Mon cher papa.

Mon cher papa,

Ton absence nous prive d’une des joies les plus vives que nous ayons éprouvées dans la félicité de notre union, celle de te voir. Il nous semble que maintenant le mois qui nous donnera un enfant sera bien heureux, surtout parce qu’il nous rendra notre père. Eugène reviendra aussi, et reviendra sûrement content et guéri.

Notre oncle Francis vient de passer quelques jours ici avec sa femme, et c’est ce qui nous a empêchés de t’écrire plus tôt. Nous avons fait connaissance avec notre tante, qui paraît heureuse, et semble spirituelle et aimable. Francis est aussi fort heureux ; il a été plein d’affection et de tendresse pour nous, et a bien regretté que tu ne fusses plus à Paris.

Ma femme continue à se porter aussi bien que sa situation le permet. J’ai appris avec peine et joie tout à la fois, que tu avais été souffrant et que tu étais guéri. Nous te prions de féliciter également ta femme sur le rétablissement de sa santé, dont nous parle notre excellent Eugène.

M. Lebarbier m’a écrit : je lui répondrai ; je n’ai rien encore de définitif à lui mander.

On m’avait parlé il y a quelque temps d’une pension de 3 000 francs, qui m’aurait été accordée sur le ministère de l’Intérieur. Je n’en entends plus parler ; si cette bonne nouvelle se confirme, je m’empresserai de te le mander, certain que notre bon père y prendra bien part.

Adieu, cher et excellent papa, tout le monde ici t’aime et t’embrasse, comme ton fils tendre et respectueux,

Victor.

Ce mercredi, 5 mars.

Nos hommages à notre belle-mère.

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