À Schœlcher.

Hauteville-House, 12 janvier [1857].

Vos lettres, cher ami, sont toujours des joies dans notre groupe auquel vous manquez, et où votre place est restée vide. Je vous envoie un mot pour notre excellent ami Eugène Sue. Je bats des mains à sa guerre au catholicisme, je vais même plus loin que lui, car je crois que le christianisme a fait son temps. Le vêtement même de Luther est trop étroit pour les fils de la Révolution.

Vous ne devez rien comprendre à cette avalanche de stamps que contient ma lettre. Explication : un proscrit pauvre appelé Collet a ouvert une souscription à Londres où il demeure. Il a envoyé une liste ici. Personne (vu la pauvreté de tous) n’a souscrit, si ce n’est un proscrit qui a donné 1 franc et moi qui ai ajouté 5 francs, — cela fait six francs. Je vous les envoie en stamps. Aurez-vous la bonté de faire parvenir les stamps ou l’argent à M. Collet dont voici l’adresse : M. Collet, 40, Graci Church Street — chez M. Barbet.

Pardon et merci.

Je n’ai plus que la place d’un tendre serrement de main.

Victor Hugo.

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