À Brofferio.

Paris, 7 août 1851.

Cher et éloquent confrère,

J’ai bien tardé à vous répondre ; mais vous savez quelles tempêtes nous avons traversées. La république, la démocratie, la liberté, le progrès, tous les principes et toutes les réalités du dix-neuvième siècle ont été remis en question, le mois passé. Il a fallu, huit jours durant, défendre cette grande brèche et repousser l’assaut furieux du passé se ruant sur le présent et sur l’avenir.

Dieu aidant, nous avons vaincu. Les vieux partis ont reculé, et la révolution a fait en avant tous les pas qu’ils ont faits en arrière. Vous savez déjà toutes ces bonnes nouvelles, mais c’est une joie pour moi de vous les redire, à vous, Brofferio, qui portez si haut et si fièrement le drapeau du peuple et de la liberté dans le Parlement du Piémont.

Cher collègue, — car nous sommes collègues : outre le mandat de nos patries, nous avons le mandat de l’humanité, — cher et éloquent collègue, je vous remercie pour le courage que vous me donnez, je vous félicite pour les progrès que vous accomplissez, et je serre vos deux mains dans les miennes.

Share on Twitter Share on Facebook