À Charles Nodier.

26 octobre 1833.

Si je n’étais pas enfoui dans le troisième dessous d’un théâtre, quelle joie j’aurais, mon bon Charles, à vous aller serrer la main, et à jeter mon manteau sous vos pieds en criant Hosannah, comme les autres. C’est une gloire qui entre à l’Académie, chose rare ! Aussi voilà que nous applaudissons l’Académie, chose non moins rare !

Je suis vraiment heureux de vous voir là. Je vous aime bien, croyez-le.

Victor.

À Alexandre Dumas.

2 novembre [1833].

Il y a encore plus de faits contre moi, mon cher Dumas, que vous n’en devinez ou que vous n’en supposez. L’auteur de l’article est un de mes amis ; c’est moi qui ai contribué à le faire entrer aux Débats. L’article m’a été communiqué par M. Bertin aîné, aux Roches, il y a environ six semaines. Voilà les faits à ma charge. Les faits à ma décharge, je ne vous les écrirai pas ; je veux que vous fassiez pour moi ce que je faisais pour vous il n’y a pas deux jours, c’est-à-dire que vous les supposiez, ou que vous les deviniez.

N’oubliez pas, cependant, que vous seriez le plus injuste et le plus ingrat des hommes si vous croyiez un seul instant que je n’ai pas été pour vous, en cette circonstance, un bon et sincère ami.

Je ne vous en écris pas davantage parce que, dans cette occasion, ce n’est pas moi qui vous dois une justification, mais vous qui me devez un remerciement. Mais je vous dirai tout quand vous viendrez ; dix minutes de causerie éclairciront mieux les choses que dix lettres.

Ne croyez pas de moi ce que je ne croirais pas de vous.

Victor Hugo.

P. S. — Je vous réserve deux stalles pour la première représentation de Marie Tudor. En voulez-vous davantage ?

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