Au général Hugo.

Paris, 19 octobre 1822.

Mon cher papa,

C’est le plus reconnaissant des fils et le plus heureux des hommes qui t’écrit. Depuis le 12 de ce mois je jouis du bonheur le plus doux et le plus complet, et je n’y vois pas de terme dans l’avenir ; c’est à toi, bon et cher papa, que je dois rapporter l’expression de ces pures et légitimes joies, c’est toi qui m’as fait ma félicité ; reçois donc pour la troisième fois l’assurance de toute ma tendre et profonde gratitude.

Si je ne t’ai pas écrit dans les premiers jours de mon bienheureux mariage, c’est que j’avais le cœur trop plein pour trouver des paroles ; maintenant même tu m’excuseras, mon bon père, car je ne sais pas trop ce que j’écris. Je suis absorbé dans un sentiment profond d’amour, et pourvu que toute cette lettre en soit pleine, je ne doute pas que ton bon cœur ne soit content. Mon angélique Adèle se joint à moi ; si elle osait, elle t’écrirait, mais maintenant que nous ne formons plus qu’un, mon cœur est devenu le sien pour toi.

Permets-moi, en terminant cette trop courte lettre, mon cher et excellent papa, de te recommander les intérêts de mes frères ; je ne doute pas que tu n’aies déjà décidé en leur faveur, mais c’est uniquement pour hâter l’exécution de cette décision que je t’en reparle.

Adieu donc, cher papa, je me sépare de toi avec regret ; c’est pourtant une douceur pour moi que de t’assurer encore de l’amour respectueux et de l’inaltérable reconnaissance de tes heureux enfants.

Victor.

Mes deux frères t’embrassent tendrement. Mon beau-père et ma belle- mère ont été très sensibles à ta lettre ; je crois que M. Foucher te répondra bientôt ; il s’occupe des intérêts de mon oncle Louis au ministère de la Guerre.

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