À Monsieur Pinaud.

21 mai 1820.

Monsieur,

Je saisis avec empressement mon premier moment de loisir pour répondre à votre bienveillante lettre et vous prier d’être auprès de l’Académie, qui a bien voulu m’admettre parmi les maîtres ès-Jeux Floraux, l’organe de ma vive et respectueuse reconnaissance. Je vous demande pardon de me répéter si souvent, mais les témoignages, eux-mêmes tant de fois répétés, de l’indulgence de l’Académie à mon égard, m’en donnent le droit et, je dirai plus, m’en imposent l’obligation. Vous devez penser, monsieur, que je remplirai de mon côté avec joie tous les devoirs où m’engage ma nouvelle qualité. Avant peu, lorsque je me serai bien pénétré de leur étendue dans l’utile ouvrage de M. Poitevin que vous avez eu la bonté de m’envoyer (marque d’attention à laquelle j’ai été très sensible), j’aurai l’honneur de vous écrire à ce sujet, et je ferai tous mes efforts pour que l’Académie soit contente de moi, sinon sous le rapport du talent, du moins sous le rapport du zèle.

Nous avons été bien flattés, monsieur, du jugement que vous portez sur le 'Conservateur littéraire Puisque cette lecture vous a procuré quelque plaisir, je vous prie, au nom de mes collaborateurs et au mien, de vouloir bien accepter notre recueil. J’aurai soin qu’il vous parvienne exactement. Vous avez pu voir dans la 3e livraison du tome II que je m’étais empressé, suivant votre désir, d’y faire insérer un extrait du programme ; je regrette que l’espace ait manqué pour rendre un compte plus détaillé du recueil de l’Académie. Je pense que l’on y reviendra. J’ai parlé à plusieurs journalistes, avec lesquels je suis en relations, pour qu’ils insérassent également les dispositions du programme ; ils m’ont promis de le faire dès que l’excessive abondance des matières politiques le leur permettrait. Pour ce qui regarde le Conservateur littéraire, je vous supplie, monsieur, d’user de moi sans façon tant que je pourrai vous y être bon à quelque chose. Vous m’honorerez beaucoup en me traitant souvent en confrère. Lorsque vous souhaiterez y faire publier quelques annonces ou le compte rendu des séances de l’Académie, je puis vous assurer que vos désirs seront remplis et ce sera, de notre part, avec un bien véritable plaisir.

Mon frère Eugène, dont la santé est toujours inégale, me charge de vous présenter ses respects et de vous remercier de votre aimable et flatteuse invitation. Il a été bien contrarié de la maladie qui l’a empêché, cette année, de se présenter à vos concours, et il espère avoir recouvré assez de forces l’an prochain pour descendre dans la noble lice que vous lui avez ouverte. C’est aujourd’hui un devoir pour lui qu’il sera heureux de remplir, surtout s’il peut le remplir dignement.

Je ne saurais assez vous remercier de mon côté, monsieur, de l’obligeante attention que vous avez eue de m’envoyer la valeur du prix en lettre de change payable à Paris. Toutes les preuves de bonté que vous m’avez données jusqu’ici me touchent à un point que je ne puis vous exprimer. J’ai l’honneur de vous envoyer ci-inclus la déclaration que vous me demandez et de vous prier de me croire toujours, avec les plus vifs sentiments de respect et de gratitude, votre très humble et très obéissant serviteur.

V.-M. Hugo.

P. S. — J’ignore si les deux premières livraisons du tome II vous ont été remises exactement. Si cela n’était pas, je vous prierais de me le marquer dans la première lettre que vous me ferez l’honneur de m’écrire, et je vous

les ferais parvenir.

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