Monsieur Foucher, chevalier de la Légion d’honneur, Hôtel des Conseils de guerre.

Monsieur,

Je vous envoie le seul ouvrage de Walter Scott que nous ayons en ce moment. Votre billet m’a fait un vif plaisir. Vous pouvez garder ces livres jusqu’à mon retour (qui sera dans 8 ou 10 jours) car ils nous appartiennent. J’aurai l’honneur de vous en envoyer d’autres d’ici à mardi, jour de mon départ.

L’avenir, comme vous le dites fort bien, est très sombre ; en cas de révolution, je ne sais ce que je deviendrais. Je me reproche même de ne pas vous avoir montré la lettre que j’ai reçue il y a six mois, une menace de guillotine en vers, qui prouve sinon de l’esprit, du moins de l’animosité.

Je ne sais comment je l’ai méritée. Je vous l’envoie, parce que je ne vous ai entretenu jusqu’ici que de mon avenir en beau, il faut vous montrer également le revers de la médaille.

Dans un cas de révolution et de bouleversement, vous devez penser que je n’entraînerais personne dans mon malheur ; je serais consolé si ma conduite me méritait l’estime de celle que j’aime par-dessus tout, la vôtre, et celle des amis et ennemis.

Je serai toujours le même et mon attachement filial pour vous ne changera pas davantage.

Votre dévoué,

Victor.

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