Monsieur le comte François de Neufchâteau, de l’Académie française.

15 novembre 1824.

Monsieur le comte,

Vous avez peut-être oublié mon nom ; mais moi jamais je n’oublierai la bienveillance avec laquelle vous avez bien voulu accueillir mes premiers essais. C’est de cette bienveillance que j’ose aujourd’hui vous demander une preuve qui, pour ne m’être pas personnelle, ne me sera pas moins chère.

Un fauteuil est vacant à l’Académie française ; je n’ai certes pas la prétention de dicter un choix à un goût aussi sûr que le vôtre : je me permettrai seulement d’appeler votre attention sur un célèbre candidat, qui est mon ami et dont je vous ai vu il y a quelques années admirer les premières poésies ; c’est vous nommer Alphonse de Lamartine.

M. de Lamartine s’empressera d’aller lui-même briguer votre suffrage et je ne doute pas qu’il ne l’obtienne par son seul mérite de votre impartialité si bienveillante et si éclairée ; mais je serais heureux d’avoir été pour quelque chose dans votre favorable détermination. Ce serait, monsieur le comte, ajouter une nouvelle et bien vive reconnaissance à toutes celles que vous doit déjà

Votre très profondément dévoué

Victor Hugo.

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