À Monsieur Adolphe Trébuchet, Nantes.

Paris, 20 avril 1820.

Je suis l’exemple d’Abel, mon cher cousin, et je commence par supprimer toute cérémonies car j’espère qu’à la parenté, qui excuse toute familiarité, se joindra bientôt entre nous l’amitié, qui l’autorise. En vérité, lorsque je considère que ta lettre, si aimable et si affectueuse, est datée du 14 mars, tandis que cette réponse est écrite le 20 avril, je t’avoue que je suis honteux de ce retard, et la raison que t’en donne mon frère Abel me rassure moins, toute fondée qu’elle est, que ma confiance en ton amitié et dans l’indulgence de ta famille.

Crois, mon cher Adolphe, que nous n’aurions pu résister aussi longtemps au désir de répondre à ta touchante preuve d’attachement, si nous n’avions voulu t’envoyer en même temps, ainsi qu’à notre oncle, l’ouvrage à qui nous la devions. J’y joins, pour ma part, quelques exemplaires d’autres opuscules dont je te prie de faire hommage en mon nom à mon oncle, à ma tante, et à tes aimables sœurs qui ont peut-être déjà oublié leurs cousins de Paris.

Si nous avions pu en douter, ta lettre nous aurait montré, cher Adolphe, que tu es royaliste comme nous. Nous t’en félicitons, et nous regrettons de n’être pas nés bretons comme toi, car nous sommes tous, ici, vendéens par le cœur. On prétend que je suis à peu près de ton âge, je m’en félicite encore : c’est une conformité de plus avec toi.

Adieu, mon cher cousin, je désire que le Conservateur littéraire soit lu avec quelque indulgence par nos bons parents de Nantes, et j’espère que tu ne tarderas pas à nous donner des nouvelles de toute la famille et notamment de notre tante, dont la santé nous inquiète beaucoup. Maman, qui a été aussi fort malade et très languissante depuis un an, paraît maintenant se rétablir un peu.

Rappelle-moi au souvenir de mes cousines, que je n’ai jamais vues, mais pour lesquelles j’ai toujours éprouvé un attachement fraternel.

Quant à toi, mon cher Adolphe, je te remercie mille et mille fois de ton aimable lettre ; je fais les vœux les plus ardents pour que tu réussisses dans la carrière où tu vas entrer et je termine en t’embrassant cordialement.

Ton dévoué cousin,

V.-M. Hugo.

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