À Michelet.

Samedi, 29 mars 1851.

J’ai bien souffert jeudi, mon éloquent et cher collègue, souffert d’entendre dire de telles choses à la tribune et souffert de n’y pouvoir répondre. Un mal plus fort que ma volonté me retenait cloué à mon banc.

La liberté de pensée a été bâillonnée dans votre personne, la liberté de conscience a été destituée dans la personne de M. Jacques ; la philosophie, la science, la raison, l’histoire, le droit, les trois grands siècles d’émancipation : le seizième, le dix-septième et le dix-huitième, ont été niés, le dix-neuvième siècle a été affronté, tout cela a été acclamé par le parti qui est maître de la majorité, tout cela a été soutenu, expliqué, commenté, glorifié deux heures durant, par un M. Giraud qui est, m’a-t-on dit, votre confrère et le mien à l’Institut, tout cela a été fait et dit par le ministre qui représente l’enseignement de France à cette tribune qui est l’enseignement du monde ! Je suis sorti honteux et indigné.

Je vous envoie ma protestation ; je voudrais l’envoyer à toute cette noble et généreuse jeunesse qui vous aime et vous admire et qui m’avait fait l’honneur de me choisir pour vous défendre et pour la défendre.

Je joins à ceci mes effusions les plus cordiales.

V. H.

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