1824.

Au général Hugo.

Mon cher papa,

Remercie, de grâce, M. de Féraudy de sa trop aimable lettre qui nous a apporté un mot de toi. Dès que j’aurai quelques détails des opérations de l’Académie, je m’empresserai de lui en faire part, et je désire bien vivement qu’ils soient conformes à ses justes espérances.

Il me paraît d’après ton apostille d’ailleurs si pleine de tendresse et de bonté, que tu n’as pas encore reçu mes nouvelles rapsodies. Pourtant le libraire Ladvocat s’était chargé de te faire passer un exemplaire sur vélin, sur lequel j’avais écrit un mot ; mande-moi si tu l’as reçu.

Je t’écris encore aujourd’hui provisoirement entre deux courses indispensables et, je t’assure, fort ennuyeuses. Il n’y a rien pour absorber toute une vie comme la publication d’un méchant livre.

M. de Clerm.-Tonn, avec qui j’ai déjeuné avant-hier, m’a chargé de t’écrire que M. le duc d’Angoulême lui a parlé de toi et de tes Mémoires qu’il a lus avec le plus haut intérêt, et qu’il regrettait que tu n’eusses pas été employé dans la dernière guerre d’Espagne.

Je n’oublie pas, cher papa, les dernières commissions dont tu m’as chargé ; ma prochaine lettre t’en annoncera l’accomplissement. Ma femme avance dans sa grossesse sans se porter aussi bien que je le voudrais ; nous ne sommes cependant pas inquiets ; mais tout en m’affligeant, je ne puis m’empêcher d’approuver la défense que lui ont faite les médecins d’aller en voiture. Cela nous prive d’un bien grand bonheur que nous nous promettions pour le printemps ; mais qui, nous l’espérons, n’est que retardé de six mois.

Adieu, cher papa ; nous t’embrassons tendrement mon Adèle et moi, ainsi que ton excellente femme.

Ton fils dévoué et respectueux,

Victor.

Le 27 mars 1824.

Tout le monde ici se porte bien.

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