À Gustave Flaubert.

Marine-Terrace, 15 9bre [1853].

Comment vous remercier, monsieur ?

En abusant. Que voulez-vous ? C’est M. Bonap. qui vous vaut toutes ces lettres et toute cette peine. Ajoutez ce grief aux autres.

Voici notre hiver commencé. Un brouillard gris est sur la mer. Je regarde les voiles qui passent à l’horizon et je songe aux choses charmantes que vous m’en dites. Ce sont les oiseaux de l’eau ; je leur souris comme Pétrarque aux colombes ; Pétrarque disait : parlez de moi à ma maîtresse. Je leur dis : parlez de moi à ma patrie.

Excusez cette forme sauvage, je fais de ma lettre l’enveloppe pour que le paquet ne soit pas trop gros. Est-ce que vous voulez toujours bien transmettre cette lettre à Paris ?

Je vous envoie cette chanson encore inédite, extraite du volume, maintenant imminent. Cela sera intitulé Châtiments.

Er puis, comme Luther mourant je dis : gigas fio, et j’en profite pour

vous serrer la main par-dessus la mer.

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