Au roi Joseph.

Paris, 27 février 1833.

Sire, je profite pour vous répondre de la première occasion sûre qui se présente. M. Presles, qui part pour Londres, veut bien se charger de remettre cette lettre à Votre Majesté. Permettez-moi, sire, de vous traiter toujours royalement. Les rois qu’a faits Napoléon, selon moi, rien ne peut les défaire. Il n’y a pas une main humaine qui puisse effacer le signe auguste que ce grand homme vous a mis sur le front.

J’ai été profondément touché de la sympathie que Votre Majesté m’a témoignée à l’occasion de mon procès pour le Roi s’amuse. Vous aimez la liberté, sire ; aussi la liberté vous aime. Permettez-moi de joindre à cette lettre un exemplaire du discours que j’ai prononcé au tribunal de Commerce. Je tiens beaucoup à ce que vous le lisiez autrement que dans le compte rendu, toujours inexact, des journaux.

Je serais bien heureux, sire, d’aller à Londres, et d’y serrer cette royale main qui a tant de fois serré la main de mon père. M. Presles dira à Votre Majesté les obstacles qui m’empêchent en ce moment de réaliser un vœu aussi cher ; il faut, pour qu’ils m’arrêtent, qu’ils soient insurmontables. M. Presles vous dira une partie de ce que je vous dirais, sire, si j’étais assez heureux pour vous voir. J’aurais bien des choses de tout genre à vous dire. Il est impossible que l’avenir manque à votre famille, si grande que soit la perte de l’an passé. Vous portez le plus grand des noms historiques.

À la vérité, nous marchons plutôt vers la république que vers la monarchie ; mais à un sage comme vous, la forme extérieure du gouvernement importe peu. Vous avez prouvé, sire, que vous saviez être dignement le citoyen d’une république. Adieu, sire ; le jour où il me sera donné de presser votre main dans les miennes sera un des plus beaux de ma vie. En attendant, vos lettres me rendent fier et heureux.

V. H.

Share on Twitter Share on Facebook