À Lamartine.

14 mai 1838.

Vous avez fait un grand poëme, mon ami. La Chute d’un ange est une de vos plus majestueuses créations. Quel sera donc l’édifice si ce ne sont là que les bas-reliefs ! Jamais le souffle de la nature n’a plus profondément pénétré et n’a plus largement remué, de la base à la cime et jusque dans les moindres rameaux, une œuvre d’art.

Je vous remercie des belles heures que je viens de passer tête-à-tête avec votre génie. Il me semble que j’ai une oreille faite pour votre voix. Aussi je ne vous admire pas seulement du fond de l’âme, mais du fond du cœur ; car, lorsqu’on chante comme vous savez chanter, produire c’est charmer, et, lorsqu’on écoute comme je sais écouter, admirer c’est aimer.

À vous donc, ex imo pectore !

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