Dans le même décor.
Marie-Thérèse attend le retour de Beaumarchais. Elle est à la baie vitrée, anxieuse.
Sans doute le voit-elle, car elle court à la porte – et Beaumarchais paraît.
Son visage est empreint d’une gravité sereine.
MARIE-THÉRÈSE. – Alors ?
BEAUMARCHAIS. – Eh ! Bien…
MARIE-THÉRÈSE. – Dis vite.
BEAUMARCHAIS. – Le Comité de Salut Public me demande de remplir une mission secrète à l’étranger.
MARIE-THÉRÈSE. – Tu as refusé, je pense ?
BEAUMARCHAIS. – Non. Non, parce qu’il s’agit de leur procurer des armes. Or je sais soixante mille fusils qui sont retenus en Hollande.
MARIE-THÉRÈSE. – Oh ! Tu vas recommencer !
BEAUMARCHAIS. – Oui. Et ce qui me contrarie le plus, vois-tu, c’est de penser que, dès que j’aurai tourné le dos, ces Messieurs ne manqueront pas de me porter sur la liste des émigrés.
MARIE-THÉRÈSE. – Alors – refuse.
BEAUMARCHAIS. – Non.
MARIE-THÉRÈSE. – Mais – pourquoi ?
BEAUMARCHAIS. – Parce que, mon aimée, bien que ce soient des gens affreux, c’est tout de même mon pays qui me le demande.
RIDEAU