Ce n’est point à la légère que M. Costeclar avait pris le parti de se retirer, malgré les vives instances de M. Favoral.
Si infatué qu’il fût de ses mérites, il avait été contraint de se rendre à l’évidence, et de reconnaître qu’il n’avait pas précisément réussi près de Mlle Gilberte.
Mais il savait, d’autre part, qu’il avait pour lui le maître de la maison, et il se flattait d’avoir produit sur les invités la meilleure impression.
– Donc, s’était-il dit, si je pars le premier, on va chanter mes louanges, chapitrer la petite personne et lui faire entendre raison.
Le calcul ne manquait pas de justesse.
Mme Desclavettes avait été complétement subjuguée par les grandes manières de ce prétendant, et M. Desclavettes ne craignait pas d’affirmer qu’il avait rarement rencontré quelqu’un qui lui plût davantage.
Les autres, M. Chapelain et le papa Desormeaux ne partageaient sans doute pas cet optimisme, mais les cent mille écus annuels de M. Costeclar altéraient étrangement leur clairvoyance.
S’ils avaient cru découvrir en lui certains côtés inquiétants, ils avaient pleine et entière confiance en la prudente sagacité de leur ami Favoral. Le méthodique et méticuleux caissier du Crédit mutuel n’était pas suspect d’enthousiasme, et s’il ouvrait les portes de sa maison à un jeune homme, et s’il tenait tant à l’avoir pour gendre, c’est qu’évidemment il avait pris ses renseignements…
Enfin, il est de ces démêlés de famille dont les gens sensés se gardent comme de la peste, et lorsqu’il s’agit de mariage, surtout, c’est être bien hardi que de prendre parti pour ou contre.
Il ne se trouva donc, à élever la voix, que Mme Desclavettes.
Prenant entre les siennes les mains de Mlle Gilberte :
– Laissez-moi vous gronder, chère petite, dit-elle, d’avoir ainsi accueilli un pauvre jeune homme qui ne cherchait qu’à vous plaire.
Hormis sa mère, trop faible pour prendre sa défense, et son frère, à qui il était interdit d’intervenir, la jeune fille vit bien que dans le salon tout le monde, ouvertement ou tacitement, était contre elle.
L’idée lui traversa l’esprit de répéter là, hardiment devant tous, ce que déjà elle avait dit à son père, qu’elle était résolue à ne se point marier, et qu’elle ne se marierait pas, n’étant pas de ces pauvres jeunes filles sans énergie, qu’on habille de blanc et qu’on traîne à la mairie malgré elles.
Cette déclaration hardie souriait à son caractère. Elle fut retenue par la perspective d’une scène terrible et peut-être dégradante. Les plus intimes amis de la maison en ignoraient les plaies les plus douloureuses. Devant ses amis, M. Favoral dissimulait, adoucissant sa voix et se fardant d’un sourire bonhomme. Fallait-il, tout à coup, révéler la vérité ?…
– C’est un enfantillage que de s’exposer à décourager un brave garçon qui gagne cent mille écus par an, poursuivait l’ancienne marchande de bronzes, à qui une telle conduite semblait un abominable crime de lèse-argent.
Mlle Gilberte avait dégagé ses mains.
– Vous ne l’avez pas entendu, madame, dit-elle.
– Pardonnez-moi, j’étais tout près, et involontairement…
– Vous avez entendu ses… propositions ?
– Parfaitement. Il vous promettait une voiture, une loge à l’Opéra, des diamants, la liberté. N’est-ce pas le rêve de toutes les jeunes filles !…
– Ce n’est pas le mien, madame…
– Bon Dieu ! que pouvez-vous souhaiter de mieux ? Il ne faut pas demander au mariage plus qu’il ne peut donner…
– Ce n’est pas cela que je lui demanderais.
D’un ton de paternelle indulgence, que démentait son regard :
– Elle est folle ! dit M. Favoral.
Des larmes d’indignation roulaient dans les yeux de Mlle Gilberte.
– Madame Desclavettes, s’écria-t-elle, oublie quelque chose. Elle oublie que ce monsieur a osé me dire qu’il se proposait de reconnaître à la femme qu’il épouserait une grosse fortune, qui serait ainsi soustraite à ses créanciers dans le cas où il viendrait à faire de mauvaises affaires.
Elle pensait, en sa naïveté, qu’un cri d’indignation allait s’élever.
Au lieu de cela :
– Eh bien ! n’est-ce pas naturel ? fit l’ancien marchand de bronzes.
– Il me semble plus que naturel, insista Mme Desclavettes, qu’un homme tienne à préserver de la ruine sa femme et ses enfants.
– Parbleu ! dit M. Favoral.
S’avançant résolument vers son père :
– Avez-vous donc pris de telles précautions, vous ? demanda Mlle Gilberte.
– Non ! répondit le caissier du Crédit mutuel.
Et après un moment d’hésitation :
– Mais moi, ajouta-t-il, je n’ai pas de risques à courir. Dans les affaires, et lorsqu’on peut être ruiné par un mouvement de Bourse, on serait bien fou de ne pas assurer du pain aux siens, et de ne pas, surtout, s’assurer à soi-même les moyens de recommencer. Le baron de Thaller n’a pas agi autrement, et s’il lui survenait une catastrophe, Mme de Thaller aurait encore une telle fortune et de quoi doter les siens…
M. Desormeaux était peut-être le seul à ne pas admettre couramment cette théorie, et ne pas se rendre à cette raison, pourtant si décisive : « Cela se fait ! »
Mais il était philosophe, et pensait que c’est une duperie que de n’être pas de son temps. Il se contenta donc de dire :
– Hum ! les créanciers de M. de Thaller ne trouveraient peut-être pas cette façon de procéder parfaitement régulière.
M. Chapelain riait.
– Alors ils plaideraient, fit-il. On peut toujours plaider. Seulement, quand les actes sont bien faits…
Mlle Gilberte était consternée. Elle songeait à Marius de Trégars se dépouillant de la fortune de sa mère pour payer les dettes de son père.
– Que dirait-il, pensait-elle, s’il entendait émettre de telles opinions.
Le caissier du Crédit mutuel poursuivait :
– Assurément, je blâme toute espèce de fraude. Mais je prétends et je soutiens qu’un homme qui a travaillé vingt ans pour donner une belle dot à sa fille, a bien le droit d’exiger de son gendre certaines mesures conservatrices, qui garantissent un argent qui est sien, en définitive, et qui ne doit profiter qu’aux siens.
Cette déclaration devait clore la soirée. Il se faisait tard. Les hôtes du samedi se hâtèrent d’endosser leurs pardessus. Et tout en se retirant :
– Conçoit-on cette petite Gilberte ! disait Mme Desclavettes. Ah ! si j’avais une fille, je ne lui passerais pas de semblables fantaisies. Mais sa pauvre mère est si incroyablement faible !
– Mais ce cher Favoral est ferme pour deux, interrompit M. Desormeaux. Et il est plus que probable qu’il est en train, en ce moment même, de relever sa fille du péché de paresse.
Eh bien ! pas du tout ! Si profondément irrité que dût être M. Favoral, ni ce soir-là, ni le lendemain, il ne fit la plus lointaine allusion à ce qui s’était passé.
Le lundi, seulement, avant de partir pour son bureau, enveloppant sa femme et sa fille de son plus mauvais regard :
– M. Costeclar nous doit une visite, dit-il, et il se peut qu’il se présente en mon absence. Je veux qu’il soit reçu, et je vous défends de sortir pour vous enlever tout prétexte de lui refuser la porte. Je pense qu’il ne se trouvera, dans ma maison, personne d’assez hardi pour mal recevoir un homme qui me plaît, et que j’ai choisi pour gendre…
Mais était-il possible, était-il probable, que M. Costeclar se hasardât à une telle démarche, après l’accueil de Mlle Gilberte, le samedi soir ?
– Non, mille fois non ! affirmait Maxence à sa mère et à sa sœur ; ainsi, vous pouvez être tranquilles…
Elles l’étaient presque, en vérité, quand l’après-midi même, un rapide roulement de voiture attira Mme Favoral à la fenêtre.
Un coupé attelé de deux chevaux gris s’arrêtait devant la porte…
– Ah ! c’est lui ! dit-elle à sa fille.
Mlle Gilberte avait légèrement pâli.
– Il n’y a pas à hésiter, répondit-elle, il faut que tu le reçoives, maman.
– Et toi ?
– Je resterai dans ma chambre.
– Penses-tu donc qu’il ne te demandera pas ?
– Tu lui répondras que je suis souffrante. Il comprendra…
– Mais ton père, malheureuse enfant, ton père !…
– Je ne reconnais pas à mon père le droit de disposer de ma personne contre mon gré. J’exècre cet homme, qu’il me destine. Voudrais-tu donc me voir sa femme, me savoir vouée au plus intolérable supplice ? Non, il n’est pas de violence au monde capable de m’arracher mon consentement. Ainsi, chère mère, fais ce que je te demande. Mon père dira tout ce qu’il voudra, je prends tout sur moi !
Il n’y avait pas à discuter, on sonnait. Mlle Gilberte n’eut que le temps de s’échapper par une des portes du salon, pendant que M. Costeclar entrait par l’autre.
S’il avait assez de perspicacité pour deviner ce qui venait de se passer, il n’en laissa rien paraître ; il s’assit, et ce n’est qu’après avoir parlé un moment de choses indifférentes qu’il demanda des nouvelles de Mlle Gilberte.
– Elle est un peu… indisposée, balbutia Mme Favoral.
Il ne sembla pas surpris. Seulement :
– Ce cher Favoral, dit-il, sera encore plus peiné que moi, quand je lui apprendrai ce contre-temps.
Mieux que toute autre mère, Mme Favoral devait comprendre, approuver et servir les invincibles répugnances de Mlle Gilberte.
À elle aussi, quand elle était jeune fille, son père un jour, était venu dire : Je t’ai découvert un mari.
Elle l’avait accepté les yeux fermés. Toute froissée et meurtrie d’outrages quotidiens, elle s’était réfugiée dans le mariage comme dans un port de salut.
Et depuis, il ne s’était guère écoulé de journée qu’elle ne se dît que mieux pour elle eût valu mourir que de se river au cou cette chaîne que la mort seule peut briser.
Donc, elle donnait raison à sa fille.
Et cependant, vingt années d’esclavage avaient à ce point détendu les ressorts de son énergie, que sous l’œil de M. Costeclar la menaçant de son mari, elle se troublait, ne sachant que balbutier de timides excuses. Et elle le laissa prolonger sa visite, son supplice à elle, par conséquent, une grande demi-heure encore.
Puis, lorsqu’il fut parti :
– Ton père et lui s’entendent, dit-elle à sa fille, ce n’est que trop visible. À quoi bon lutter ?…
Une fugitive rougeur colora les joues pâlies de Mlle Gilberte. Depuis quarante-huit heures qu’elle s’épuisait à chercher une issue à une situation impossible, elle avait accoutumé son esprit aux pires éventualités.
– Veux-tu donc que je déserte la maison paternelle ? s’écria-t-elle.
Mme Favoral faillit tomber à la renverse.
– Tu t’enfuirais, bégaya-t-elle, toi !…
– Plutôt que de devenir la femme de cet homme, oui !
– Et où irais-tu, malheureuse enfant ? et que deviendrais-tu ?
– Je saurais gagner ma vie.
Tristement, Mme Favoral hochait la tête. Les mêmes soupçons qui déjà l’avaient agitée tressaillaient en elle.
– Gilberte ! supplia-t-elle, ne suis-je donc plus ta meilleure amie ? ne me diras-tu pas à quelles sources tu puises ton courage et ta résolution ?
Et comme la jeune fille se taisait :
– Dieu seul sait ce qui peut advenir ! soupira la pauvre femme.
Il n’advint rien qui ne dût être prévu. Quand M. Favoral rentra pour dîner, il sifflait en tempête dans l’escalier. Il s’abstint d’abord de toute récrimination. Mais vers la fin du repas, de l’air le plus goguenard qu’il put prendre :
– Il paraît, dit-il à sa fille, que tu as été indisposée ce tantôt ?
Intrépidement, elle soutint son regard, et d’une voix ferme :
– Je le serai toujours, répondit-elle, quand M. Costeclar se présentera ici. Vous m’entendez, mon père, toujours !…
Mais le caissier du Crédit mutuel n’était pas de ces hommes dont la colère s’évapore en ironies. Se dressant tout à coup :
– Par le saint nom de Dieu ! s’écria-t-il, vous avez tort de vous jouer de mes volontés, car tous, tant que vous êtes ici, je vous briserai comme je brise ce verre…
Et, d’un geste frénétique, il lança le verre qu’il tenait à la main contre le mur où il se brisa en mille pièces.
Plus tremblante que la feuille, Mme Favoral chancelait sur sa chaise.
– Mieux vaudrait la tuer d’un coup, dit froidement Mlle Gilberte, elle souffrirait moins.
C’est par un torrent d’invectives que répondit M. Favoral. Sa rage, comprimée depuis quatre jours, trouvant enfin une issue, s’épanchait en injures grossières et en menaces insensées. Il parlait de jeter dehors, sur le pavé, sa femme et ses enfants, ou de les prendre par la famine, ou d’enfermer sa fille dans une maison de correction. Jusqu’à ce qu’enfin, les expressions manquant à sa furie, hors de lui, il s’élança dehors, en jurant que ce serait lui qui amènerait M. Costeclar et qu’alors on verrait…
– Eh bien ! soit, nous verrons, dit Mlle Gilberte.
Immobile à sa place et blanc comme une statue de plâtre, Maxence avait assisté à cette scène lamentable. Une lueur de bon sens l’éclairant, il avait imposé silence à son indignation. Il avait compris qu’au premier mot qu’il prononcerait, toute la fureur de son père se tournerait contre lui. Et alors, qu’arriverait-il ? Les plus effroyables drames qu’ait vu se dénouer la cour d’assises souvent, n’ont pas eu d’autre origine.
– Non, ce n’est plus tenable ! prononça-t-il.
Même au temps de ses plus grandes folies, Maxence avait toujours eu pour sa sœur une fraternelle affection. Il l’admirait depuis le jour où elle s’était dressée devant lui pour lui reprocher ses désordres. Il lui enviait son calme inaltérable, sa patiente ténacité et cette énergie tranquille qui ne se démentait jamais.
– Patiente, ma pauvre Gilberte, lui dit-il ; le jour, je l’espère, n’est pas éloigné où il me sera donné de commencer à m’acquitter de tout ce que tu as fait pour moi. Je n’ai pas perdu mon temps, depuis que tu m’as rendu la raison. J’ai pris un arrangement avec mes créanciers. On m’a trouvé une position qui n’est pas brillante, mais qui est assez avantageuse pour que je puisse, avant peu, t’offrir, ainsi qu’à notre mère, une retraite paisible.
– Mais c’est demain, interrompit Mme Favoral, c’est demain, Maxence, que ton père ramènera M. Costeclar. Il l’a dit, il le fera…
Il le fit, en effet, et sur les deux heures, M. Favoral et son protégé arrivaient rue Saint-Gilles, dans ce coupé à deux chevaux qui mettait en émoi tous les voisins.
Seulement, les mesures de Mlle Gilberte étaient prises. Elle était au guet, et dès qu’elle entendit le roulement de la voiture, elle courut à sa chambre, se déshabilla en un tour de main et se mit au lit.
Et lorsque son père vint la chercher, la voyant couchée, il demeura béant et tout décontenancé sur le seuil de la porte.
– Tu viendras cependant au salon ! dit-il d’une voix sourde.
– C’est qu’alors vous m’y porterez telle que je suis, répondit-elle, d’un ton de défi, car certainement je ne me lèverai pas.
Pour la première fois depuis son mariage, M. Favoral rencontrait dans sa maison une volonté plus inflexible que la sienne, et une plus indomptable opiniâtreté. Il en était confondu ; il menaçait sa fille de ses poings crispés, mais il ne découvrait aucun moyen de la contraindre à lui obéir. Il était forcé de se rendre, de céder…
– Ceci se payera avec le reste ! gronda-t-il en se retirant.
– Je ne crains rien au monde, mon père, dit la jeune fille.
C’était presque vrai, tant le souvenir de Marius de Trégars enflammait son courage.
Deux fois déjà elle avait eu de ses nouvelles par le signor Gismondo Pulci, lequel ne tarissait plus dès qu’il entamait le chapitre de ce nouvel élève, auquel il avait déjà donné deux leçons.
– C’est le plus galant homme qui soit au monde ! s’écriait-il, l’œil brillant d’enthousiasme, et le plus brave, et le plus généreux et le meilleur, et nulle qualité ne lui manquera, de celles qui peuvent orner une créature de Dieu, quand je lui aurai enseigné l’art divin. Aussi, n’est-ce pas avec un peu d’or méprisable qu’il pense reconnaître mes soins. Pour lui, je suis un second père, et c’est avec la confiance d’un enfant qu’il m’explique ses travaux et ses entreprises…
Ainsi, par le vieux maëstro, Mlle Gilberte apprit que l’article du journal était à peu près exact, et que M. de Trégars et M. Marcolet s’étaient associés pour exploiter de compte à demi certaines découvertes récentes qui promettaient, dans un avenir prochain, des bénéfices considérables.
– C’est pour moi seule, cependant, se répétait la jeune fille, qu’il se jette ainsi dans la mêlée des affaires, qu’il devient âpre au gain autant que ce M. Marcolet lui-même.
Et, au plus fort des persécutions de son père, elle s’applaudissait de ce qu’elle avait fait et de sa hardiesse à remettre sa destinée aux mains d’un inconnu. Le souvenir de Marius était devenu son refuge, l’élément de tous ses rêves et de toutes ses espérances, sa vie, enfin. C’est à Marius qu’elle pensait, quand sa mère la surprenant les yeux perdus dans le vide, lui demandait : « À quoi penses-tu ? » Et à chaque avanie qu’elle endurait, son imagination le parait d’une qualité nouvelle, et elle s’attachait à lui d’une étreinte plus désespérée.
– Quelle serait sa douleur, se disait-elle, s’il venait à apprendre à quels assauts je suis en butte !
Aussi, se gardait-elle bien d’en rien laisser pénétrer au signor Gismondo Pulci, affectant au contraire, en sa présence, la plus inaltérable sérénité.
Pourtant, ses inquiétudes étaient cruelles, depuis qu’elle observait une nouvelle et bien incroyable transformation de son père.
Cet homme si violent et si roide, qui se flattait de n’avoir jamais plié, qui se vantait de n’avoir rien jamais oublié ni pardonné, ce tyran domestique devenait un personnage débonnaire.
Il n’avait reparlé de l’expédient imaginé par Mlle Gilberte que pour en rire, disant que c’était un bon tour, et qu’il le méritait bien.
Car il se repentait amèrement, protestait-il, de ses brutalités passées.
Il avouait que le mariage de M. Costeclar et de sa fille lui tenait au cœur, mais il reconnaissait avoir employé le plus sûr moyen de le faire manquer.
Il eût dû, confessait-il humblement, attendre tout du temps et des circonstances, des excellentes qualités de M. Costeclar et du bon sens de sa fille chérie, de sa belle fillette…
Plus que de toutes les violences, Mme Favoral était épouvantée de cette bonhomie douceâtre :
– Mon Dieu ! soupirait-elle, que nous réserve-t-il encore !…