À Hetzel.

Jersey, 15 août [1852].

Êtes-vous de retour à Bruxelles, mon cher confrère et coopérateur ? Vous alliez vers le Rhin quand nous allions vers Jersey. Nous sommes arrivés, êtes-vous revenu ? Je vous écris un peu au hasard, pensant que cette lettre vous parviendra toujours.

J’ai écrit quatre fois à M. Tarride. Il ne m’a pas encore répondu. Je le suppose très occupé. Vous seriez bien aimable de le voir, et de me renseigner sur les points que voici : — Où en est l’impression de Nap.-le-Petit ? Où en est la vente ? — Où en est l’impression des Œuvres oratoires ? Quant à cette dernière publication, il faudrait faire après l’Assemblée législative une division intitulée Congrès de la Paix, et y mettre les deux discours que vous avez dans la brochure verte. Mandez-moi par quelle voie je pourrai vous faire parvenir les Notes. — Où en est notre publication de France ?

Je puis avoir un volume de vers, les Contemplations, prêt dans deux mois. Cette fois, y aurait-il moyen de faire une affaire à Bruxelles ? Qu’en pensez-vous ? Croyez-vous que la librairie Méline me ferait une offre acceptable ? Vous seriez bien aimable de tâter un peu le terrain et de me répondre un mot à ce sujet, car selon votre réponse, j’achèverais le volume ou j’écrirais le roman pour me débarrasser de Gosselin.

J’ai déjà envoyé à M. Tarride quelques corrections pour la réimpression de Nap.-le-Petit. — p. 197 (de l’édit. in-18), il faudrait ajouter : ce Delangle entre ce Baroche, ce Troplong, lignes 21 et 22.

Je n’ai pas encore reçu mes 15 exemplaires. Y a-t-il un transit pour les livres pour l’Angleterre ? En ce cas, il faudrait les envoyer par là. S’il n’y a pas de transit, il faudrait prendre la voie de Rotterdam pour Guernesey. M. Philippe Folle, libraire de Jersey qui demande 250 Nap-le-Petit, indique la voie et le procédé dans sa lettre à M. Tarride. Aurez-vous la bonté de vous en occuper ? Ici on attend le livre avec impatience. S’il y en avait eu mille à l’apparition de l’ouvrage, ils eussent été vendus dans l’île seulement. Il faudrait profiter de ce bon moment.

Vous voyez que je n’hésite pas à vous occuper et même à vous ennuyer de mes affaires. C’est qu’elles sont un peu les vôtres, et puis prenez-vous-en à votre bonne et parfaite amitié qui encourage l’indiscrétion.

Cette île est charmante, la mer et les rochers sont magnifiques, j’admire tout cela, mais par moment, je songe à vous tous, et je me prends à regretter le ruisseau de la rue de la Fourche.

Je vous serre les deux mains.

Victor Hugo.

À Jersey, simplement. Toutes les lettres m’arrivent. Demain nous nous installons 3, Marine-Terrace ; Charles et moi nous nous remettrons à travailler. Mettez-moi aux pieds de votre charmante femme.

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