À Victor Pavie.

Paris, 17 juillet 1828.

Vous êtes en droit de m’en vouloir, mon poëte, car depuis les longues semaines que vous nous avez quittés, comment ai-je répondu à votre correspondance, à votre charmante lettre, et à cette autre correspondance imprimée qui m’a apporté tour à tour votre bel article de la Ronde du Sabbat, les remarquables strophes sur Smarra, et enfin l’excellent morceau sur le Faust des deux grands poëtes, Gœthe et Delacroix.

Ne me croyez pas pourtant, cher ami, aussi coupable que je le parais. J’ai des épreuves à corriger, des visites à recevoir, de gros livres à lire, des affaires à suivre ; j’ai écrit, ce mois-ci, trois lettres à des notaires et avoués. Jugez quelle fatigue il y a dans tout cela ! Et puis, la meilleure raison, c’est que je suis paresseux. Vous êtes indulgent, vous, et vous voudrez bien m’aimer comme cela, et penser qu’entre les lettres de Lamartine, de l’abbé de Lamennais, de Chateaubriand, les vôtres sont encore de celles auxquelles je réponds le plus vite. Vous occupez-vous, comme vous me l’avez promis, de la petite maison gothique près d’Angers ? De grâce, envoyez-moi, dans votre prochaine lettre, des détails sur cette affaire, si pourtant vous voulez toujours de moi qui veux toujours de vous.

Sainte-Beuve vient de publier son livre, qui est excellent. Boulanger va vous envoyer sa Saint-Barthélemy, qui est magnifique. Vous voyez que Paris pense à Angers.

Adieu, adieu. Paul se plaint de la rareté de vos lettres. Il a raison : elles sont rares de toutes manières. Adieu. Mille choses de nous tous à vous tous.

V. H.

Share on Twitter Share on Facebook