À Gustave Flaubert.

Marine-Terrace, 28 juin [1853].

Puisque vous ne voulez pas de remerciements, monsieur, savez-vous comment je vous prouverai ma reconnaissance ? par mon indiscrétion. Voici un nouveau paquet pour Mme C. Permettez-moi d’y joindre, pour vous, mon portrait ; c’est un ouvrage de mon fils, fait en collaboration avec le soleil. Il doit être ressemblant. Solem quis dicere falsum audeat ? Vous, y retrouverez la bague dont vous me parlez dans votre gracieuse lettre. J’ai gardé le souvenir de cet hiver de 1844 et de ces soirées chez Pradier. Une partie de tout cela est mort, mais vit au fond de mon âme ; je suis heureux que votre souvenir y soit mêlé, car vous êtes maintenant pour moi un ami.

Je ne puis m’expliquer quelle est l’intention du bon Dieu en nous ôtant, à nous, exilés, le soleil, cet été ; peut-être fera-t-il compensation en nous ôtant Bonaparte cet hiver. Si cela est, que ce mystérieux tout-puissant soit loué !

Je vous serre cordialement la main, monsieur.

Victor Hugo.

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