À Monsieur Almire Gandonnière.

31 juillet 1842.

Je connais votre nom, monsieur, et j’aime votre talent, prose et vers. Tout ce que vous faites part du cœur. Or le cœur est la grande source, fons aquarum.

Vous avez raison de louer ce prince : il méritait la louange du poëte. C’était un noble cœur et un charmant esprit. Il avait, entre autres dons rares, les deux grandes qualités que doit avoir un roi de notre siècle : l’intelligence de soi-même et l’intelligence d’autrui.

À Léopoldine.

Paris, ce 18 août [1842].

Merci, ma fille chérie, ma Didine bien-aimée, de ta bonne petite lettre. Écris-moi ainsi tous les jours. J’ai été bien heureux de savoir que mon Toto respirait l’air de là-bas à pleine poitrine. Voici un petit dessin que je lui envoie pour l’en remercier. Dis-lui pourtant de se ménager beaucoup, de ne pas se fatiguer, de ne pas tousser, de rentrer de bonne heure. Dis aussi tout cela à ta bonne mère que Toto doit aimer comme un ange. Embrasse-la bien pour moi ainsi que mon Charlot et ma Dédé.

Ton petit père,

V.

Il m’est survenu, comme président de l’Institut, un petit travail qui me cloue ici. Dès que je serai libre j’irai tous vous voir et vous embrasser ; j’en ai le désir autant que vous, mes bien-aimés.

Embrasse aussi pour moi ma chère Julie. Mille hommages à mesdames

Collin.

À Léopoldine.

Ce mercredi, 31 août [1842].

Je reçois avec bien de la joie, ma fillette chérie, toutes les bonnes nouvelles que tu me donnes. Ta mère est rétablie de sa petite indisposition ; mon Toto va de mieux en mieux. Dieu soit loué ! J’ai bien redouté Saint-Prix, je le bénis maintenant.

Je ne pense pas pouvoir aller vous embrasser là-bas avant vendredi, et encore il faudra que je m’en retourne le lendemain de bonne heure. Je présume que j’arriverai avec M. H. Didier qui m’a écrit pour me le demander. Ta mère trouvera sans doute moyen de le coucher.

Remercie, je te prie, mesdames Collin, en attendant que je le fasse moi-même. Je sais qu’elles sont bonnes, mais je suis doublement touché quand leur bonté se répand sur vous. Embrasse pour moi ton excellente mère sur les deux joues, et puis Charlot et Dédé, et Julie. Voici une petite lettre pour mon Toto, dont le bonhomme est charmant. Toi, ma fille chérie, je t’embrasse comme je t’aime, bien tendrement.

V.

Soigne-toi bien aussi, toi. Prends garde à tes maux de tête. Mange bien, ris bien, amuse-toi bien. Chers enfants, votre santé à tous est mon bonheur.

À Léopoldine.

Voici, mon enfant chérie, un petit mot pour Toto. J’ai bien peur que mon travail ne m’empêche de vous aller voir avant les premiers jours de la semaine qui vient. Cela me fait plus de peine encore qu’à vous. Tu sais, vous savez tous que mon bonheur est d’être au milieu de vous, mes enfants. Il me faut bien du courage pour rester ici quand vous êtes là-bas.

Embrasse ta bonne mère pour moi, ma fillette bien-aimée. Dis à mon gros Charlot que, puisqu’il dessine, il ait soin de toujours dessiner d’après nature, lentement et soigneusement et fidèlement. C’est le moyen d’arriver un jour à faire vite et sûrement. Dis à ma Dédé qu’elle pense un peu à moi quand Gipon et Gipus le lui permettront. Surtout amusez-vous bien tous là-bas, portez-vous bien, et soyez heureux. — J’espère que dans cinq ou six jours je trouverai Julie coiffée en chinoise ; en attendant embrasse-la bien pour moi.

Excuse-moi près de mesdames Collin de n’être pas allé les voir la dernière fois, et offre-leur tous mes respects. Et puis, chère enfant, toutes ces commissions faites, prie ta mère de t’embrasser pour moi ; elle seule peut le faire aussi tendrement.

Ton petit père,

V.

Ce mercredi, 7 septembre [1842].

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