À Madame Delon.

[Janvier 1822.]

Madame,

J’ignore si votre malheureux Delon est arrêté. J’ignore quelle peine serait portée contre celui qui le recèlerait. Je n’examine pas si mes opinions sont diamétralement opposées aux siennes. Dans le moment du danger, je sais seulement que je suis son ami et que nous nous sommes cordialement embrassés il y a un mois. S’il n’est pas arrêté, je lui offre un asile chez moi ; j’habite avec un jeune cousin qui ne connaît pas Delon. Mon profond attachement aux Bourbons est connu ; mais cette circonstance même est un motif de sécurité pour vous, car elle éloignera de moi tout soupçon de cacher un homme prévenu de conspiration, crime dont j’aime d’ailleurs à croire Delon innocent. Quoi qu’il en soit, veuillez, madame, lui faire parvenir cet avis, si vous en avez quelque moyen. Coupable ou non, je l’attends. Il peut se fier à la loyauté d’un royaliste et au dévouement d’un ami d’enfance.

En vous faisant cette proposition, je ne fais qu’accomplir un legs de l’affection que ma pauvre mère vous a toujours conservée. Il m’est doux dans cette triste circonstance de vous donner cette preuve du respectueux attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être, etc..

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