À François-Victor.

15 août [1859].

Cher enfant, voici les dix jours demandés en une traite de sept livres 7 sch. 10 pence représentant les 185 fr. et payable à l’ordre de ta mère chez Samuel Dobrée.

Je suis heureux, mon enfant bien-aimé, que tu te trouves bien à Londres, que tu y aies dépisté un bouquin californien, que tu y serres la main de notre grand historien Louis Blanc, que tu y fasses la joie de ta mère et de ta sœur, et que ton cher petit estomac y aille à merveille. Revenez tous en joie et en santé et Hauteville-House rayonnera.

Lefèvre va écrire à Londres pour le ticket. Charles ou moi te ferons savoir la réponse.

Quant au bric-à-brac, si tu trouves quelque chose d’horriblement splendide et d’horriblement bon marché, tu peux acheter. Tu sais à peu près ce qui convient à la maison et ce qui peut la compléter. Quant à moi, je suis debout sur un quadrige composé des Chansons des rues et des bois que je fais, de la Légende des Siècles que j’imprime, du drame Torquemada que je rêve, et de Mauger que j’éperonne. Je mène ces quatre monstres à grandes guides. Mauger rue un peu, mais ne se soucie pas de rentrer à l’écurie. En somme, ces dames trouveront la maison, sinon finie, du moins finissante ; elles assisteront à l’agonie de Mauger et au trépas de Jean. — Je t’embrasse bien tendrement, cher fils, et bien tendrement ta mère et ta sœur.

V.

J’ai vu la queen qui est venue hier. C’est une bonne face de bourgeoise rougeaude. L’accueil a été froid, vu le dimanche, qu’elle violait. Elle a salué la foule du côté où j’étais. Comme je rends toujours le salut à une femme, j’ai soulevé le bord de mon chapeau. J’ai été le seul. — Comment va Auguste ? Est-il toujours à Villequier ? Meurice est admirable pour La Légende des Siècles.

Share on Twitter Share on Facebook