À Hetzel.

18 novembre [1852].

Je fais en ce moment un volume de vers qui sera le pendant naturel et nécessaire de Napoléon-le-Petit. Ce volume sera intitulé : Les Vengeresses. Il contiendra de tout, des choses qu’on pourra dire, et des choses qu’on pourra chanter. C’est un nouveau caustique que je crois nécessaire d’appliquer sur Louis Bonaparte. Il est cuit d’un côté, le moment me paraît venu de retourner l’empereur sur le gril. Je crois à un succès au moins égal à celui de Nap.-le-Petit. À présent, que me conseillez-vous ? Impossible de publier cela en Belgique, la loi Faider-Brouckère étant donnée ; on imprime ici à très bon marché. Qu’en diriez-vous ? Croyez-vous que Tarride pourrait recevoir à Bruxelles les ballots d’exemplaires fabriqués ici et les vendre secrètement ou ostensiblement selon la situation faite par la loi ? Dans ce cas-là, jugeriez-vous à propos de refaire entre vous, lui et moi pour les Vengeresses le même traité que pour Nap.-le-Petit ? Si c’était là votre avis, il serait nécessaire d’en causer. Est-ce que vous ne pourriez pas venir me voir une semaine à Jersey ? Je vous offrirais un coin dans ma cabane au bord de la mer. D’ici rien de plus facile, je vous l’ai déjà écrit, que d’inonder la France du livre. Le volume des Vengeresses (environ 1 600 vers) sera fini dans trois semaines ou un mois. Plus mince que Nap-le-Petit, coûtant moins de fabrication, on le vendrait meilleur marché, et on le clicherait. Répondez-moi sur tout ceci.

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