À Victor Pavie.

Paris, 25 juillet [1833].

Personne ne me comprend donc, pas même vous, Pavie, vous que je comprends pourtant si bien, vous dont l’âme est si élevée et si bienveillante ! Cela est douloureux pour moi !

J’ai publié, il y a six semaines, un article dans l’Europe littéraire. Lisez le paragraphe qui se termine par Deus centrum et locus rerum. Vous aurez ma pensée. Commentez-la en vous-même dans mon sens. Je crois que cela modifiera vos idées actuelles sur moi.

Le théâtre est une sorte d’église, l’humanité est une sorte de religion. Méditez ceci, Pavie. C’est beaucoup d’impiété ou beaucoup de piété, je crois accomplir une mission...

Je n’ai jamais commis plus de fautes que cette année, et je n’ai jamais été meilleur. Je vaux bien mieux maintenant qu’à mon temps d’innocence que vous regrettez. Autrefois, j’étais innocent ; maintenant, je suis indulgent. C’est un grand progrès. Dieu le sait. J’ai auprès de moi une bonne et chère amie, cet ange qui le sait aussi, que vous vénérez comme moi, et qui me pardonne et qui m’aime. Aimer et pardonner, ce n’est pas de l’homme, c’est de Dieu, ou de la femme.

Certes, vous avez bien raison de dire que vous êtes mon ami. À qui écrirais-je ainsi ?

Allez ! je vois bien clair dans mon avenir, car je vais avec foi, l’œil fixé au but. Je tomberai peut-être en chemin, mais je tomberai en avant. Quand j’aurai fini ma vie et mon œuvre, fautes et défauts, volonté et fatalité, bien et mal, on me jugera.

Aimez-moi toujours ; je vous serre dans mes bras.

V. H.

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