À Paul Meurice.

17 juin [1856].

Voici mes paroles à l’Italie. Je vous envoie le texte, plus la traduction qu’en ont donnée les journaux anglais. Vous savez les cris que cette chose a fait pousser aux journaux de M. Bonaparte. Je vous envoie les réflexions de deux journaux belges, la Nation et le National, à ce sujet. Ce ne sont que des échantillons de l’émotion produite. Elle a été grande, et je crois qu’elle sera bonne. Du reste, voici l’histoire : Mazzini m’a écrit pour me prier de lui donner un coup de main quant à l’Italie. J’ai répondu en ajournant, doutant que je puisse être utile, moi étranger, moi français, parlant aux italiens. Mazzini a insisté par une lettre si pressante, me répondant de l’effet que je produirais sur l’Italie (il la représente en effet), m’adjurant au nom de la question européenne et de la révolution, etc. — que, mis en demeure, je n’ai pas dû refuser plus longtemps. J’ai bien fait. Mazzini a traduit en italien mon appel à l’Italie. Cela a paru dans l’Italia e Popolo à Gênes, la chose se réimprime sous le manteau, et fait un chemin du diable dans le grand souterrain italien. J’ai crié : Agitez-vous ! et voici la réplique qui m’arrive à l’instant même. Je coupe ces trois lignes dans un journal :

PIÉMONT.

On lit dans le Risorgimento de Turin :

Les nouvelles d’Italie peuvent se résumer en une seule phrase : L’Italie s’agite. De l’Etna au Tessin tout fermente, et la Péninsule est en ébullition.

Si vous saviez comme on souffre dans cette pauvre Italie, et que de choses terribles on en raconte ! Quand finira l’épreuve des peuples ? Je me sens saigner par toutes leurs blessures.

Serez-vous assez bon pour faire envoyer chez Mme d’Aunet (par laquelle ce billet vous arrivera) un exemplaire des Contemplations destiné à M. Dupotet qui m’a envoyé son très curieux livre sur le magnétisme. Vous savez que j’ai droit à 25 exemplaires de l’édition actuelle. Ce sera donc à prendre sur ceux qui me reviennent. — Nous passons notre temps ici à parler de vous et à vous espérer. — Je vous embrasse.

tuus.

À George Sand.

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