À Auguste Vacquerie.

Bruxelles, 11 mars [1852].

Vos lettres, cher Auguste, n’ont qu’un défaut. Elles sont rares. Nous les lisons avec joie, et il nous semble vous entendre. Une lettre de vous est une poignée de main.

Vous avez bien raison quant à cette annonce de D. César. Je n’y comprends rien. M. Carpier ayant Frédérick, je lui avais dit que le jour où j’écrirais D. César, il l’aurait, mais qu’avant tout, j’entendais ne rentrer dans la publicité que par le livre du 2 Xbre. Mon premier acte doit être un acte politique. Si vous croyez utile de faire faire la rectification, jugez la chose et faites.

Ma femme a dû vous parler du cautionnement. Il serait, je crois, utile de le retirer. Reparaître est impossible. Qu’en pensez-vous ?

Nous passons notre vie ici à parler de vous tous. Vous êtes personnellement, vous Vacquerie, très aimé et très populaire parmi tous nos proscrits. Le jour où vous serez libre et où vous nous arriverez, toutes les mains se tendront vers vous, et tous les cœurs.

J’espère que vous travaillez là-bas. Charles me dit que vous faites un drame. Qui écrira des drames, si ce n’est vous ? Avec quoi salera-t-on si ce n’est avec le sel ? Je suis convaincu qu’actuellement, toutes les conditions qui étaient contre vous sont pour vous, et que vous auriez un immense succès. In carcere musa, disait Catulle. Faites sortir la muse de la Conciergerie.

Vous me parlez d’une dédicace qui a fait un fort mauvais effet. Voici ce que les journaux d’ici en disent :

Ils auraient dû ajouter : Auguste Vacquerie et Paul Meurice sont en prison.

Vous savez finir vos lettres par quatre charmants vers ; moi, je suis englouti sous la prose, et je ne puis que vous envoyer nos meilleures amitiés à Charles et à moi. Mon livre avance. Je l’intitulerai : 'Faits et gestes du 2 décembre. Le titre est insolent, et me plaît. En outre, il me permet mille petits détails familiers. Vous savez que c’est ainsi que j’aime l’histoire.

Ex imo.

V.

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