À Madame Victor Hugo.

Vendredi 27 février.

M. Coste de l’Événement te portera ce mot. Chère amie, il est bien heureux, il te verra, il vous verra tous.

J’ai été un peu souffrant ces jours-ci, travaillant toujours, sortant peu, ne faisant presque pas d’exercice, moi qui marchais tant autrefois ; cela m’a indisposé. J’ai eu de la fièvre deux ou trois jours, mais c’est fini. Je vais bien.

Nous faisons toujours Charles et moi un doux et paisible ménage. S’il se mettait de lui-même et sérieusement à travailler, je serais presque heureux ici, si ce mot heureux peut être prononcé quand tu n’es pas là, chère et noble bien-aimée, quand vous n’êtes pas là, mes chers enfants, quand vous êtes absents, vous tous qui êtes ma vie et ma joie !

Nous vivons l’œil tourné vers Paris, attendant tes lettres, chère amie, attendant un gros paquet de la Conciergerie. Il pleut, il fait froid, c’est le carême, on est seul. Nous avons bien besoin d’un rayon de soleil. Il dépend de vous de nous l’envoyer.

Dis à Victor, dis à Auguste, dis à M. et Mme Paul Meurice que nous parlons d’eux sans cesse, Charles et moi. Hier, à la table d’hôte des proscrits, Charles a dit des vers d’Auguste qui ont fait pouffer de rire l’exil. C’est Madame Revel remplacée par Philippe le Bel. Tu dois savoir cela.

Embrasse-les tous de ma part, même les hommes, et surtout les femmes.

Ceci n’est qu’un mot pour vous dire bonjour. J’interromps mon travail et je le reprends. Embrasse deux fois mon Victor-Toto et mon Adèle-Dédé .

Share on Twitter Share on Facebook