À Lamartine.

Paris, 25 mai 1826.

Je vous ai écrit il y a déjà quelque temps, mon cher Lamartine, en vous envoyant un nouveau roman que je viens de publier et qui s’appelle Bug-Jargal. Mais vous n’étiez sans doute plus à Florence quand ma longue lettre y sera parvenue. Je vous y rappelais en outre la promesse que vous nous faisiez à Saint-Point, cet heureux jour que nous y passâmes près de vous, de donner votre nom et vos vers à notre Album de quatre voyageurs, en dédommagement de votre absence forcée. Aujourd’hui tout est prêt pour la publication de ce livre, la prose de Nodier et mes vers ; il ne lui manque plus que sa plus belle parure, et c’est de vous que nous l’espérons.

Notre libraire commun, Urbain Canel, a l’occasion d’aller à Dijon et se charge de vous remettre cette lettre. Répondez-moi, je vous prie, un mot qui me dise comment vous vous portez, comment vont votre femme et votre charmante fille, si vous viendrez bientôt à Paris, et si vous nous porterez quelques belles méditations sur les montagnes. Quant à ce dernier point, ne vous gênez pas surtout. Quelque précieuse que soit pour nous votre coopération, notre amitié ne veut être ni importune, ni exigeante.

Je vous envoyais encore dans mon paquet pour Florence l’ode que je vous ai adressée en réponse à votre charmante épître, et qui ouvre le nouveau recueil que je vais publier. C’est une sorte de dédicace de tout le recueil. Venez, de grâce, la chercher à Paris. Elle paraîtra dans un mois.

Adieu, mon illustre ami, répondez-moi vite, et souvenez-vous toujours que rien n’égale mon admiration pour votre talent, si ce n’est ma tendre amitié pour votre personne.

Victor.

Ma femme se recommande au souvenir amical de madame de Lamartine. Mille respects de ma part.

À Monsieur Henri de Latouche.

3 août [1826].

Je reçois une lettre qui m’étonne fort de votre part, mon cher monsieur de Latouche. Je n’y réponds même que parce que vous étiez autrefois mon cher Latouche, et que j’espère que cette réponse pourra amener une réparation que je ne puis m’empêcher de désirer.

Je ne connais plus personne au Drapeau Blanc. Je ne connais de Z. que celui qui m’injurie assez agréablement au Journal des Débats.

Pour moi, je m’embarrasse aussi peu des apologies que des insultes, et la plupart du temps, je ne lis ni éloges ni diatribes.

Voilà les explications que je veux bien donner à notre ancienne amitié. Je suis fâché pour vous que vous les ayez jugées nécessaires.

Victor.-M. Hugo.

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