Au général Hugo.

13 septembre 1823.

Mon cher papa.

Ta bonne et précieuse lettre pouvait seule nous consoler du départ de notre père et de notre fils. Les tendres soins que ta femme a prodigués durant la route à son pauvre petit-fils nous ont attendris et touchés profondément. Chaque jour nous prouve de plus en plus qu’elle a pour nous ton cœur, et c’est un témoignage qu’il m’est bien doux de lui rendre.

Mon Adèle depuis ton départ n’est pas sortie ; il lui est venu au pied un petit bobo fort incommode qui l’empêche de marcher et la fait même par intervalles assez vivement souffrir. Elle supporte ce nouvel ennui avec l’égalité d’humeur que tu lui connais, mais moi j’en suis bien attristé pour elle.

Je reçois à l’instant une lettre du colonel qui me charge des plus tendres amitiés pour toi et je t’en envoie sous ce couvert une autre du major.

Malgré tout mon désir de prolonger cette lettre, il faut la terminer ici ; ma femme qui a beaucoup de choses à dire à la tienne me demande le reste de mon papier. J’espère que Léopold continue à se bien porter. Présente mes affectueux hommages à sa grand’mère ; embrasse pour moi son oncle Paul et dis-moi si depuis son voyage ses yeux se sont agrandis à force de s’ouvrir. Abel et moi t’embrassons tendrement.

Ton fils dévoué et respectueux,

Victor.

Je tâcherai de te donner des nouvelles de notre Eugène dans ma prochaine lettre.

Le cachet de cuivre dont tu verras l’empreinte sur cette lettre, est terminé. Il est fort beau. Celui d’acier, qui demande plus de temps, me sera bientôt remis par le graveur. Il ne veut pas faire l’écusson colorié à moins de 12 francs. J’attends tes instructions à cet égard. Marque-moi de même par quelle voie il faudra t’envoyer le cachet d’acier. Adieu encore, bon et cher papa.

Share on Twitter Share on Facebook