À Michelet.

Hauteville-House, 15 juin [1856].

Ex imo. Merci. C’est beau, ce livre La vie y est profonde, la religion y souffre, l’humanité y palpite ; on y sent l’homme et Dieu. Je vous lis dans cette île peuplée par tous les exilés, où les celtes chassés ont précédé les huguenots bannis et où les huguenots bannis ont précédé les démocrates proscrits ; j’y retrouve, dans cette sombre formation, toutes les couches de la misère humaine, les expatriés, les excommuniés, les déshérités. Tout cela est aussi dans votre livre. Et quelle sympathie ! Et quelle tendresse ! Et quel cœur ! Vous êtes l’historien bon ; vous jetez sur cette douloureuse humanité d’immenses rayons d’âme. Un de ces rayons vient jusqu’à moi. Je vous remercie de la clarté, et encore plus de la chaleur. Cher grand esprit, si doux, je vous aime.

Victor Hugo.

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