À Aux membres du Congrès de la Paix, à Londres.

Paris, 21 octobre 1849.

Messieurs,

Votre honorable invitation m’a vivement touché. Si j’ai tant tardé à vous répondre, c’est que j’espérais jusqu’au dernier moment pouvoir me rendre à votre pressant appel. Malheureusement, la gravité des circonstances politiques est telle, que les représentants du peuple ne peuvent déserter leur poste à l’Assemblée nationale, ne fût-ce que pour quelques jours. Les débats qui s’engagent peuvent à chaque instant nous réclamer et nous appeler à la tribune.

C’est un profond regret pour moi. J’eusse été heureux de serrer à Londres toutes ces mains si fraternelles et si cordiales qui voulaient bien chercher la mienne à Paris ; j’eusse été heureux d’élever de nouveau la voix au milieu de vous pour cette sainte cause qui triomphera, n’en doutez pas ; car elle n’est pas seulement la cause des nations, elle est la cause du genre humain ; elle n’est pas seulement la cause du genre humain, elle est la cause de Dieu.

Quoique loin, je serai parmi vous, je vous entendrai, je vous applaudirai, je m’unirai à vous. Comptez sur moi de loin comme de près. Tous les efforts de ma vie tendront à ce grand résultat : la concorde des peuples, la réconciliation des hommes, la paix ! Nous avons tous ici la ferme et ardente foi qui assure le succès ; dites-le, je vous prie, au nom de vos amis de France à nos amis d’Angleterre.

Recevez, messieurs, l’assurance de mes sentiments les plus fraternels.

Victor Hugo.

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