À Mademoiselle Louise Bertin.

Ce 22 novembre 1833.

Mademoiselle,

Comme je vous l’avais dit, mon premier moment de liberté d’esprit a été pour vous. Voici vos prescriptions remplies. Vous verrez que j’ai été d’une exactitude janséniste. Ne jugez pas ces bouts rimés trop sévèrement. J’ai écrit ces vers entre Harel et Renduel, deux tristes ailes pour un Pégase quelconque.

Renduel s’est chargé de vous faire parvenir l’exemplaire de Marie. L’avez-vous reçu ? Il va sans dire que Armand a le sien, n’est-ce pas ? Vous seriez bien bonne de me faire savoir si MM. Janin et Béquet ont chacun le leur. Je les ai bien recommandés à Renduel.

Je vous écris sur mon genou, sur un affreux chiffon de papier, de ma chambre où je n’ai ni table, ni encre, ni plumes, heureux que je suis d’y oublier la nuit que je passe le jour à écrire.

Je vous adresse cette lettre à Paris, pensant que vous n’êtes peut-être plus aux Roches. Ma pauvre Didine est un peu moins laide depuis quelques jours. Je vous l’amènerai un de ces après-midi, ainsi que ma femme qui vous aime bien.

Si Didine savait que je vous écris sans elle, elle ferait un beau train.

Dédé continue d’être très occupée des vaches et des paons des Roches. Les vaches surtout ont laissé une trace lumineuse dans son esprit. Je vous assure qu’elle parle très bien et qu’elle écrit mieux que moi.

À bientôt, mademoiselle, j’espère que toutes les santés qui vous sont chères, et à moi aussi, vont bien, et je mets à vos pieds bien humblement mes méchants vers et ma bonne amitié.

Victor H.

Share on Twitter Share on Facebook