moment sur mon bureau, je ne puis en insérer ici qu’un petit nombre, quoiqu’ils aient tous leur intérêt particulier. La richesse du sujet nous déborde. Voici pourtant une pièce de l’enquête dont je parlais plus haut, que je regretterais de laisser en dehors du cadre actuel.

L’ancienne gouvernante d’Alfred de Musset, Madame Martelet, née Adèle Colin, qui vit encore à Paris, et qui vient d’assister (en 1906) à l’inauguration de la statue du poète (quoique la mort du charmant écrivain date de l’an 1857), a raconté l’histoire suivante, qui peut être adjointe ici à celle des mouvements sans contact.

Un fait inexplicable dont ma sœur, Mme Charlot, et moi fûmes témoins, nous impressionna vivement. C’était au moment de la dernière maladie de M. de Musset ; jamais je n’oublierai l’émotion que nous eûmes ce soir-là, et j’ai encore les moindres incidents de cette étrange aventure présents à la mémoire. Mon maître, qui n’avait point reposé du tout la nuit précédente, s’était, sur la fin du jour, assoupi dans un large fauteuil. Ma sœur et moi étions entrées sur la pointe des pieds dans la chambre, pour ne point troubler ce repos si précieux, et nous nous assîmes en silence dans un coin, où nous étions dissimulées par les rideaux du lit.

Le malade ne pouvait nous apercevoir, mais nous le voyions très bien, et je contemplais avec peine ce visage de souffrance que je savais n’avoir plus longtemps à regarder. Maintenant encore, quand je veux me rappeler les traits de mon maître, je les vois tels qu’ils m’apparurent ce soir-là. Les yeux fermés, sa belle tête penchée sur le fauteuil, et ses longues mains, maigres, pâles, d’une pâleur déjà de mort, croisées sur ses genoux et crispées. Nous restions immobiles et silencieuses, et la chambre, éclairée seulement par une faible lampe, semblait entourée d’ombres et répandait cette tristesse particulière des chambres de mourants.

Tout à coup, nous entendîmes un grand soupir : monsieur venait de se réveiller, et je vis ses regards se porter sur le cordon de sonnette qui se trouvait auprès de la cheminée, à quelques pas du fauteuil. Il voulait évidemment sonner, et je ne sais quel sentiment me retint clouée à ma place. Toutefois, je ne bougeai pas, et mon maître, ayant horreur de la solitude et la croyant autour de lui dans la chambre, se leva, allongea le bras dans l’intention bien évidente d’appeler quelqu’un ; mais, fatigué déjà par cet effort, il retomba dans le fauteuil sans avoir avancé d’un pas. C’est à ce moment que nous eûmes une surprise qui nous épouvanta. La sonnette — que le malade n’avait pas atteinte — répondit, et, instinctivement, au même moment, ma sœur et moi nous nous saisîmes la main, nous interrogeant anxieusement.

— As-tu entendu ?... As-tu vu ?... Il n’a pas bougé de son fauteuil !

À ce moment, la bonne entra, demanda innocemment : — Monsieur a sonné !

Cette aventure nous jeta dans un trouble extraordinaire, et si je n’avais eu ma sœur avec moi, j’aurais cru à une hallucination ; mais toutes deux nous vîmes, et nous fûmes trois à entendre. Il y a bien des années que tout cela est passé, mais j’ai encore dans l’oreille l’impression sinistre de ce coup de sonnette tintant dans le silence de la chambre.

Cette relation ne parait pas, non plus, dépourvue de valeur. Il y a, sans contredit, plusieurs manières de l’expliquer. La première est celle qui vient à l’esprit de tout le monde. Le Français, né malin, dit Boileau, n’y va pas par quatre chemins, et s’écrie tout simplement, dans son langage toujours imagé et affranchi de distinction littéraire : « Quelle bonne blague ! » Et c’est tout. Quelques-uns peuvent réfléchir un instant de plus et ne pas admettre nécessairement une invention pure de la narratrice, penser qu’elle a cru, ainsi que sa sœur, que Musset n’a pas touché le cordon de la sonnette, tandis qu’en réalité, il l’a touché du bout des doigts. Mais ces dames peuvent répondre que la distance entre la main du poète et l’objet était trop grande, que l’objet était inaccessible dans cette position, et que C’EST PRÉCISÉMENT LÀ LE FAIT QUI LES A FRAPPÉES, et sans lequel il n’y aurait pas d’histoire du tout. On peut supposer aussi que la sonnette a sonné, sans que le cordon eût été agité, par un choc étranger. On peut supposer encore que, dans l’inquiétude de ces heures d’agonie, la femme de chambre soit venue sans avoir rien entendu, et que la coïncidence de son arrivée avec le geste de l’auteur de Rolla aura surpris les deux veilleuses, qui auront cru ensuite avoir entendu. Enfin, tout en le regardant comme inexplicable, on peut admettre le fait raconté. C’est ce qui me paraît le plus logique, d’autant plus que le doux poète a, plusieurs fois dans sa vie, donné d’autres témoignages de facultés de cet ordre.

Voici encore une observation de mouvements d’objets sans contact qui n’est pas sans valeur. Elle a été publiée par le docteur Coues dans les Annales des sciences psychiques de l’année 1893. Les considérations exposées méritent aussi d’être résumées ici. Les observateurs — M. et Mme ELLIOTT COUES — parlent d’après leur propre expérience.

C’est un principe de physique qu’un corps ne peut être mis en mouvement que par l’application d’une force mécanique suffisante pour vaincre son inertie, et la science orthodoxe soutient que l’idée d’une action à distance est une idée erronée.

Les auteurs de la présente étude avancent, au contraire, que des corps pesants peuvent être mus sans aucune espèce d’application directe de force mécanique, et que l’action à distance est un fait bien établi. Nous donnons des preuves de ces propositions par une série d’expériences entreprises dans ce but.

Ces expériences, nous les avons faites à de nombreuses reprises, pendant plus de deux ans, avec des résultats concluants non seulement pour nous-mêmes, mais pour beaucoup d’autres témoins.

Nous ne comprenons pas comment on a pu accepter dans le monde scientifique l’idée que l’expression : ACTION À DISTANCE, soit fausse, à moins que ceux qui y voient une erreur n’attachent à ces mots un sens particulier que nous ignorons.

Il est certain que le Soleil agit à distance sur la Terre et les autres mondes du système solaire. Il est certain qu’une pièce jetée en l’air retombe par suite de l’attraction de la pesanteur, et cela à n’importe quelle distance. La loi de la gravitation, autant que nous le savons, est universelle, et il n’est pas prouvé qu’il existe un milieu pondérable ou autrement sensible, servant à transmettre la force 79 #id_origin79.

Nous allons un peu plus loin même, et nous déclarons que, probablement, toute action de la matière est une action à distance, d’autant plus que, d’après ce que nous savons, il n’y a pas dans l’univers deux particules de matière en contact absolu, et, par conséquent, si elles agissent l’une sur l’autre, ce doit être à quelque distance, cette distance étant infiniment petite et tout à fait inappréciable à nos sens.

Nous soutenons donc que la loi du mouvement à distance est une loi universelle, et que sa négative est une sorte de paradoxe, un simple ergotage.

Les deux, auteurs de cette étude, ordinairement tous deux ensemble, quelquefois séparément, le plus souvent avec un ou plusieurs autres expérimentateurs, quelquefois avec quatre, cinq, six, sept ou huit, ont été témoins, à différentes reprises, en pleine lumière, de mouvements énergiques et même violents, d’une grande table que nul ne touchait, directement ou indirectement. Ces personnes étaient toutes de leurs amis, habitant comme eux la ville de Washington, et voulant toutes sincèrement se rendre compte de la réalité. Pas de médium professionnel.

La scène se passe dans un petit salon, dans notre maison, écrivent-ils. Au centre est une grande et lourde table en chêne marqueté, qui pèse environ 100 livres. Le dessus est ovale et mesure quatre pieds et demi sur trois pieds et demi. Elle a un seul support, au milieu, se divisant en trois pieds à roulettes. An dessus est le lustre, dont plusieurs becs sont allumés et permettent aux dames de lire et de travailler auprès de la table. Le docteur Coues est dans son large fauteuil, dans un coin de cette grande pièce, loin de la table, lisant ou écrivant à la lumière de deux autres becs. Les dames veulent voir si la table « fera quelque chose », comme elles disent.

Le tapis est enlevé. Mme C... assise dans un fauteuil à bascule, bas, met ses mains sur la table. Mme A... assise également dans un fauteuil bas, en fait autant, en face d’elle, à l’autre extrémité du petit diamètre. Leurs mains sont tendues et posées sur le dessus de la table. Dans cette position, elles ne peuvent soulever la table de leur côté avec les mains : cela est de toute impossibilité. Elles ne peuvent pas, non plus, la pousser en appuyant pour la faire se soulever en face, à moins d’un effort musculaire facilement observable. Elles ne peuvent pas, non plus, soulever la table de leur côté avec leurs genoux, parce que ceux-ci sont à un pied au moins de distance du dessus et que, de plus, jamais leurs pieds ne quittent le parquet. Enfin, elles ne peuvent soulever la table au moyen des doigts de pieds passés sous un pied de la table, parce que la table est trop lourde.

Dans ces conditions, et sous la pleine lumière d’au moins quatre becs de gaz, la table, habituellement, commençait à craquer, à produire divers bruits étranges, différents de ceux qu’on pouvait obtenir en appuyant dessus. Ces bruits ont bientôt montré, si j’ose ainsi dire, quelque raison dans leur incohérence, et certains coups ou frappements définis, arrivaient à représenter « oui » et « non ». Suivant un code convenu de signaux, on a pu entreprendre une conversation avec un être inconnu. Alors la table a été généralement assez polie pour faire ce qu’on lui demandait. Un de ses côtés ou un autre se soulevait suivant notre désir : elle allait d’un côté ou de l’autre, comme nous le demandions. Les choses marchant ainsi, nous avons fait l’expérience suivante.

Les deux dames ont retiré leurs mains de la table, et éloigné leurs fauteuils, en y restant assises, à un pied ou deux. Le Dr Coues, de son fauteuil, voyait parfaitement au-dessus et au-dessous de la table. Chacun des pieds des dames était éloigné des pieds de la table d’une distance comprise entre 30 et 90 centimètres. Leurs têtes et leurs mains en étaient encore plus loin ; il n’y avait aucun contact, aucun voisinage de vêtement, même à un ou deux pieds. Dans ces conditions, la table soulève un de ses pieds, et le laisse retomber lourdement. Elle lève deux pieds à une hauteur qui va de trois à six pouces, et quand ils retombent, le coup est assez lourd pour faire trembler le parquet et résonner les globes de verre du lustre. En outre de ces mouvements forts, même violents, la table déploie ses facultés au moyen de frappements ou de balancements.

Ses « oui » ou ses « non » sont ordinairement raisonnables, coïncident quelquefois avec les idées de celui qui questionne, ou, au contraire, sont en opposition persistante avec elles ; quelquefois l’agent affirme être une certaine personne, et maintient cette individualité pendant toute une séance. Ou bien ce caractère s’en va, pour ainsi dire, ou du moins cesse de se manifester, et un autre être le remplace, avec des idées et des opinions différentes : alors les coups ou les mouvements diffèrent aussi. Enfin le meuble inanimé, et que l’on croyait inerte, prend toutes les apparences d’un être animé, doué d’une intelligence analogue à celle d’une personne ordinaire, et s’exprime avec autant de volonté et d’individualité que nous le faisons nous-mêmes. Et pourtant, pendant tout ce temps, aucune des trois personnes présentes ne touche la table. Si ce n’est pas là de la télékinésie, ou mouvement d’objets sans contact, absolument différent du mouvement mécanique ordinaire et normal, nous ne pouvons certainement plus nous fier à nos sens.

Ces observations de M. et Mme Elliott Coues sont tout aussi certaines que celles d’un tremblement de terre, d’un bolide, d’une combinaison chimique, d’une expérience de machine électrique. Les négateurs qui en sourient et n’admettent que la fraude sont des êtres dépourvus de logique.

Quant à l’explication à en donner, c’est une question différente de celle de la constatation pure et simple des faits.

Les auteurs de cette étude, ajoute le narrateur, refusent catégoriquement d’aborder la question de la source ou de l’origine de l’intelligence ainsi manifestée. C’est là une question tout autre, dont nous ne nous mêlons pas. Cette étude est publiée avec l’intention unique, ou du moins principale, d’établir le fait du mouvement sans contact.

Mais ayant constaté le fait bien nettement, et l’ayant établi par les preuves en notre possession, on pourrait peut-être s’attendre à ce que nous offrions quelque explication des choses extraordinaires que nous attestons. Nous répondrons respectueusement que nous sommes tous deux trop vieux et peut-être assez sages pour ne rien prétendre expliquer. Quand nous étions plus jeunes et que nous nous figurions tout savoir, nous pouvions tout expliquer, du moins à notre propre satisfaction. Maintenant que nous avons assez vécu, nous avons découvert que chaque explication d’une chose soulève au moins deux nouvelles interrogations, et nous ne nous sentons aucune envie de nous heurter à de nouvelles difficultés, se multipliant en proportion géométrique par rapport à l’étendue et l’exactitude de nos recherches. Nous nous en tenons à ce principe que rien n’est expliqué tant qu’il y a encore après une explication à chercher ; dans ces conditions, nous croyons mieux faire de reconnaître l’inexplicabilité de tout cela, avant plutôt qu’après de futiles théories.

Voila qui est absolument raisonnable, quoi qu’on en puisse dire. Nous terminerons par là cette enquête complémentaire.

Tous ces faits d’observation mettent sous nos yeux bien des « impossibilités », bien des « incompréhensibilités ». Je pourrais en ajouter d’autres, comme comparaison, qui n’ont aucun rapport avec les précédents, mais sont tout aussi extraordinaires, comme, par exemple, celui de tremper les mains dans de la fonte en fusion, dont la température est de 1600°, et de n’en éprouver aucune sensation de brûlure, lorsqu’il semble, au contraire, que l’on devrait avoir la chair carbonisée jusqu’aux os.

Boutigny a expliqué l’innocuité par l’état sphéroïdal de la vapeur d’eau qui sort des mains et les isole, mais ce n’en est pas moins stupéfiant.

Et maintenant, après ces innombrables constatations de faits, et après toutes ces professions de foi, aurai-je moi-même le courage, la prétention, l’orgueil ou la naïveté de chercher l’explication tant désirée ?

Que nous la trouvions ou non, les faits n’en existent pas moins. Le but de ce livre était d’en convaincre les lecteurs attentifs ; indépendants, et de bonne foi, ayant les yeux de l’esprit absolument sains et librement, entièrement ouverts.

Share on Twitter Share on Facebook