À Monsieur F. Marbeau, membre du Comité de la statue du maréchal Brune.

Mars 1844.

Excusez-moi, monsieur, d’avoir tant tardé à vous écrire ; j’avais les yeux fort malades au moment où votre lettre m’est parvenue, et je tenais à vous répondre de ma main.

Maintenant, ma réponse, la voici. J’avais quatorze ans et j’étais un pauvre petit écolier imprégné de je ne sais quel esprit de parti quand j’ai fait l’absurde et cruel vers dont vous vous plaignez si légitimement. Ce vers, je l’ai jugé comme vous, plus sévèrement encore que vous.

Il n’a jamais été imprimé dans aucune édition de mes œuvres. Il est resté dans la petite brochure violente et oubliée d’où je regrette qu’une mémoire malheureuse l’ait momentanément tiré.

Vous pouvez faire, monsieur, de ma réponse ce qu’il vous plaira. Plus que personne je plains et j’honore l’illustre maréchal Brune. Depuis près de vingt ans toute haine patriotique, tout préjugé de faction a disparu de mon esprit. Quand j’étais enfant, j’appartenais aux partis. Depuis que je suis homme, j’appartiens à la France.

Je vous remercie, monsieur, d’avoir provoqué cette explication ; je vous la donne avec empressement et joie.

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