À Madame Victor Hugo.

Namur, 2 septembre 1840.

Chère amie, je suis à Namur et je t’envoie les premières pages du Journal de mon voyage. Je te l’enverrai désormais sous cette forme, car de cette façon je pourrai faire dans mes lettres la séparation que tu désires entre ce qui est le voyage et ce qui est nous. Ce sera donc un pur et simple Journal auquel je joindrai toujours une lettre pour toi. Je vais partir pour Liège et de là pour Cologne. Écris-moi et dis à mes chers petits de m’écrire avec l’adresse mise ainsi : M. le V te Hugo, à Mayence, poste restante. Surtout pas de prénom, je t’ai expliqué pourquoi.

Je songe à vous tous bien tendrement, à toi, mon Adèle. J’espère que vous allez tous bien à Saint-Prix et que ton bon père se trouve toujours à merveille de ce bon air et de cette belle campagne.

Je recommande à mes chers enfants ainsi qu’à toi de m’écrire de bien bonnes et bien longues lettres. J’en ai besoin plus que jamais en voyage. La nature est charmante, mais la famille l’est plus encore.

Ne laisse lire ces feuilles de mon Journal à personne qu’à la famille. Je serai charmé qu’elles t’amusent et t’intéressent un peu, ainsi que ton père. Si par hasard il y a quelqu’un d’étranger à Saint-Prix, même un ami intime, je te recommande bien de ne pas laisser lire ce Journal. Je t’en ai dit autrefois les inconvénients. Adieu, chère amie, je vous embrasse tous cent fois, mes bien-aimés, et je ne pense qu’à vous.

V.

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