À Sainte-Beuve.

10 mars [1833].

Il faut, mon ami, que je vous écrive un mot pour Abel. L’animosité de M. Buloz contre moi retombe sur lui. M. Buloz avait fait avec lui une convention dans laquelle j’avais servi d’intermédiaire, et qui avait déterminé Abel à refuser les offres qu’on lui faisait d’autre part. Aujourd’hui M. Buloz juge à propos d’éluder ou de rompre cette convention… Je n’ai rien à lui dire. Mais vous seriez bien bon, vous, mon cher Sainte-Beuve, de lui parler...

Voyez si tout souvenir des services passés n’est pas éteint dans l’esprit de M. Buloz. De cette affaire dépend tout l’avenir entre lui et moi. Je juge les hommes une bonne fois et tout est dit.

J’irai vous chercher, mon ami. J’irai causer avec vous de cela et de tant d’autres choses pour lesquelles j’ai besoin de vos conseils et de votre amitié. Votre amitié est encore un des meilleurs endroits de ma vie. Je n’y songe jamais qu’avec attendrissement. Je relisais l’autre jour les Consolations. Où est-il ce beau passé ? Ce qui ne passe pas, c’est un souvenir comme le vôtre dans un cœur comme le mien. Adieu, croyez bien que je n’ai jamais été plus digne d’être aimé de vous.

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