À Monseigneur le duc d’Orléans.

Prince,

Votre Altesse Royale accueillera-t-elle la prière d’un inconnu pour un inconnu ? Je n’ose l’espérer ; cependant je croirai avoir rempli mon devoir de conscience en essayant.

Voici une lettre qui m’arrive. Elle est mêlée à une foule d’autres qui me demandent aide et secours, à moi pauvre et inutile poëte. Celle-ci m’a ému et intéressé entre toutes. Je n’en connais pas le signataire. Mais si les faits sont vrais (et le ton de sincérité de la lettre me porte à le croire), ils méritent attention. C’est un père qui supplie pour son fils ; c’est un vieux professeur qui supplie pour ses livres. Je renvoie cette lettre à Votre Altesse Royale ; Qu’elle me pardonne cette liberté. Nous sommes dans un moment où chacun met au jour son ambition, j’y mets la mienne aussi. Elle se borne à tâcher de faire un peu de bien, chétivement et obscurément, et à aider ceux qui en font de leur côté avec puissance et éclat. Le bien plaît à votre noble cœur ; il est toujours possible à votre haute fortune. Vous êtes de ceux qui le veulent et de ceux qui le peuvent. Il est tout simple qu’on s’adresse à vous.

À Monseigneur le duc d’Orléans.

Prince,

J’ai rempli les intentions bienfaisantes de Votre Altesse Royale. Qu’elle me permette de déposer à ses pieds le reçu du pauvre vieillard qu’elle a daigné secourir. La reconnaissance qu’il me charge d’exprimer à Votre Altesse Royale est sans borne. La mienne n’est pas moins profonde. Le gracieux empressement avec lequel Votre Altesse Royale a accueilli mon obscure recommandation m’a pénétré jusqu’au fond du cœur. J’en garderai le souvenir.

Après avoir porté le bienfait au suppliant, je rapporte aujourd’hui la reconnaissance au bienfaiteur. Ce rôle est plein de douceur pour moi. Simple témoin dans cette affaire, j’ai pu voir avec quelle grâce Votre Altesse Royale pratique la plus humble comme la plus haute de toutes les vertus, la charité. Aujourd’hui, prince, Votre Altesse Royale recueille le fruit de sa bonne action, le dévouement d’un infortuné. Vous êtes heureux, il est reconnaissant. Et moi je participe à la fois des deux sentiments. Je ne suis pas moins heureux que vous, ni moins reconnaissant que lui.

Inédite. Communiqué par la librairie Conard. Lucrèce Borgia, dont la première représentation eut lieu le 2 février. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Scénario de la Esmeralda. Directeur de l’Opéra. Planche connut Victor Hugo en 1828 et, tout de suite, Victor Hugo le recommanda, l’aida de toutes façons, ce qui n’empêcha pas Gustave Planche, pour ses débuts dans la critique (l’Artiste, 1830), de malmener fort le poète. Il fut l’un des plus acharnés détracteurs de Victor Hugo. Cette lettre de Planche n’a pas été retrouvée. Dans l’article, fort malveillant d’ailleurs, que Planche consacra à Lucrèce Borgia (Revue des Deux Mondes, 15 février 1833), rien ne peut se rapporter au texte de ce billet. Dans le même numéro, Sainte-Beuve qui rédigeait, sans la signer, la Chronique littéraire, constate « ce beau et véritable succès de Lucrèce Borgia ». Dans une lettre (25 février) en réponse au billet de Victor Hugo, Sainte-Beuve dit que dans la chronique il s’était arrêté « là où il y aurait eu contradiction évidente entre l’article et la chronique ». Archives Spoelberch de Lovenjoul. Buloz aurait dit à Abel Hugo qu’il partageait l’avis de G. Planche sur Lucrèce Borgia, et que, d’ailleurs, Sainte-Beuve avait lu l’article de Planche et l’avait approuvé. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Réponse à la lettre du roi Joseph, 3 janvier 1833, publiée dans le Roi s’amuse. Revue de la critique, Édition de l’Imprimerie Nationale. La mort du roi de Rome. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Directeur-gérant du Théâtre-Français. Nous ne trouvons pas trace de cette tragédie ; Esquiros publia en 1834 un volume de vers, les Hirondelles ; mais il abandonna bientôt la poésie pour la politique ; ses écrits socialistes lui valurent plusieurs condamnations. De Sainte-Pélagie, il adressa à Victor Hugo de nombreuses lettres qui démontrent l’intérêt que le poète portait au prisonnier. Il devint représentant du peuple en 1848 et fut exilé au coup d’état. Il a laissé des études historiques et philosophiques assez oubliées. Archives de la Comédie-Française. Article intitulé l’Empereur et le Poëte et publié dans le Feuilleton d’Angers, 17 mars 1833. Harel, ancien préfet des Landes pendant les Cent jours, exilé par les Bourbons, s’enfuit à Bruxelles et devint en 1828 régisseur du théâtre royal. Gracié par Charles X, il rentra en France et prit la direction du théâtre de la Porte Saint-Martin. C’est là que fut créée, le 2 février 1833, Lucrèce Borgia. Il s’était élevé un dissentiment entre Harel et Victor Hugo au sujet du drame : Marie Tudor, que l’auteur refusait au directeur. De là un échange de correspondance (nous n’avons pas les premières lettres de Victor Hugo) ; le dernier billet de Harel (30 avril) concluait : « J’attends donc une réparation. Faites-moi savoir quand et où vous voulez me la donner ». C’est cette dernière lettre que Mme Victor Hugo avait ouverte. - Harel fit des excuses et le duel n’eut pas lieu. Brouillon. Archives de la famille de Victor Hugo. « ... J’ai lu dans l’Europe votre article sur le style… Il y a une ou deux pensées qui ne m’ont pas convaincu, celle sur le drame et son rôle en ce temps : vous savez que c’est là un de mes aveuglements et de mes doutes. Et une autre qui m’a paru trop sévère, quoique si bien dite, sur la politique et les rapports de l’art avec elle. » (6 juin 1833. Gustave Simon. Lettres de Sainte-Beuve à Victor Hugo et à M me Victor Hugo. Revue de Paris, 15 janvier 1905.)
L’article sur le style, publié dans l’Europe littéraire du 29 mai 1833, fut inséré l’année suivante dans Littérature et Philosophie mêlées.
Archives Spoelberch de Lovenjoul. Inédite. Collection Louis Barthou. Réimprimé à la fin de la Préface de Littérature et Philosophie mêlées. L’Europe littéraire, 17 juillet 1833. Article reproduit dans Littérature et Philosophie mêlées, appendice. Édition de l’Imprimerie Nationale. — À la suite d’une vive altercation avec quatre statuaires, dont étaient David et Pradier, Thiers, alors ministre du Commerce, avait annulé les commandes faites aux quatre sculpteurs par son prédécesseur. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Sainte-Beuve avait répondu le 21 août : « ... Je n’ai pas de peine à comprendre de quelles paroles il s’agit puisque je les ai réellement dites et que Boulanger, ou tel autre, à qui j’ai parlé froidement et longuement sur ce point, a pu vous redire sans malveillance ce qui était dit sans colère ». Puis Sainte-Beuve s’étend longuement sur des attaques personnelles et intimes dirigées contre lui dans l’Europe littéraire (10, 15 et 26 juillet 1833) et qui, croit-il, semblent inspirées par Victor Hugo. Le dernier de ces articles est signé Louis de Maynard, ami de Victor Hugo. La conclusion de cette longue lettre assez confuse est une rupture voilée sous cette formule finale : « ... je reste et resterai, autant que qui que ce soit, votre dévoué ami ». — Gustave Simon. Lettres de Sainte-Beuve à Victor Hugo et à M me Victor Hugo. Revue de Paris, 15 janvier 1905. 'Archives Spoelberch de Lovenjoul. Cette lettre de Sainte-Beuve n’a pas été retrouvée. Marie Tudor. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Marie Tudor. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Ces deux lettres n’ont pas été retrouvées. La 1re représentation de Marie Tudor eut lieu le 6 novembre 1833. Archives Spoelberch de Lovenjoul. On répétait Marie Tudor au théâtre de la Porte Saint-Martin. Charles Nodier avait été reçu à l’Académie le 24 octobre 1833. Granier de Cassagnac avait publié, dans le Journal des Débats du 1er novembre, un article très hostile à Dumas ; il l’accusait d’avoir plagié Schiller, Gœthe, Racine, et de s’être inspiré du 4e acte d’Hernani pour son drame Christine. Dumas, furieux, écrivit Victor Hugo : « ... Je dois avouer que je ne comprends pas que, lié comme vous l’êtes avec monsieur Bertin, un article où il est question de vous et de moi passe sans vous être communiqué ; j’ai donc la conviction que vous connaissiez l’article. … Je n’aurais jamais souffert qu’un article passât dans un journal où j’aurais eu l’influence que vous avez aux Débats, contre, je ne dirai pas mon rival, mais mon ami. »
Victor Hugo répondit aussitôt par la lettre ci-dessus.
Vers pour le livret de la Esmeralda. Armand Bertin, second fils de Bertin l’aîné, prenait une part active à la direction du Journal des Débats. Béquet, critique littéraire, publiait dans le Journal des Débats un feuilleton hebdomadaire signé R. Lettres aux Bertin. Inédite. Jules Lacroix. Le 17 novembre une lettre ouverte au Rédacteur du Journal des Débats, signée de Granier de Cassagnac, déclarait Victor Hugo absolument étranger à son article du 1er novembre. Bibliothèque de l’Arsenal. Sainte-Beuve avait écrit la veille à Victor Hugo : « … Je voudrais bien causer un de ces soirs avec vous, et pour cela, que vous dîniez avec moi au même rendez-vous que la dernière fois ou ailleurs. Vous seriez bien bon de me dire un de ces jours de la semaine prochaine où vous pensiez être libre. Moi, je le serai toujours. » Gustave Simon. Lettres à Victor Hugo et à M me Victor Hugo. Revue de Paris, 15 janvier 1905. En tête de l’exemplaire, cette dédicace : « À mon cher et excellent ami Sainte-Beuve ». Archives Spoelberch de Lovenjoul. Des mémoires de Mirabeau et de l’Étude de M. Victor Hugo à ce sujet. — Revue des Deux Mondes, 1er février 1834. Cet article, plus hostile à Victor Hugo qu’élogieux, parle « des succès fatigués de ses derniers drames », constate « ce qu’il y a de faussé dans sa puissance », et conclut : « Nous regrettons un certain souffle moral que nous n’avons nulle part senti circuler ». Archives Spoelberch de Lovenjoul. Dans cette lettre (6 février) Sainte-Beuve, tout en détendant son « attitude sévère et judicatrice... qui s’adresse à beaucoup d’autres : Lerminier, Michelet lui-même, etc.», proteste de son amitié « à qui j’ai dû tant de bonheur, à qui j’en devrai tant encore... ». Gustave Simon. Lettres de Sainte-Beuve à Victor Hugo et à M me Victor Hugo, Revue de Paris, 15 janvier 1905. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Cette lettre n’a pas été retrouvée. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Cette phrase fait supposer qu’une nouvelle lettre de Sainte-Beuve (au lieu du rendez-vous demandé le 2 avril) était parvenue à Victor Hugo. Dans sa réponse, qui consomme la rupture définitive, Sainte-Beuve répète les mots employés par Victor Hugo : « Je n’ai pas de temple et ne méprise personne. Vous avez un temple ; évitez-y tout scandale ». Cette lettre est datée : « Ce dimanche ». Donc elle est du 6 avril. — Gustave Simon. Lettres de Sainte-Beuve à Victor Hugo et à M me Victor Hugo. Revue de Paris, 15 janvier 1905. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Antony Thouret, avocat, républicain ardent, se jeta dans l’opposition sous Louis-Philippe et devint rédacteur-gérant du journal la Révolution de 1830 ; ses articles lui valurent plusieurs condamnations ; de Sainte-Pélagie il écrivit en 1831 à Victor Hugo ; il fut enfermé de nouveau à Douai. Pendant ses nombreuses captivités il composa plusieurs romans. Élu représentant du peuple en 1848, il fut exilé au coup d’état. Alors ministre du Commerce. Voir page 465. Collection de M me Aubry-Vitet. Copie annotée par Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Élisa Mercœur, poète, avait adressé, le 8 mai 1834, au duc de Bassano une lettre désespérée, elle demandait un secours qui, le 15 juin, comme la lettre de Victor Hugo en témoigne, n’avait pas encore été accordé. Copie. Archives de la famille de Victor Hugo. Liszt, compositeur et pianiste hongrois, a laissé des œuvres célèbres et jouées dans le monde entier. Le 31 mai Liszt, alors Bernay, avait écrit à Victor Hugo pour l’engager à venir passer une huitaine de jours avec lui « pour parcourir une grande partie de la Normandie. Nous partirions ensemble, et je reviendrais avec vous. Ce seraient vraiment des jours de fête pour moi ! Nous marcherions du matin au soir, votre santé s’en trouverait bien… Dans un mois au plus tard je vous retrouverai place Royale. — Vous aurez fait quelque chef-d’œuvre d’ici là… » Le Figaro littéraire, 24 mai 1930. Archives de la Famille royale de Victor Hugo. Copie faite par Mme Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Lettres publiées par Gustave Simon. Victor Hugo, le duc et la duchesse d’Orléans. Revue de Paris, 15 novembre 1906. Brouillon. Archives de la famille de Victor Hugo.

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